T R A V E L I N G

B A R C E L O N A - SPAIN 

A chaque fois que je vais à Barcelone pour prendre un avion, je retrouve la même atmosphère. Je suis de plus en plus sensible aux énergie autour de moi car y suis de plsu en plus attentive et arrive à sentir pour ainsi dire les "parfums" énergétiques des lieux que je visite ou même par lesquels je passe. Moins je suis dans le jugement ou la crainte du futur, plus j'arrive à écouter ce qui se trame en arrière-fond d'un décor, si beau ou ordonné soit-il sur le plan matériel. Je deviens aussi au fil du temps plus curieuse de ce qui n'est pas forcément humain, que cela soit les animaux ou ce que dégagent les lieux. Je me détourne de cet anthropocentrisme, qui autrefois m'emprisonnait dans une vision étriquée et sèche des choses... 
Every time I go to Barcelona to take a plane, I find the same atmosphere. I am more and more sensitive to the energy around me because I am more and more attentive to it and am able to smell, so to speak, the energetic "scents" of the places I visit or even pass through. The less I am in judgment or fear of the future, the more I am able to listen to what is happening in the background of a setting, however beautiful or ordered it may be on a material level. Over time, I also become more curious about what is not necessarily human, whether it be animals or what places give off. I am turning away from this anthropocentrism, which previously imprisoned me in a narrow and dry vision of things...

Barcelone m'a toujours encouragée à m'ouvrir davantage à mes ressentis. Peut-être est-ce dû à son énergie à la fois étéroclite, chaude (climat méditéranéen) et de fête. Une énergie pour ainsi dire facile à appréhender et dans l'accueil. Peut-être même trop ? Une énergie si fluide et libérale qu'elle peut faire tourner la tête à plus d'un... 
Barcelona has always encouraged me to open up more to my feelings. Perhaps this is due to its summery, warm (Mediterranean climate) and festive energy. An energy that is almost easy to understand and welcome. Maybe even too much? An energy so fluid and liberal that it can make more than one person's head spin...

Barcelone est en effet réputée pour ses junkies, son beach-drinking et sa vie nocturne dépravée. Elle est une ville entre mer et terre, une ville à l'architecture gothique raffinée avec ses grands ramblas et ses parcs à la verdure généreuse, prête à acceuillir toutes les cultures du monde, s'entremêlant dans un joyeux bordel aux accents de mafia prononcés !
Barcelona is indeed famous for its junkies, its beach drinking and its depraved nightlife. It's a city between sea and land, a city with refined Gothic architecture with its large ramblas and parks and generous greenery, ready to welcome all the cultures of the world, intermingling in a happy mess with pronounced mafia accents !

La plage la journée et le fête le soir, même en période d'hiver, le climat de cette ville permettant presque toutes les luxures et les extravagances imaginables. Dans les bars, les cafétarias et les night clubs ça défile, ça se pavane, ça se drogue et ça boit avec une exhubérance méditéranéenne et ouvertement gay-friendly. Le vent de la Catalogne, l'indépendantisme et le traditionalisme en moins. A Barcelone, on ne prie pas, on chante. Et même si l'on chante de gros mensonges, ça n'est pas grave, tant qu'un business hasardeux est là pour assurer nos arrières !
Beach day time and party night time, even in winter, the climate of this city allowing almost every lust and extravagance imaginable. In bars, cafeterias and night clubs, people parade, strut, take drugs and drink with a Mediterranean and openly gay-friendly exuberance. The wind of Catalonia, minus the independence and traditionalism. In Barcelona, ​​we don't pray, we sing. And even if we sing big lies, it doesn't matter, as long as a risky business is there to have our back !



