Le résultat des tests était tombé ce matin. Le risque de récidive était bien là, mais pour le moment, tous les indicateurs étaient au vert. 

Le cancer qu'elle avait déclenché un an auparavant avait été corriace. Un cancer qui lors de sa découverte, était déjà métastasé. 

Un matin devant le miroir, une boule située entre la naissance des seins et les aisselles l'avait surprise. Une petite boule qui ne payait pas de mine, mais dont la dureté, elle l'avait senti, n'était pas anodine. Elle qui était en pleine forme, elle qui, selon les dires des gens ne "faisait pas son âge", et qui avait toujours fait de son mieux pour ne pas malmener son petit corps de femme, son petit véhicule terrestre qu'elle remerciait assez souvent de l'avoir emmenée si loin dans la vie... Oh non, elle ne l'avait pas vu venir ! 

Une boule qui bientôt allait devenir une boule au ventre, lorsqu'elle franchissait pour la première fois de sa vie la porte du service d'oncologie de l'hôpital Purpan. 

Elle ne comprenait pas vraiment ni ne cherchait à décrypter cette feuille emplie de chiffres, de virgules et de termes compliqués. C'est plutôt qu'elle la tenait fermement, comme lorsque l'on s'agrippe aux extrémités d'un pont pour ne pas tomber. Oui, elle s'agrippait à ce qui faisait office de preuve que tout allait désormais bien, qu'elle était redevenue une personne normale, une personne saine. Et même si ses trous de mémoire et son crâne chauve semblaient pour le moment dire le contraire, cette feuille, elle, ne mentait pas. "Tous les indicateurs étaient au vert". Voilà le mantra auquel cette feuille ramenait, noir sur blanc. 

Elle se le répéterait autant de fois qu'il le faudrait pour maintenir vive la flamme de l'espoir, et peut-être, un jour, comme une bougie peut en allumer une autre, guérir. 

 - I read your report last night, Sir... The numbers and cases that you relate are astonishing. Do you really think that a flu epidemic is raging in our battalion ? However, we were assured that all the conditions were in place to fight in the best conditions...

- With your respect my commander, who told you that ?

- The division general, and he was formal... 

- However, your men are all already very weakened, Sir. I would even say that they are vulnerable.

- Vulnerable ? But what do you mean ?

- What I mean is that your men are not working in decent conditions. They sleep in makeshift tents which do not properly protect them from the cold, so they are perpetually exposed to the elements. And then with all due respect, they are not properly fed. This obviously creates deficiencies, whether in terms of rest for the body or vitamins. However, this has been going on for months. Ultimately, we can fear a real deficiency of the immune system which can go as far as anemia.

- Anemia ? What's that ? 

- A lower than normal level of hemoglobin in red blood cells.

- And what can it do ?

- Anemia occurs when there is not enough hemoglobin in the body to carry oxygen to organs and tissues.

- I don't see any connection with the flu ?

- A poor diet and lack of rest can lead to anemia in the long term...

- Are you criticizing the new rationing policy decided by the general, here ?

- I wouldn't allow myself. I just wanted to draw your attention to...

- Listen, you're starting to annoy me, Perkin ! So do your job as a doctor and take proper care of those wounded in combat so that they can at least one day reunite with their families, even with one leg missing... It will always be a bargain ! Your stories about the immune system are a bit of a tall tale, we have other priorities ahead ! And then I remind you that you are supposed to put them back on their feet when possible and quickly !

- But sir, what should we do when a 19-year-old develops sepsis right after injuring himself with a knife while cutting an apple ? Can you tell me ? And I don't even have the required treatments to stop the process anymore. It seems that I'm undergoing rationing too, sir.

The commander in question stared at him. How dare he bring up all these abstract medical concepts that he knew nothing about ? And yet, it seemed that this flu story was taking on a certain magnitude...




 Son corps était massif. Des muscles, oui, il en avait mais pas que, puisqu'une sorte de bouée de graisse enveloppant sa taille lui donnait chaud, et des allures de gros ours mal léché. 

Quant à son torse, il n'était pas particulièrement poilu, mais cependant extrêmement large. La taille de son corps enfin en imposait aussi. Et son visage impassible dissimulé derrière d'épais hublots achevait de le rendre impressionnant. Cela tombait bien car c'est ce qu'il voulait : impressionner son monde pour garder le contrôle. Encore et toujours garder le contrôle sur ses conquêtes, afin qu'elles ne s'aventurent pas trop loin sur le terrain des émotions. Car les sentiments amoureux, c'est dangereux, vous voyez. 

Son corps dégageait une odeur légèrement âpre qui rappelait un peu celle d'un fauve. Cette légère odeur de transpiration qui pointe toujours son nez après l'amour, ou plutôt le coït, lorsque le mâle a achevé son mouvement de va-et-vient, sa gysmnastique sexuelle. 

Une légère odeur de transpiration qui se mélangeait désormais à l'eau de cologne bon marché dont il avait cru bon de s'asperger au beau milieu de la nuit, dans un ultime effort pour garder le contrôle sur l'expression naturelle, animale de son propre corps. 

Le mélange était assez détonnant, et lui rappelait un peu des petites boutique snapolitaines remplies de bibelots et de porcelaines défraïchies qu'on essayait tant bien que mal de mettre en valeur à l'aide quelque napperon de dentelle. 

 HAIKU : 


Respirer la rose

Parfum sucré

Une épine dans le coeur


The station was empty. Through the lens of the telescope, he was losing his gaze in the immensity of the cosmos.

Yes, the rational approach was there. He had always been a valiant soldier in the service of astronomy, astrophysics and their big sister, mathematics. To tell the truth, he had never had to put any undue effort into this. The equations had always been solved in one fell swoop in his full noggin. Full of digital landscapes, synesthetic landscapes where the numbers were tinged with colors and even... Emotions.

He just had to walk through these mental landscapes, real daydreams that he used to have, front of the whiteboards in the university study rooms, and that was it.

Let's say it, yes. He literally dreamed up the answers. Or rather, he gave birth to it through the sensations the numbers gave him. These units, these entities whose vibrations he felt. Sometimes he visualized geometric figures that represented them. It was because in his mind, the numbers were transfigured.

Yes, the rational mind was there. But it was only a matter of translation, only of transcription. Everything before and after was just imagination.

He was losing his gaze in the immensity of the cosmos and it nourished him. He could already, even without willing to, project himself into the digital field of possibilities.

 Les étés chez tante Annie étaient les plus longs du monde. Je traînais dans la grande maison, sans rien qui puisse contenter la petite fille de 10 ans que j'étais... Pas de poupée, pas de jeux, et les enfants du quartier qui me trouvaient bizarre et d'une mode passée. Parfois même, ils m'agressaient. 

Bref, je m'ennuyais dans cette maison. Je tournais en rond, traînant, trottinant dans le parc alentour, le soleil se reflétant à travers les feuillages des arbres au grès des allées et venues du vent. Cet arrêt sur imaes pouvait durer longtemps... Le temps d'un après-midi, avant que mon père ne vienne me récupérer après le travail. 

Et voici qu'un jour je fis la connaissance d'Harry Potter et de son monde à l'envers, qui faute de mieux, devint le mien... Un monde où les règles étaient toutes différentes. Je vivais ainsi les fantasmes qui couraient dans ma cervelle de gamine en hyperactivité cérébrale par procuration. Toujours mieux que le vide sidéral de cette grande maison où l'on ne parlait que pour mieux se cacher derrière les mots. 

