Son corps était massif. Des muscles, oui, il en avait mais pas que, puisqu'une sorte de bouée de graisse enveloppant sa taille lui donnait chaud, et des allures de gros ours mal léché. 

Quant à son torse, il n'était pas particulièrement poilu, mais cependant extrêmement large. La taille de son corps enfin en imposait aussi. Et son visage impassible dissimulé derrière d'épais hublots achevait de le rendre impressionnant. Cela tombait bien car c'est ce qu'il voulait : impressionner son monde pour garder le contrôle. Encore et toujours garder le contrôle sur ses conquêtes, afin qu'elles ne s'aventurent pas trop loin sur le terrain des émotions. Car les sentiments amoureux, c'est dangereux, vous voyez. 

Son corps dégageait une odeur légèrement âpre qui rappelait un peu celle d'un fauve. Cette légère odeur de transpiration qui pointe toujours son nez après l'amour, ou plutôt le coït, lorsque le mâle a achevé son mouvement de va-et-vient, sa gysmnastique sexuelle. 

Une légère odeur de transpiration qui se mélangeait désormais à l'eau de cologne bon marché dont il avait cru bon de s'asperger au beau milieu de la nuit, dans un ultime effort pour garder le contrôle sur l'expression naturelle, animale de son propre corps. 

Le mélange était assez détonnant, et lui rappelait un peu des petites boutique snapolitaines remplies de bibelots et de porcelaines défraïchies qu'on essayait tant bien que mal de mettre en valeur à l'aide quelque napperon de dentelle.