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HELSINKI & SURROUNDINGS - FINLAND (September-October 2023)

C'est par une fin d'après-midi d'août qu'elle arriva à Helsinki, capitale de la Finlande, par un 
train tout ce qu'il y a de plus moderne, qui la transporta en 16 minutes top chrono pas loin de l'hôtel... Où plutôt l'énorme usine à gaz qui s'étendait sur plusieurs étages et comprenait plusieurs dortoirs de pas moins de 20 lits chacun, alignés en rangs d'oignon. Sa première nuit fut blanche. On l'avait parqué près de la porte principale et les allées et venues des gens, additionné au claquements de portes et la lumière allumée l'empêchaient tout simpelment de fermer l'oeil.
It was late in the afternoon in August when she arrived in Helsinki, the capital of Finland, by a very modern train, which transported her in 16 minutes top time not far from the hotel... Or rather the enormous gas plant which extended over several floors and included several dorms of no less than 20 beds each, lined up in rows of onions. Her first night was sleepless. She has been parked near the main door and the comings and goings of people, added to the slamming of doors and the lights on, simply prevented her from sleeping.

Les jours suivants à Helsinki furent ponctués de visites dans le centre de la ville et au sauna, composé de plusieurs baraques de bois faisant face à un lac. Les gens avaient l'habitude de s'ébouillanter dans ces petits cloaques avant d'aller plonger leurs corps dans l'eau de septembre, déjà bien froide. Une purification des toxines à laquelle s'adonnaient la populace finoise du coin, majoritairement il faut bien le dire, composée de personnes âgées.
The following days in Helsinki were punctuated by visits to the center of the city and to the sauna, made up of several wooden huts facing a lake. People used to scald themselves in these little cesspools before immersing their bodies in the September water, which was already quite cold. A purification of toxins which the local Finnish populace indulged in, mostly, it must be said, made up of elderly people.

Bien vite, elle avait migré près des forêts et des prairies. En une petite heure seulement de marche à pieds elle s'était retrouvée dans ce côtage, cette maison rouge tout de bois construite où les gens venaient et partaient au cours de leurs périgrinations. Baisaient et buvaient aussi, à l'occasion... Une maison entourée d'arbres et d'un large jardin où cohabitaient de vieux objets rouillés tous plus kitchs les uns que les autres : un vieux trampoline, un vieux poèle à charbon, une vieille balançoire, un vieux salon de jardin et des lampes par ci, par là. un joyeux bric-à-brac dans lequel on n'avait pas de mal à imaginer la présence de quelque lutin malicieux...  Cette maison lui était étrangement familière, malgré les aboiements de la fille du couple qui la louait, une sorte de jeune chien défendant son territoire... Elle aimait cette maison et il semblait que cette dernière la protégeait en retour.
Very quickly, she had migrated near forests and meadows. In just an hour of walking she found herself in this cottage house, this red house entirely built of wood where people came and left during their wanderings. Also fucking and drinking, occasionnally... A house surrounded by trees and a large garden where old rusty objects coexisted, each one more kitsch than one another: an old trampoline, an old coal stove, an old swing, an old living room garden and lamps here and there. A joyful mess in which it wasn't difficult to imagine the presence of some mischievous elf... This house was strangely familiar to her, despite the barking of the daughter of the couple who rented it, a kind of young dog defending its territory... She loved this house and it seemed that it protected her in return.

Elle aimait aussi cette petite banlieue résidentielle avec ses parcs bien soignés, et même son petit magasin de proximité et ses tarifs ubuesques. Et surtout, elle aimait la forêt et ses marais qui prenaient place, non loin de là, la forêt profonde faite de hauts pins... Oui, elle aimait cette petit ville coquette et résidentielle, malgré le gros côté taciturne de la population. Une population  de centre-droit, pour sûr aisée avec de grosses voitures électriques !
She also loved this small residential suburb with its neat parks, and even its small convenience store and its outrageous prices. And above all, she loved the forest and its swamps that took place, not far from there, the deep forest made of tall pines... Yes, she loved this quaint and residential little city, despite the large taciturn side of the population. A center right-wing population, certainly well-off with big electric cars !


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BRUSSELS - BELGIUM ( September 2023)



C'était une ville-musée où s'étalaient les vitrines fleuries et décalées qui exposaient des articles luxueux et une ville résolument médiévale. Bien sûr, tout autour, comme toute ville médiévale qui était un conglomérat de substrats architecturaux historiques propres à leur époque, il y avait toute la partie résidentielle et bétonnée du sol au plafond, cette architecture froide et fonctionnelle qui encapsulait toutes les villes de sa coquille de béton. 
It was a museum town filled with flowery and quirky windows displaying luxurious items and a resolutely medieval town. Of course, all around, like any medieval town in any medieval town which was a conglomeration of historical architectural substrates specific to their era, 
there was the entire residential part, concreted from floor to ceiling, this cold and functional architecture which encapsulated all the cities with its concrete shell.