Iic, les mots me téléportaient dans un ailleurs où presque tout était possible et je découvrais ainsi à travers eux la nécessité d'une respiration de l'esprit qui s'enfuit, qui s'en fout. 

Mais qu'est-ce qui avait encore, une fois de plus, titillé ma curiosité ? Qu'est-ce qui m'avait encore une fois poussé à fouiner dans ce trou sans fin, cet enfer de complexité qui avait pourtant tout de repoussant et d'effrayant par son caractère tout simplement insoluble et... Etrange ? 

What the hell was it that had piqued my curiosity once again ? What had pushed me once again to rummage in this endless hole, this maze of complexity which nevertheless had everything repulsive and frightening in its simply insoluble and... Strange nature ?


L'affaire avait été classée sans suite voici des années de cela et étant arrivé en bout de course dans ma carrière de flic d'une obscure agence fédérale de l'Iowa, on ne m'avait pas confié de nouvelle affaire, mais plutôt mis au placard, sous prétexte de me ménager un peu... Je connaissais bien la chanson, oui. On l'avait déjà chanté aussi à d'autres collègues qui avaient voulu faire la lumière sur des choses dérangeantes comme des conflits d'intérêt, de l'abus de faiblesse ou même des phénomènes que je jugeais au moins inexpliqués, si ce n'est paranormaux. 

The case had been dismissed years ago and having reached the end of my career as a cop in an obscure federal agency in Iowa, I hadn't been given a new case, but rather brushed under the carpet, under the pretense of sparing myself a little... Yes I know the drill. They already did it to other colleagues who wanted to shed light on embarrassing things like conflicts of interest, abuse of weakness or even phenomena that I considered at least unexplained, and if not paranormal.


Ces vieux compères eux aussi avaient été mis au placard bien avant moi, avec soit-disant pour consigne de s'occuper d'un dossier non-élucidé jugé d'un seul coup d'un seul digne d'intérêt. En ce qui me concerne, on m'avait clairement donné le choix, pourvu que je sois tennu éloigné des dossiers brûlants et que je ne fasse pas de vagues. Qu'à cela ne tienne, j'avais choisi le cas dit "Elephant man", où il était question d'un abus. D'un abus sexuel qui était le fait d'un être... Un peu spécial. 

These old friends had also been brushed under the carpet long before me, with supposedly instructions to deal with an unresolved case suddenly deemed worthy of interest. As far as I was concerned, I was clearly given the choice, as long as I was kept away from hot issues and didn't make waves, so to speak. No matter, I chose the so-called “Elephant man” case, where there was question of abuse. Of sexual abuse which was the work of a being... A bit special.


D'après les dires de la victime, dont vraissemblablement le corps contenait des traces d'emphétamine et d'héroïne au moment du témoignage, le coupable en question se trouvait être pourvu d'une tête d'éléphant et aurait pris la fuite sitôt l'acte perpétré... Or, il s'était avéré après auscultation de la victime qu'elle avait bien été pénétrée au niveau de l'appareil génital, acte qu'elle aurait été capable de s'administrer "seule" au moyen d'un objet préviu à cet effet. 

According to the victim, whose body probably contained traces of amphetamine and heroin at the time of the testimony, the culprit in question happened to have the head of an elephant and would have fled as soon as act perpetrated... However, it turned out after examining the victim that they had indeed been penetrated in the genital area, an act that they would have been capable of administering "alone" by means of 'an object intended for this purpose.


Le mystère résidait dans le fait qu'elle avait aussi été pénétrée au niveau de l'anus par semblerait-il rien de ce qui pouvait s'apparenter... A quelque chose d'humain. Des traces de coups de pinces de crabe ayant été repérées sur la peau entourant l'anus ainsi qu'à l'intérieur de l'anus lui-même, au vu des différentes lésions constatées. 
La victime, durant l'interrogatoire, plutôt fermée et peu explicite, ne s'était pas répandue en détails. Elle s'était en fait contenté de bredouiller les mots "tête", "éléphant" ainsi que "poil"... Les enquêteurs ayant reconstitué les pièces du puzzle par eux-mêmes. 
Il semblerait que la victime ait été tant saisie par la peur au moment où elle découvrit l'apparence physique de son agresseur qu'elle en avait perdu l'usage de la parole. 

The mystery laid in the fact that they had also been penetrated in the anus by, it seemed, nothing that could be compared... To something human. Traces of blows from crab claws having been spotted on the skin surrounding the anus as well as inside the anus itself, given the various lesions observed.
The victim, during the interview, rather closed and not very explicit, didn't elaborate on it in detail. They had in fact just stammered the words "head", "elephant" as well as "hair"... The investigators having put the pieces of the puzzle together by themselves.
It seems that the victim was so overcome by fear when they discovered the physical appearance of their attacker that they lost the ability to speak.

 Chère boulangère de mon quartier, 


Je voulais aujourd'hui prendre la plume pour nous remémorer, 

Lorsque je suis allé chercher une brioche la semaine passée, 

Ce fameux instant de flottement, 

Où tu m'as lancé un "bonjour Monsieur", un peu sensuel, 

Un "bonjour Monsieur" qui avait quelque chose de tendre et de charnel, 

Pour ensuite faire volte-face, tout, tout dans ton comportement, 

A changé du tout au au tout lorsque tu as découvert, 

Cachés sous mon tee-shirt, des petits seins menus qui faisaient la paire. 

Toi qui partie dans un élan était prête à me servir ma brioche, et plus si affinités

Je me souviendrai toujours de ton sourire déçu de petite poupée. 

Petite poupée attendant le prince charmant. 

Un prince sans seins, bien sûr, un prince bien sous tout rapport. 

Un prince beau, intelligent, dans la fleur de l'âge et dans l'essor

Un prince fumant. 

Et c'est lorsque je répondis, dévoilant une voix clairement féminine, 

Que s'assombris encore un petit peu plus ta mine.

Une relation que tu avais dores et déjà condamnée.

Condamnée aux représentations idéalisées

D'une société nourrie aux Walt Disney. 


TÉMOIGNAGE INVENTÉ DE NINA, PROSTITUÉE A PARIS.

" Chaque fois qu'on m'demande comment j'en suis arrivée là, j'réponds toujours un peu la même chose... Je vais pas dire que l'endroit où j'travaille c'est la panacée, mais au moins, je suis sûre de pouvoir rester dans cet appart'. 

Vous savez, garder un appart' à Paris, c'est pas une mince affaire. Si tu payes pas, tu dégages, c'est pas comme en province. Y a une grosse mafia, même pendant la trêve hivernale, faut pas croire ! J'veux dire, quand vous êtes pas en logement social, parce que les logements comme ça merci, j'ai peut-être pas été élevée au caviar mais faut pas déconner, j'aime pas les racailles, surtout en tant que meuf blanche ! 

Mon parcours, bah c'est simple. 18 ans, mon père voit que je vais plus au lycée, pas d'avenir, une bonne à rien pour lui. Il me dit que si je suis pas contente, j'ai qu'à dégager. Ca faisait déjà un moment qu'il voulait me foutre dehors t'façon, j'le sentais. Mais moi je l'ai pris au mot, le daron, en 2 temps 3 mouvements j'étais barrée. Barrée la fifille, j'avais pas besoin de leur pitié et de leur argent. 