L'atmosphère était à la fête car le réchauffement climatique était de la partie. 35 degrés à l'ombre pendant deux semaines consécutives, c'était plutôt inhabituel, même pour un été indien dans l'Europe centrale. Ajoutons à cela l'orchestre symphonique se produisant sur la scène de la grand-place en ce dimanche après-midi et le tableau était complet. A Bruxelles, on se doit d'être fortuné, car la vie est chère. On peut le montrer mais avec cette espèce de gaîté un peu exhubérante, pas trop non plus cependant. Bourgeoisie un peu décalée tout en restant comme on dirait convenue. 
The atmosphere was festive because global warming was part of it. 35 degrees in the shade for two weeks in a row was rather unusual, even for an Indian summer in Central Europe. Think about the symphony orchestra performing on the stage of the main square on this Sunday afternoon and the picture was complete. In Brussels, you have to be wealthy, because life is expensive. One can show it but with this sort of slightly exuberant gaiety, yet not too much either. A little offbeat bourgeoisie while remaining, as one would say, conventional.


Il n'y a qu'à Bruxelles qu'on peut trouver une balançoire dans une église, ou un magasin spécialisé dans les crucifix en plastique rose et vert pomme. 
Il n'y a qu'à Bruxelles qu'on peut trouver un night club qui affiche clairement la couleur de la prostitution avec paillettes dorées. 
Only in Brussels can you find a swing in a church, or a store specializing in pink and apple green plastic crucifixes. 
Only in Brussels can you find a night club that clearly displays the color of prostitution with golden glitter.

Bruxelles, qui avait bien sûr tirer avantage du boom des manufactures en Europe après avoir bouffé à tous les râteliers avec la construction de véhicules, le raffinage chimique, le luxe du chocolat ou encore l'agriculture, était en déclin depuis maointenant plus de quatre sicèles et cela pouvait se ressentir dans l'atmosphère post-fête de ses rues, dont le calme avait quelque chose de vide. 
Brussels, which had of course taken advantage of the manufacturing boom in Europe after doing a bit of both with the construction of vehicles, chemical refining, the luxury of chocolate and even agriculture, had been in decline for more than four centuries now. and this could be felt in the post-party atmosphere of its streets, whose calm had something of emptiness.

Le plus raffiné se mêlait pour ainsi dire au plus obcène dans une gaîté d'indifférence libérale triomphante, et grand bien cela fasse à tout le monde. 
The most refined mingled, so to speak, with the most obscene in a cheerfulness of triumphant liberal indifference, and it did everyone a lot of good.


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E T H I O P I A (August to October 2022)


Elle n'était pas encore arrivée en Ethiopie qu'elle pouvait déjà ressentir son empreinte atypique. Quelque chose de terne, de doux et de piégeux. Il ne lui fallu pas attendre plus d'une heure pour que les passagers viennent s'entasser autour du SAS dédié à la vérification des bagages. Des familles dont on pouvait parfaitement deviner le rang social, à en juger par la fantaisie de leur accoutrement. Les femmes exhibant leur brushing et les hommes leurs chaussures flambantes en cette nuit de juillet. Et c'est dans le ballet de leurs sacs passant sous l'oeil froid du long corps de l'animal les gobant un à un qu'ils échangeaient joyeusement. Si fiers d'avoir pu séjourner dans un pays occidentalisé. Si fiers d'avoir pu dépenser leur argent et faire la démonstration d'une réussite sociale, à plus forte raison une réussite "noire".
She had not yet arrived in Ethiopia that she could already feel its atypical imprint. Something dull, soft and tricky. It didn't take to wait more than an hour for the passengers to pile up around the airlock dedicated to baggage checks. Families whose social status one could easily guess, judging by the fantasy of their attire. The women showing off their brushing and the men their brand new shoes during this night of July... In the ballet of their bags passing under the cold gaze of the animal's long body swallowing them down one by one that they exchanged happily. So proud to have stayed in a westernized country. So proud to have been able to spend their money and demonstrate a social success, let alone a "black" success.