J'ai fait mon sac, j'ai fraudé le train et de là, arrivée à la gare du Nord, j'ai fait tous les bars. Avec 30 euros sur moi, j'pouvais pas espérer tenir plus de 2 nuits, même à Barbès. Et encore, c'était à l'époque, ça, j'suis plus de première fraîcheur ! 

Du coup j'ai commencé par un bar turc. La cuisine, enfin si on peut appeler ça comme ça, j'me rappellerai tout le temps... Une odeur si infecte que j'ai pas pu rester, même pour un remplacement... Et le bar juif près de Montmartre, la clientèle était bonne mais très peu pour moi l'exploitation !

C'est là que je suis tombée sur cette a,nnonce d'hôtesse, dans un journal gratuit... A l'époque, le bar était beaucoup plus sombre, c'est c'qui m'avait frappée. Les tapisseries, rouge sang, le lustre super bas avec sa lumière opaque... Bref, même moi la petite campagnarde de 19 ans, je sentais bien que c'était un bar à part... Comme si tout était fait pour rendre tout ce petit monde méconnaissable, car il y en avait du monde à l'intérieur, même en peline après-midi par un beau soleil ! Bizarre, tout de même, je me disais... 

Mais je me rappellerai toujours la tête de Miranda, la gérante du truc, en regardant ma bouille et mon corps pas encore bien formé de haut en bas, comme si elle jaugeait la marchandise... "Avec ou sans capote ?" elle m'a dit, après les petites présentations. Je n'ai pas répondu, j'étais choquée, bien sûr... Mais il faut bien dire que je m'en doutais quand même un peu, de la tournure que prendrait la conversation... 

"Sans capote, ça paye mieux, bien sûr." Elle a pris mon silence pour un "oui", bien sûr. Elle a toujours sû décrypter le langage non-verbal, la maligne. Une planquée, Miranda, sous ses airs de pas y toucher. Elle comprend tout, c'est pour ça que le grand patron l'a mise là. Elle devine tout ce que les clients veulent, les friqués, les moins friqués, tous les profils qui passent dans le bar ! Si je devais donner le diplôme de meilleure psychologue à quelqu'un, ça serait à elle. Pourtant j'en ai vu beaucoup des psychologues à l'école, moi qui foutait tout le temps le bordel et qui m'faisait virer d'partout. 

"Tu commences demain." Elle m'a dit d'un ton ferme. Et voilà, ça fait 10 ans que je suis là... "

Bertrand avait été transféré depuis une bonne quinzaine de jours déjà. Cet institut était lui équippé d'un certain nombre de moyens qui lui facilitaient grandement la vie, il fallait bien le reconnaître, notamment pour la toilette quotidienne, qui avait toujours été un supplice. Sans ces équipements, sa toilette se réduisait auparavant à une toilette de chat et il se sentait vite poisseux, surtout l'été. 

Lui qui avait toujours refusé la moindre assistance par pudeur évidemment, mais aussi parce que merde, il ne souffrait que d'une paralysie partielle, pas de quoi être traité comme un faible, comme un boulet de la société. 

Son égo mal placé étant encore sans doute la seule chose qui dans son imaginaire à lui le faisait se sentir un peu homme, un peu fort, voyez... La seule chose qu'il pouvait encore se targuer d'exhiber comme un trophée. 

Oui, cet institut lui permettait de faire sa toilette en toute autonomie grâce à toute une batterie de machines qui s'activaient autour de son corps frêle à force de ne pas... S'en servir. 

Et il avait même des airs de château de contes de fées avec son grand parc, ses tourelles et sa marre aux canards. Une marre dont les infirmiers, aide-soignants et autres rééducateurs faisaient allègrement le tour durant leurs pauses, bavassant sur les nouvelles réglementations en vigueur. Parfois, les accompagnants des internes se prettaient aussi à ce jeu du tourner-manège. 

Bertrand les observait tous, faisant des tours et des tours, petites planètes dont l'axe autour de l'étendue d'eau était prévisible, à l'exception de quelques excentriques qui s'attardaient près des arbres avant de reprendre leurs courses autour de la marre. 

Il les observait depuis la fenêtre de sa chalbre donnant sur le parc, attendant la délivrance comme une princesse condamnée dans son donjon ; attendant qu'un accompagnant arrive pour, au moins une fois dans cette sainte journée, sentir le soleil chatouiller sa fine peau de poulet décongelé. 

 "On ne parle pas la bouche pleine." C'est toujours ce que me disait maman, l'air courroucé, lorsque nous étions attablées chez des amies à elle ou lors du fameux café de 16h chez les tatis, les mamies et autres oncles d'un âge avancé. 

"On ne parle pas la bouche pleine." Avait-elle l'habitude de me glisser fermement, avec ce ton plein d'aplomb, ses yeux fixés sur mon attitude désinvolte de gamine qui s'ennuie chez les vieux. 

Un ton pris de façon volontairement théâtral devant nos hôtes pour prononcer ce mantra, toujours le même, et le poser en vérité absolue. 

Comme si ma mère se raccrochait fermement à cette vérité comme une moule affolée à son rocher. Comme si elle me la répétait pour mieux se la répéter à elle-même, s'auto-convainquant qu'il existait bien dans cette foutue vie au moins une vérité qui aurait pu tenir la route, une vérité immuable qui ne s'écroulerait pas comme un château de cartes à la première averse venue. 

Ma mère, d'un ton courroucé, le verbe haut et droite dans ses bottes m'invitait donc à en faire de même. Et cela n'était pas négociable, voyez, car pas qu'une question d'éducation, mais encore d'image. 

Oui, d'image. 

Elle qui se laissait dominer par un patriarche hautain et centré sur son unique personne, pourrait encore se targuer se faisant de sauver les maubles chez les autres. Dieu soit loué. 

 Cher toi, 

Je me remémore le début de cette rencontre fortuite, 

Qui bien sûr ne l'était pas du tout, 

Cette rencontre purement gratuite, 

N'engageant aucun "nous". 

Nous flanions sur les bords de Garonne, 

Discutant de tout et de rien. 

Nous flanions ensemble, l'ambience n'était pas mauvaise plutôt même bonne.

Seulement voilà, jamais nous ne nous serions doutés que nos paroles chez l'un et l'autre résonnent. 

Des paroles échangées sans attente, surtout pas celle de créer un lien. 

Une blague, quelques verres de bière, de quoi passer comme on dirait un bon moment. 

Et peut-être plus si affinités, mais toujours dans l'instant présent. 

Une jolie formule pour dire qu'on ne prend que ce qui chez l'autre sert ses intérêts. 

Une jolie formule pour ne pas s'engager. 

Tout était parti comme sur des roulettes, tous les ingrédients y étaient. 

Tout débutait parfaitement, claires étaient les modalités. 

On s'amuserait jusqu'au bout de la nuit, 

Tu me mettrais dans ton lit. 

Les modalités d'un contrat que tu avais écrit. 

Dans ton lit je finirai, et repartirai comme j'étais venue. 

Je repartirai dès le matin, et c'est ce que j'ai fait, j'ai tourné les talons. 

Je l'ai fait, oui, un peu la mort dans l'âme, un peu déçue. 

Un seul hic dans l'histoire : l'amour, qui n'était pourtant pas inclus 

Dans l'équation... 



I’ve been waiting for you for a long time,” it would whisper to her every night. It's as if every night him and Brigitte meet in another dimension.

She took her anxiolytics, indulged in her sophrology exercises and fell into a deep sleep, a sleep that was too enveloping and hermetic not to be superficial. She often hiccupped before sleeping. She wanted to cry, caught in her heart and body between the grips of dull anguish, waiting for the evening to resurface. They had waited all day patiently, lurking in the shadows, to be able to return to the front of the stage. Mental succubi, it was always before bedtime that they came to bombard her with pressing questions with impossible answers.

Would old age take her away before having tasted life ? What was true love ? What was the meaning of life ?

The only answer was that she would go about her daily rituals and the question was closed. Close at least until this creature invites itself into her head, always with this same sentence, this mantra coming out of its diaphanous mouth. A gaping hole stuck on a macaque face. The message was crystal clear, distorting this already very wide mouth to tirelessly let these same sounds pass at the same rhythm, and always with the same tone. They had been waiting for her for a long time and firmly affirmed it with a twinkle in the eye, as if Brigitte alone could know exactly what it was all about.

"I've been waiting for you for a long time." it said to her, languorously snapping her snake tail against their wolfdog body.

"I've been waiting for you for a long time." it repeated to her, plunging their coal gaze into her with a twinkle in the eye.

She also ended up looking into its eyes, drowning in its deep and mischievous gaze which spoke volumes about her own fantasies...

 La salle d'audience des assises de Toulouse était tout simplement immense. Et ses grandes fenêtres donnant sur la cour du palais de justice lui conférait encore plus de clarté, agrandissant encore plus sa superficie dans une superbe illusion d'optique. Les corniches, elles, couraient gracieusement le long des murs, encadrant la salle de leurs moulures typiques de la rennaissance, flamboyantes d'élégance. 

Quant au plafond, il offrait une bouffée d'oxygène à quiconque aventurant son regard vers lui. Sa forme en dôme ornée de dorures et de représentations picturales faisait comme éclore les poumons, d'autant plus qu'il était d'une hauteur assez impressionnante, s'élevant peut-être bien à 15 mètres au dessus de la tête des personnes ici présentes, venues assister au jugement pour viol d'un individu. 

Autant dire que la beauté de cette salle d'audience détonnait avec l'ambiance lourde qui y régnait. Une énergie chargée de toutes les petites saloperies, coups bas, humilations, violences physiques, et tout autre type d'acharnement en tout genre qui chaque jour étaient énumérés par le juge à cette même place qui surplombait tout le reste. Avocats, jurés, procureur de la république, civils venus assister à l'exhibition funeste des dérives de la nature humaine. 

Et c'est sans doute cette place particulière de laquelle chaque jour étaient récapitulés divers actes criminels, la place d'honneur, la place symbolique de la présidence, qui était aussi celle du prêtre dans l'église ou de l'imam dans la mosquée qui rendaient ces dires encore plus terrifiants. 

A cette place et énoncés de façon aussi claire et distincte au micro, toute la lumière était désormais faite sur la cruauté humaine. 



 "Oh non, pas encore !" Pensa Cindy, enfin c'était le prénom dont l'avait baptisée Laura, qui avait jeté son dévolu sur elle au supermarché deux semaines auparavant. 

“Oh no, once again !” Thought Cindy, that was the name Laura went for, setting her sights on her at the supermarket two weeks before.


Cindy savait trop bien ce qui l'attendait. D'abord, Laura l'extrayait délicatement de sa boîte de plastique. Elle lui touchait ensuite les cheveux, toujours à peu près avec ces mêmes mots : "On dirait de vrais cheveux, c'est incroyaaaaaaaaaaaable !" s'exclamait-elle, saisissant au passage l'occasion de lui gueuler dans les tympans. 

Cindy knew too well what awaited her. First, Laura carefully extracted her from her plastic box. Then she would touch her hair, always with almost the same words: "It looks like real hair, it's increeeeeeeeeeeeeeeedible!" she exclaimed, seizing the opportunity to scream in her eardrums.


Puis arrivait l'étape des essayages, un petit peu moins soft encore. Il fallait à tout prix trouver à Cindy la bonne tenue pour rejoindre Bradley au cinéma. Ils avaient donc rendez-vous sur le lit de Laura dans quelques minutes. (Elle n'avait pas encore reçu le cinéma en question, la livraison tardant un peu à livrer le colis...)

Then came out the fitting stage, a little less gentle though. Cindy had to find the right outfit to join Bradley at the movies. So they were meeting on Laura's bed in a few minutes. (She had not yet received the cinema in question, it was taking a little while to deliver the parcel...)


Du coup, Cindy, comme à l'accoutumée, se faisait brinqueballer entre les petites mains potelées de Laura, qui s'activait autour de son corps aux seins généreux et à la taille calibrée. Jupe en skaï, top transparent, talons à semelles compensées, string panthère, aucune combinaison n'était exclue pour émoustiller Bradou. 

Suddenly, Cindy, as usual, would be tossed around in Laura's little chubby hands, who were busy around her body with its generous breasts and calibrated waist. Skai skirt, transparent top, wedge heels, panther thong, no combination was excluded to get Bradou aroused.


Mais c'est lorsque l'étape des finitions arrivait que l'épreuve était la plus douloureuse. Laura la tartinait alors de gloss et de mascara attrapés dans la coiffeuse de sa mère et se saisissait d'une brosse quatre fois trop grande pour la peigner, ne manquant pas de lui arracher la tête, comme aux ving-huit autres victimes précédentes. 

But it was when the finishing stage arrived that the ordeal was the most painful. Laura would slather her with lip gloss and mascara from her mother's dressing table and grabbed a brush four times too big to comb her, not failing to tear off her head, as with the twenty-eight other previous victims before.


 




REPONSE A URSULA : 

Ursula, 

C'est un peu surpris par ta missive que je prends ma plume pour te répondre. 

Beaucoup disent qu'il ne faut jamais répondre à un message dans le feu de l'action et que la pondération doit être de mise. 

Mais moi, j'm'en fous. Nope, I don't give a fuck about it. La passion est trop forte. I'm craving you my love, and it's been a long time.

Putain, que je t'aime, Ursula. Et ce depuis le premier jour où flambante comme ma nouvelle décapotable, tu as franchi le seuil de ma villa avec vue sur San-Francisco pour vendre ta camelote. 

Ursula, I'm simply longing. And be sure ma belle, qu'une fois que ma lune de miel est terminée, je serai tout à toi, à raison de deux fois par semaine de 5 à 7. 

Your sweetie, 
Brad

 


Mon cher Mehdi, 

Je ne compte plus le nombre de bouteilles de blanc ni de boîtes de Kit et kat que j'ai pu acheter dans ta petite boutique à une certaine heure de la soirée voire de la nuit. 

Ta boutique aux néons multicolores m'aura plus d'une fois sauvé la mise, lorsque plus rien d'autre n'était ouvert pour assouvir mes besoins nocturnes. Et je ne parle même pas de Mistigris qui c'est sûr, te regrettera aussi. 

Bref Mehdi, je te souhaite une bonne retraite et j'espère que ta boutique restera ouverte. Un coup de blanc à 3h du mat', ça n'a pas de prix. 


 Jordan s'était découvert une passion pour le foot sur le tard. Ses parents, cadres tous les deux, trouvaient ce sport abrutissant et avaient destiné leur fils à quelques activités extra-scolaires disons moins triviales que ce sport où les joueurs avaient l'air de courir comme des chiens après une baballe. 