On pouvait les voir sur les banquettes de l'aéroport du Caire, par groupes de quatre à huit personnes, discuter activement de leurs péripéties. Enthousiastes et fiers comme des papes, ils veillaient bien à ne pas se disperser mais aussi à l'ignorer superbement. Probablement un avant-goût de la mentalité de la petite bourgeoisie d'Addis Ababa.
C'est par un matin brumeux qu'elle arriva dans la capitale. Brumeux comme l'état d'esprit qui l'habitait : Mais que diable allait-elle faire là-bas ?

They could be seen on the benches of Cairo airport, in groups of four to eight people, actively discussing their adventures. Enthusiastic and proud as popes, they were careful not to disperse but also to properly ignore her. Probably a taste of the mentality of the Addis Ababa petty bourgeoisie.
It was on a misty morning that she arrived in the capital. Hazy like her mood back then : What the hell was she doing there ?


Déjà fatiguée par un voyage en Egypte lui ayant coûté ses nerfs et son ordinateur portable, voilà qu'elle allait rejoindre le présumé amour de sa vie en terres obscures d'Afrique noire. Si l'amour n'était pas aveugle, alors c'est qu'elle ne devait rien y connaître. Elle se souviendrait toujours de l'aéroport de Bole, un immense bâtiment à la lumière crue et à l'architecture purement industrielle. Le carrelage pâle et les arcanes de fer soutenant le toit de tôle... Un aéroport purement fonctionnel.
Already tired by a trip to Egypt that cost her nerves and her laptop, now she was going to join the so-called love of her life in the dark lands of black Africa. If love wasn't blind, then she must have known nothing about it. She would always remember Bole Airport, a huge building with harsh light and purely industrial architecture. The pale tiles and the iron arcana carrying the sheet metal roof... A functional airport, in short.


Elle arriva en pleine nuit, dans le froid de cette capitale par encore éveillée. Dans le silence humide de la saison d'hiver, elle pouvait distinguer le bruit de menus insectes. De grosses voitures noires aux vitres teintées stationnaient aussi sur l'esplanade du parking. Après qu'un taxi l'ait jetée dans une rue à quelques pas du centre-ville, elle se retrouva à tenter de s'introduire dans la cour de l'hôtel qu'elle avait réservé au préalable. Aucune sonnette à disposition. Elle pouvait seulement entendre un chien aboyer en guise de bienvenue. C'est alors qu'elle eu l'idée de solliciter l'aide d'un jeune  garçon, qui lui fit comprendre qu'il fallait s'y prendre à l'africaine pour avoir des chances de pénétrer en ces lieux : c'est-à-dire toquer directement à la porte de métal pour qu'on aille lui ouvrir.

She arrived in the middle of the night, in the cold of this capital not yet awake. In the damp silence of the winter season, she could make out the sound of small insects. Big black cars with tinted windows were also parked on the parking lot esplanade. After a taxi dropped her in a street a short walk away from downtown, she found herself trying to break into the courtyard of the hotel she had previously booked. No bell available. She could only hear a dog barking in welcome. At this very moment, she got the idea of seeking the help of a young boy, who made her understand that she was supposed to go about it the African way to get the chance of entering this place : that's to say knocking at the metal door so that we could open it up.