Mais voilà qu'un jour comme les autres, en attendant le bus scolaire, il avait été convié par les "racailles du quartier" (c'est comme cela que les surnommaient ses parents) à donner un coup dans ledit ballon. Il y avait en effet un skate-park ainsi qu'un city stade non loin de l'arrêt de bus. Ces derniers étaient tous deux recouverts de graphittis aux messages sans équivoque : "Nik ta mere", "Kader jvai tplanté", "Mor aux feuj", etc, etc. 

Et les poubelles de détritus qui jalonnaient les allées de ces endroits n'étaient pas pour rassurer non plus, lui qui ne connaissait presque que les intérieurs immaculés de la maison familiale et de l'appartement qu'ils possédaient sur la côté atlantique. Presque, car il se trouve que Jordan allait à l'école publique, se retrouvant ainsi confronté régulièrement aux odeurs de pipi des toilettes pour garçons. 

Eh oui, même avec un bon réseau de contacts, que voulez-vous, on arrive pas forcément à échapper à la carte scolaire ! 

Mais voilà que les habitués du city-stade, qui pour quelques-uns étaient dans sa classe, le mettaient au défi de "jouer à la baballe", comme le disait son père d'un ton condescendant. 

- Alors le blanc, y paraît que t'es bon au tennis alors montre c'que t'as dans l'ventre" lui lança Mamadou en riant. 

Jordan prétexta que le bus n'allait pas tarder à arriver et que de toute façon, il n'aimait pas le foot. 

- On t'a pas demandé si t'aimait, tête de bite, tu viens ou sinon on te banane ta Apple watch. Lui dit fermement Maxime, le leader du groupe. 

Jordan regarda sa montre à 870 euros. Bon, effectivement, il valait peut-être mieux se plier à leurs désideratas. 

- OK, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

- Vas-y tu mets 3 buts sinon tu nous donnes 20 euros. Lui lança Farid. 

Trois buts ? Impossible, Jordan ne connaissait même pas les rudiments du football. Il s'exécuta quand même sans se faire prier. 20 euuros n'équivalait même pas à son argent de poche hebdomadaire et puis ils étaient quand même six contre lui... 

Et c'est comme cela que Jordan s'intégra au monde, découvrant de nouvelles personnes au fil des tournois de rue qui avaient lieu chaque semaine un peu dans tous Toulouse qu'il explorait maintenant allègrement. Lui qui avait pourtant appris dans le manuel d'histoire-géographie que lui avait offert sa tante pour Noël que les tournois de foot dans la rue, c'était un truc de bidonvilles, de favellas. 

C'est ainsi qu'il prit goût à ce sport, pas tant pour le sport lui-même que pour la liberté qu'il lui apportait d'ailleurs, et le fait de parcourir de nouveaux possibles... 

Un tournoi se finissait un peu plus tard un jeudi soir ? Pas grave, il prétextait que le bus était en retard pour la troisième fois de la semaine, ou qu'il préférait rester en salle d'études pour potasser les mathématiques, son talon d'Achille. 

- Tu deviens trop studieux mon chéri, j'ai peur que ta santé en pâtisse, lui glissa  un jour sa mère, pas très convaincue par ses propres propos, flairant déjà un peu l'embrouille... 

Jordan, qui ne cherchait rien d'autre qu'un peu d'air frais à l'extérieur du lavage de cerveau familial ambiant ne le savait pas, mais il avait créé l'impensable. Il avait franchi les barrières sociales comme on enjambe un cheval d'arçon. 

 Petite barbe étudiée. Lunettes en écailles reposant sur un nez dont la narine avait été perçée deux semaines auparavant. Regard impassible. Ton toujours un peu désabusé, phrases teintées de haine froide. Sourire toujours prêt à se dessiner aux coins des lèvres pour indiquer que malgré sa petite vingtaine, il n'était pas dupe et déjà aguerri. Mais aguerri à quoi, au juste ? 

Little studied beard. Tortoiseshell glasses on a nose whose nostril had been pierced two weeks ago. Impassive gaze. The tone of voice always a little disillusioned, sentences tinged with cold hatred. A smile always ready to appear at the corners of his lips to indicate that despite his early twenties, he was not fooled and already seasoned. But seasoned to what, exactly ?


Aux soirées étudiantes de Paul Sabatier ? 

Au poulet tikka trois fois trop cher des halles de la Cartoucherie où il allait, chaque dimanche, déjeuner avec sa mère ? 

Au ronronnement de son Mcbook pro ? 

To the Paul Sabatier's student parties?

To the three times overpriced chicken tikka from Les halles de la Cartoucherie, where he went every Sunday for lunch with his mother?

To the purring of his Mcbook pro ?


Jocelin avait presque l'air suffisant, au comptoir de cette brasserie où il prenait les commandes des clients d'une classe sociale moyenne-supérieure. Il avait presque l'air d'un matelot appuyé aux rebords d'un bateau, contemplant le flot de la marée humaine s'acheminant vers les tables, d'un air de défi. Mais quel défi, au juste ? 

Jocelin almost looked smug at the counter of this brasserie where he took orders from customers from an upper-middle social class. He almost looked like a sailor leaning on the edges of a boat, contemplating the flow of the human tide heading towards the tables, with an air of defiance. But what challenge, exactly ?


Celui de se lever à 7h du matin pour faire l'ouverture de la brasserie ? 

Celui de devoir parfois acheter des produits en voie de péremption en fin de mois pour ne pas finir dans le rouge ? 

Celui de devoir attendre le samedi soir pour se bourrer la gueule ? 

That of getting up at 7 a.m. to open the brasserie ?

That of sometimes having to buy products that are about to expire at the end of the month so as not to end up in the red ?

That of having to wait until Saturday evening to get drunk ?


Non, vraiment, Jocelin n'était pas à plaindre. Habitant un pays occidentalisé et qui plus est dans une ville dont la douceur de vivre n'était plus à prouver, quel était son problème, à celui-là ? 

Et pourtant l'insatisfaction pouvait se lire dans son regard, et aussi un peu dans tous ceux de ses collègues, de sa génération eux aussi. Comme un regard insatisfait du propre climat de froideur qu'ils instauraient de par leur attitude faussement détachée, faussement aux abonnés-absents... Des émotions. 

No, really, Jocelin wasn't to be pitied. Living in a westernized country and moreover, in a city whose gentle way of life was no longer in doubt, what was his problem ?

And yet dissatisfaction could be read in his eyes, as well as for those of his colleagues, of his generation too. Like a look of dissatisfaction with the own climate of coldness that they established through their falsely detached attitude... From their emotions.  


Mais après tout, peut-être que les choses n'étaient pas ce qu'elles semblaient être dans le meilleur des mondes. 

But after all, maybe things weren't what they seemed in this fake world.


 Ils n'étaient pas le genre de pirates les plus vicieux qui soient. 

Une famille de nomades-contrebandiers de père en fils, 

ils avaient peu à peu fait fortune dans le commerce de produits soit-disant miraculeux.

Crèmes, médicaments et autres élixirs aux vertus improbables, 

en provenance de contrées sur lesquelles ils restaient parfois silencieux. 

Ma foi, pourvu que la cale à victuailles soit toujours pleine et que le business aille bon train. 

Leurs petits mensonges faisaient toujours leurs effets, surtout sur les nécéssiteux. 

Mais aussi les personnes difformes ou dont les pustules ne se dissimulaient pas bien. 

Et chez ceux pour qui le baratin ne prenait pas, ils se métamorphosaient alors en saltimbanques. 

Le père jetait l'ancre dans un endroit reculé et ils partaient dans la ville. 

Chacun avait son rôle assigné : Pendant que la cadette à la crinière brune ondulait le corps devant les passants avec de faux airs d'Esmeralda, 

les plus petits s'occupaient d'achever de distraire la foule en feignant une attitude d'angelots. 

Les parents eux, traversaient la foule de part en part et procédaient à une razzia : on peut le dire, ils avaient touché le gros lot. 

Ils collectaient ni plus ni moins les bourses des passants qui parfois dépassaient de leurs poches de pardessus. 

Pirates, saltimbanques, vendeurs de rêves et autres combines, après tout tout était bon pour s'en sortir. 

Tout était bon lorsqu'on n'avait jamais eu accès la moindre instruction. 


NOTICE D'INSTRUCTIONS POUR ETRE CHARMANT.

Etape 1 : Mettez votre coeur en mode avion.

Etape 2 : Allumez vos capteurs de codes sociaux pour faire bonne impression. 

Etape 3 : Intégrez lesdits codes à votre comportement quotidien pour un charme naturel. 

Etape 4 : Focalisez votre attention sur l'essentiel. 

Etape 5 : Utilisez le filtre des conventions sociales pour évacuer tout dépôt d'imagination ou de fantaisie obstruant le pragmatisme en vigueur dans la société. 

Etape 6 : Gardez en mémoire tampon le sourire qui va bien de circonstance et quelques jolis mots pour rompre la gène du silence. 

Etape 7 : Activez le nettoyeur automatique d'anxiété. 

Etape 8 : Dissimulez l'appareil sous une feinte insouciance. 

Etape 9 : Votre charme opère déjà, le dispositif est prêt.*


* NE CONVIENT PAS AUX PROFILS SOUFFRANT D'UNE EMPATHIE EXACERBÉE

My appearance have often been described as austere, and even more so over the past 20 years. Well, originally, if we go back to the first time I was conceived in -39 BC, the idea wasn't to intimidate the populace but to preserve texts, either Christian or pagans, by the way... 

Preserve meaning, making a little more tangible this oral wisdom, which hitherto had been sufficient to maintain a solid link with God or any other authoritative entity.

But it's as if, over time, words became emptied of their importance and their sacred character and it was necessary to multiply the media to "bottle" this wisdom.

Then over time I was provided with a DVD, music section and so on... As if to increase the chances that this wisdom would be remembered in our good memory by whatever means. And the more my shelves multiplied, subdividing themselves into subcategories of possible study materials, the more I caused the appearance of a church, people seeing myself as sacred, austere and unfathomable.

Even though we have only been talking here about two thousand years of curiosity towards the world.

 Non, il n'était pas dispo. C'est ce qu'il avait répondu à cette fille qu'il avait enfin réussi à mettre dans son lit, une petite semaine auparavant. Sans autre excuses que "mes semaines sont remplies", il l'avait envoyé promener froidement, mettant fin à toute tentative de dialogue, de négociation. 

Ayant obtenu la fameuse coucherie qu'il réclamait ouvertement depuis des semaines, comme un enfant réclame un gâteau pour le goûter, il était maintenant repu et son égo était regonflé à bloc, sublime ballon de baudruche multicolore, survolant les messages de cette fille qu'il s'était enfin tapé, avec une indifférence à peine voilée par les convenances : 

"Désolé si cela peut te heurter, ça n'est pas tant la question que je ne veux pas te voir, mais que mes semaines sont vraiment remplies..."

Toujours les mêmes mots, une fois qu'au tableau de chasse s'était ajouté une énième conquête d'une énième soirée arrosée. Les étapes étaient toujours les mêmes, méthodiques et un tantinet dans l'obsession. D'abord il attirait sa proie dans son antre, proposant un apéritif tout relatif à base de bierre pas chère et de shit pour détendre l'atmosphère. Ensuite, il séduisait, Don juan sans attaches mais fermement amaré à son propre pays, à sa propre culture, et bien sûr, à sa propre famille. 

Il séduisait à coups de compliments de pacotille et de regards appuyés. On ne pouvait pas dire qu'il faisait dans la dentelle, ses troubles de la communication se faisant immanquablement ressentir dans des émotions toujours tenues à distance. 

Puis, bien sûr, l'étape du baiser, amené en toute subtilité avec tout le reste du package, au prétexte d'un jeu d'alcool. 

Bref, la technique, à défaut de verser dans l'authenticité, était bien rodée. Et voici que cette fille, après avoir bataillé un peu, avait fini par mordre à l'hameçon. Ma foi c'était tant mieux, mais était venu le temps des adieux. 

Cependant, il faut noter que la proie en question réagit plus que vivement, lui rétorquant qu'elle avait plus que l'impression qu'on la prenait pour une conne... Sans attendre la réponse de l'intéressée, elle le bloqua sur tous les réseaux sur lesquels elle le savait, il l'espionnait. "Access denied", ce qui ne le fit pas flancher outre-mesure, perduadé que cette fille, assez bête pour mordre à son hameçon fait de bric et de broc, finirait bien par revenir un jour prochain pour quémander son temps précieux. 

Sauf que les semaines passèrent et rien ne se passa. Ni messsage, ni post sur les réseaux qui auraient pu lui faire penser que l'étincelle était toujours là, mieux, que cette fille se languissait de lui. 

La porte s'était ainsi dire refermée sur lui et ses habitudes de chasseur de coeurs de demoiselles paumées. Il continuait à espionner cette fille sur les réseaux comme il l'avait toujours fait, à travers de faux comptes et de fausses adresses IP qu'en bon informaticien autiste qu'il était il avait toujours sous la main. 

Tout moyen de dissimulation de ses sentiments véritables était requis, ou tout ce qui auarit pu révéler de lui un tout petit peu de vulnérabilité. Non seulement un homme de sa culture n'avait pas le droit de mettre ses sentiments à nu, mais il était marié. Oui, marié depuis ses 21 ans. 

Ces européennes pulpeuses qu'il collectionnait faisait certes du bien à son égo mais surtout, elles lui permettaient de fuir. Fuir ses lourdes responsabilités vis-à-vis d'une famille à laquelle il devait, selon la tradition en vigueur, une loyauté sans faille. A l'autre bout du monde, il pouvait ainsi se conformer à ses obligations tout en vaquant à ses occupations limites. La belle affaire. 

Sa vie était une fête perpétuelle. Toujours un joint ou un verre de whisky à portée de sa bouche, sur des airs de Rn'b commercial. La fête était perpétuelle, comme pour masquer le silence d'une tristesse profonde, celle d'un jeune homme dont la vie était déjà pipée d'avance. 

Le mariage, les enfants, la maison achetée par les parents du couple, puis la vieillesse, longue descente rythmées par les traditions vers une petite mort. Ainsi il en allait de la destinée de beaucoup de garçons et de jeunes hommes, dans sa région d'origine.

En attendant, la porte était fermée et plus le temps s'écoulait, plus les chances de revoir cette fille s'amoindrissaient. A vrai dire, comme pour les autres, il avait cru qu'il s'en foutrait, ignorant superbement cet appel du coeur initial. Cette complicité, cette évidence qu'il ne s'étaient jamais expliqué, tant tous les deux ils étaient différents. Ils n'avaient pas grand chose en commun, si ce n'est cette passion qui les liait l'un à l'autre. Mais que lui avait-elle fait, au juste ? Il ne comptait plus le nombr ede fois où il visitait ses profils, car elle était très active sur les réseaux... Elle se disait artiste, mais n'était-elle pas aussi un peu sorcière ? 

Il ne comprenait pas vraiment ce qu'elle faisait de son temps, entre l'écriture, la peinture, le théâtre, la danse et d'autres choses qui ne l'intéressaient pas trop. Force était de constater nénamoins qu'après avoir été dans le déni, il se trouvait maintenant dans le regret, face à cette porte virtuelle que son égo ne pouvait pousser... A quoi bon franchir cette porte après tout, cette porte menant à un avenir fait de néant ? 

L'éternelle question du fruit défendu. Mais à quel genre de jardin d'Eden pouvait-il bien s'attendre avec cette fille avec laquelle il avait une différence d'âge, de culture, mais aussi... De sensibilité ? 

C'est comme s'il n'avait rien à faire avec elle, et pourtant tout à faire, à construire... 

Avec elle, tout était fluide, ils pouvaient rire tous les deux de leurs propres blagues, allongés sur un lit des heures durant, plongés dans le noir, en écoutant de la munsique, comme deux ados qu'aucune responsabilité, aucune contrainte ne raccrochait plus à ce monde de souffrance et de division... Avec elle, bien qu'il ne comprenait pas tout à ses expériences de création et à ses délires en tout genre, c'est comme s'il passait la porte d'un autre monde. Il n'avait même plus besoin de ses nombreuses parades, ses nombreux substituts de drogue et d'alcool pour être en apesanteur. 

Elle n'était pas friande de journeaux à vrai dire, ni de chaînes d'informations en continu. 

La réalité de sa vie lui suffisait amplement et elle ne ressentait pas spécialement le besoin d'en remettre une couche avec de l'anxiété supplémentaire. Mais il se trouve qu'elle était tombée par hasard sur cet article qui relatait l'effet délétaire d'une porcherie dans le dunkerquois. Les excréments des cochons ayant contaminé les nappes phréatiques de sorte à générer des algues vertes dont se repéssait désormais la faune environnante. Pas particulièrement sensibilisée aux joies de l'élevage industriel, elle avait quand même été un peu refroidie par la balade sur la plage que lui avait proposé Claudia. 

Bon, nous étions en mai et les températures commençaient tout de même à se réchauffer, même dans le Nord de la France. Mais tout de même, cette histoire de merde qui s'était déversée dans la mer, ainsi que la centrale nucléaire et l'usine à saucisses qui trônaient près de l'esplanade où elles s'étaient donné rendez-vous pour cette marche ne l'emballaient pas des masses... 

Le décor n'était pas vraiment idyllique, mais elle avait promis et il n'y avait pas grand chose à foutre d'autre à Dunkerque un dimanche. Elles marchaient donc toutes deux sur cette fameuse esplanade en caquettant au sujet de leurs derniers déboires amoureux quand elles tombèrent nez-à-nez avec un poisson qui marchait vers le rivage de la mer. 

Oui, il se déplaçait bien, et même de façon assez rapide à l'aide de nageoires qui se dépliaient et se repliaient sur le sol au grès de ses ondulations empreintes d'une certaine grâce. Son corps, ou plutôt une sorte de tronc recouvert d'écailles scintillantes d'un violet discret qui tirait sur le gris, lui conférait une allure de star de gala. Elle pu aussi distinguer une queue orange en as de trèfle, mais ne pu apercevoir son regard, la créature étant de dos et se dirigeant trop rapidement vers son but... Mais quel était son but, justement ? 

A en juger par ce que la créature ingurgita avant de disparaître dans les flots, elle n'avait plus de mal à le deviner. Il s'agissait d'une créature mutante qui semblait se nourrir... De merde. 


Ils s'étaient rencontrés peu avant son départ. Elle revenait d'un long voyage et pour fêter leurs retrouvailles, il l'avait convié au restaurant, enfin pas le plus cher de tous non plus, 'exagérons rien ! 

Ils partageaient donc une pizza ensemble commpagnée d'eau du robinet en carafe. Vient l'heure du dessert, après qu'il ait laissé échapper deux ou trois allusions grivoises histoire de tâter le terrain : 

- J'espère que je t'ai manqué, quand même... 

- Euh... 

- Deux mois et demi, c'est long quand même. 

- Oui, surtout quand on fait tous les jours la même chose... 

- Qu'est-ce que tu veux dire ? 

- Bah en deux mois et demi, quand t'es à l'autre bout du monde, confronté à une culture qui n'a rien à voir avec la tienne et en train de t'imprégner de senteurs et de paysages dont tu n'avais auparavant jamais soupçonné l'existence, non, je veux dire, personne te manque ! T'es plutôt en train de savourer chaque minute de cette expérience qui ne risquera plus de se reproduire de sitôt.

- Ah bon... Chais pas, la seule fois que j'ai fait un voyage c'était pour acheter des cigarettes en Espagne. 

- Ah oui, je vois... 

Il pensa qu'elle allait reprendre la parole pour lui faire un appel de phare, lui signifier d'une manière ou d'une autre qu'elle n'était pas insensible à son charme, ou qu'au moins quelque chose de tangible se passerait sur le plan... Enfin vous voyez ce que je veux dire. Mais non, rien ne se passa. La conversation était bien partie pour en rester là et ainsi que quand le serveur s'avança pour leur remettre la carte des cafés et des desserts, il s'empressa de dire : 

- Ah non mais t'inquiète pas, le café c'est pour moi !


"Monsieur catastrophe". C'est comme cela qu'on le surnommait, puisqu'il passait son temps à tout faire de travers, envers et contre tout le bon sens du monde. 

Un rendez-vous professionnel était prévu à 13 heures tapantes ? Il se débrouillait pour opter pour le trajet le plus long, même avec l'aide précieuse de Google maps. Qu'en aurait-il été sans technologie ? On ose à peine l'imaginer... 

Des démarches étaient nécessaires à quelque entreprise précise, telle qu'un voyage ou l'obtention d'une certification ? Qu'importe, il s'arrangeait pour ne se procurer à coup sûr que la moitié des papiers administratifs requis. 

Tout se passait comme sur des roulettes dans une atmosphère de calme et de quiétude ? C'est simple, il lui fallait alors attirer l'attention à lui d'une quelconque manière, en faisant nonchalamment tomber une assiette pleine de mets délicieux sur le sol venant d'être astiqué de son hôte. 

Mais dans toutes ces situations où Jean-Claude se foutait pour recceuillir la bienveillance d'autrui dont inconsciemment il doutait, il retombait toujours sur ses pattes. 

Il prenait une décision de merde en bookant un train à la dernière minute ? Il s'avèrait toujours que l'autre personne présente au rendez-vous soit en retard également. 

Il oubliait d'acheter le visa nécessaire à son entrée en Biélorussie ? Un agent verreux qu'il pourrait soudoyer était présent à coup sûr dans l'aéroport. 

Il foutait le bordel chez les autres ? Pas grave, l'hôte qui l'acceuillait était une bonne poire. 

Bref, il faut croire que se foutre dans de pareilles situations revenait à se dire qu'après tout, qui perd gagne, même sans-gêne ! 


 L'aéroport d'Addis Ababa, compte-tenu de la situation de la capitale qui transitait laborieusement vers un "développement économique" tout relatif, n'était pas si mal. Elle en avait déjà connu, des aéroports dans sa vie de voyageuse ! Voilà déjà 6 ans qu'elle parcourait l'Europe et maintenant le monde et vraiment, on n'était pas à plaindre. Il était vaste, avec une connexion Internet plutôt stable et de quoi recharger son téléphone sans se sentir pris au dépourvu. 

Addis Ababa airport, given the situation of the capital which was laboriously transitioning towards relative "economic development", was not so bad. She had already experienced airports in her life as a traveler! It's already been 6 years since she traveled across Europe and now the world and really, we couldn't complain. It was large, with a fairly stable internet connection and enough to charge your phone without feeling caught off guard.


Mais cela n'était pour l'instant pas son souci, puisqu'elle s'était déjà placée dans la file d'attente de l'avion qui bientôt la ramènerait à sa réalité d'européenne blanche. Deux mois passés en Ethiopie était amplement suffisant. Elle s'était fait une idée suffisamment claire de la situation de ce pays et avait suffisamment respiré son atmosphère triste et lunaire. Elle avait besoin d'air, besoin de renouer avec ses repères avant d'être à nouveau dans son pouvoir. 

Yet for the moment that wasn't her concern, since she had already placed herself in the queue for the plane which would soon bring her back to her reality as a white European. Two months spent in Ethiopia was more than enough. She had formed a sufficiently clear idea of ​​the situation in this country and had sufficiently breathed in its sad and lunar atmosphere. Some air was needed, needed to reconnect with her bearings before being in her power again.


Mais voilà qu'on lui refusa l'entrée dans le bolide, on lui refusa de regagner ses pénates pour un repos... Salutaire. L'Ethiopie était un pays en proie à la fièvre jaune, et elle n'avait pas le vaccin requis pour répondre aux règles sanitaires en vigueur d'un retour en Europe. Combattante, elle tenta le pied-de-nez ; elle connaissait un peu l'Afrique et savait que parfois, il fallait un peu de culot pour faire pencher la balance : elle fit biper son billet et courru à toute vitesse jusque dans l'avion où elle pris place à l'endroit qui lui était attribué. 

But now she was refused entry into the vessel, she was refused to return home for a salutary... rest. Ethiopia was a country plagued by yellow fever, and she didn't have the vaccine required to meet the health regulations in force for a return to Europe. As a fighter, she attempted a snub; she knew a little about Africa and knew that sometimes it took a little nerve to tip the scales: she beeped her ticket and ran at full speed to the plane where she took her seat in her assigned place.


Son attitude téméraire saisit tellement le personnel de bord de surprise que personne ne fut assez rapide pour retenir la jeune femme dans sa course folle. Armée d'audace et vissée à son siège, elle attendit le verdict de l'agent de sécurité qui s'avançait déjà pour la sommer de se procurer un vaccin qu'elle irait acheter quelques heures plus tard dans un quartier douteux de la capitale dédié à la contrebande. 

Her reckless attitude took the crew so by surprise that no one was quick enough to stop the young woman in her mad rush. Armed with audacity and screwed to her seat, she waited for the verdict of the security agent who was already coming forward to summon her to obtain a vaccine which she would go to buy a few hours later in a dubious area of ​​the capital dedicated to smuggling.


"Si j'étais un homme, je parie qu'on m'aurait laissé à bord moyennant finance." S'entendit-elle penser. On discutait avec les hommes, mais pas avec les femmes. On préférait laisser les femmes courir le risque d'aller acheter de faux papiers au beau milieu de la nuit et de repayer un billet de retour au montant astronomique, bien évidemment. Ainsi il en allait de l'Afrique noire et de sa mafia très bien organisée : les agents de sécurité renvoyant un à un les voyageurs blancs peu avisés vers leurs compatriotes du quartier voisin. Pas vraiment de mystère là-dedans !

“If I were to be a man, I bet they would have let me on board for a fee.” She heard herself thinking. We bargain with men, but not with women. They prefer to let women run the risk of going to buy fake papers in the middle of the night and paying a huge amount for a return ticket, of course. So it was with black Africa and its very well organized mafia: security agents sending unwise white travelers one by one back to their compatriots in the neighboring district. No mystery involved here !


 Elle était tout simplement épuisée de ce périple. Trois mois à arpenter ce pays où le panafricanisme ne lui avait pas permis de sociabiliser avec les gens. Trois mois à s'inquiéter de savoir si elle serait à-même de pouvoir trouver une connexion Internet lui permettant de travailler. Et trois mois avec son copain pendant lesquels la douceur et la sensualité n'était plus vraiment au rendez-vous. 

She was simply exhausted from this journey. Three months wandering this country where Pan-Africanism hadn't allowed her to socialize with people. Three months of worrying about whether she would be able to find an Internet connection that would allow her to work. And three months with her boyfriend during which sweetness and sensuality were no longer really there.


Alice redescendit de son nuage : elle ne survolerait pas le continent africain cette nuit pour s'acheminer vers un repos bien mérité. L'aventure dans l'Afrique profonde qu'elle s'était promise de vivre, cette investigation journalistique un peu farfelue prenait des allures de cauchemard. Ce faux vaccin, en admettant qu'on la laisse entrer dans son prochain avion avec, feraient-ils l'affaire à la frontière égyptienne ? Après tout, elle ne le savait même pas... 

Alice came down to Earth : she won't fly over the African continent this night on her way to a well-deserved rest. The adventures in deep Africa that she had promised herself to experience, this somewhat eccentric journalistic investigation, was turning a nightmare. Would this fake vaccine, assuming she was let into her next plane with it, do the trick at the Egyptian border ? After all, she didn't even know it...


Si l'on remontait à mon enfance, à la genèse de ma création, disons qu'on ne verserait pas dans l'originalité : j'ai été conçu et construit en Chine, dans une de ces usines qui ressemblent plus à des camps de travail qu'autre chose... Bon, le début de ma vie n'a pas été des plus joyeux, jusqu'à ce que j'atterrisse dans ce magasin Discount, n'ayant pas connu un franc succès dans le premier où j'ai transité. Et c'est là où par un beau matin de septembre je fis la connaissance de Germain, qui avait du monde à la maison l'après-midi même et qui se laissa séduire par mon vert pétant... 

C'est surtout que Germain souffrait, l'âge faisant, d'un trouble de la vision qui ne lui permettait pas d'être pleinement objectif dans son choix. Toujours est-il que ni une, ni deux, il m'embarqua dans son charriot de course prévu à cet effet, ainsi que cinq autres de mes congénaires, d'un rose, d'un orange, d'un rouge, d'un bleu et d'un violet tout aussi pétants que le mien ; le tout agrémenté de fleurs énormes qui ne  semblaient pas avoir fait l'unanimité non plus auparavant... Autant dire que je me souviendrai toujours de la mine ragaillardie de mes camarades, à l'idée du délicieux massage à venir du café brûlant venant au contact de leur porcelaine si délicate. 

Nous venions à l'instant d'avoir eu le privilège d'être sélectionné par Germain pour apporter notre précieuse contribution au tournoi de Belote qui s'annonçait serré.