On l'emmena dans une petite pièce humide et sombre. Lorsqu'elle voulut prendre une douche pour se réchauffer et se décrasser de son périple de départ de l'Egypte, le pommeau cracha quelques jets. Peu de temps après, c'est tout le réseau électrique qui fit des siennes. Les pannes d'électricité étaient monnaie courante en Ethiopie, surtout dans les quartiers sans activités industrielles. Elle compris donc qu'il lui fallait, comme on dit, aller voir ailleurs. Fuir le plus vite possible un endroit qui, pour sûr, promettait des tracas quotidiens. Travailler en ligne s'avérait plus que périlleux. Et bien sûr, le fait d'avoir précisé ce détail à son hôte ne l'avait pas empêché de se retrouver dans cette situation. En cette matinée grise d'hiver, le fait était qu'elle se retrouva seule dans cette pièce froide et sans outil de travail.
They took her to a small, damp and dark room. When she wanted to take a shower to warm up and clean off her journey from Egypt, the shower head spat out a few jets. Shortly after, the entire electrical network acted up. Power outages were common in Ethiopia, especially in neighborhoods without industrial activities. So she understood that she had to, as they say, look elsewhere. To leave as quickly as possible a place which, for sure, promised daily hassles. Working online was more than  perilous. And of course, the fact of having clarified this detail to his host had not prevented him from finding herself in this situation. On this gray winter morning, the fact was that she found herself alone in this cold room and without work tools.


La journée promettait d'être longue. Elle se mit en quête d'un ordinateur sans penser à rien. Tel un ordinateur quantique qui justement solliciterait tous ses logiciels à la fois pour résoudre une équation obscure. Elle se dirigea donc Smartphone à la main vers le premier arrêt de bus venu. Sapée de quelques habits recouvrant tant bien que mal ses jambes et ses bras, elle fit irruption au milieu des passants se pressant le long des bidonvilles. Blanche, d'un blanc immaculé, elle était l'objet de curiosité de ces messieurs-dames. Les femmes la reluquaient avec méfiance, tandis que les hommes frôlaient l'hystérie. D'autres regardaient la scène d'un peu plus loin en se frottant les mains. Et c'est au terme d'une journée entière à écumer les rues d'Addid Ababa, dans le chaos urbain naissant d'un pays se développant sur les bases précaires d'un néolibéralisme sauvage qu'elle trouva refuge au "Miracle hotel", et le mot en disait long sur l'issue de son périple.
The day promised to be long. She went looking for a computer without thinking of anything. Like a quantum computer which would precisely request all its software at the same time to solve a tough equation. So she walked Smartphone in hand to the first bus stop. Dressed down in a few clothes covering her legs and arms as best she could, she burst into the middle of the passers-by crowding along the shantytowns. White, immaculately white, it was the object of curiosity of these ladies and gentlemen. The women eyed her suspiciously, while the men bordered on hysteria. Others watched the scene from a little further away, rubbing their hands. And it was after a whole day scouring the streets of Addid Ababa, in the emerging urban chaos of a country developing on the precarious foundations of savage neoliberalism, that she found refuge in the "Miracle hotel" , and the word said a lot about the outcome of his journey.


Coquille d'escargot dans le dos et ordinateur portable à la main, elle essayait tant bien que mal de coupler sa vie de professeure avec sa vie de fille sauvage, ce rêve d'immersion dans toutes les bigarrures possibles et immaginables du monde.
Bientôt, elle prendrait place dans un des épais fauteuils trônant à l'accueil de l'hôtel. Et c'est dans cette atmosphère à la fois traditionnelle et aseptisée que son amour allait la rejoindre. Bientôt, il se tiendrait devant elle, la scrutant avec un mélange de curiosité et d'enthousiasme : c'était donc vrai qu'elle avait fait tout ce chemin là pour arriver jusqu'à cette capitale obscure d'Afrique ?
Snail shell in the back and laptop in hand, she tried as best she could to couple her life as a teacher with her life as a wild girl, this dream of immersion in all the possible and unimaginable variegation of the world.
Soon, she would take her place in one of the thick armchairs enthroned at the reception of the hotel. And it was in this atmosphere that was both traditional and sanitized that her love would join her. Soon he would be standing in front of her, scrutinizing her with a mixture of curiosity and enthusiasm: so it was true that she had come all this way to get to this obscure capital of Africa?


Tout ce chemin, alors que revenir en Afrique était bien la dernière des choses à laquelle elle aspirait ! Quant à lui, il revenait d'un périple en bus depuis Mombasa en passant par Nairobi et jusqu'à Addis Ababa. Périple au cours duquel il avait dû traverser la frontière, no-mans land où sévissaient les traffics en tous genres et la violence, les militaires exerçant leur abus de pouvoir, ruant de coups celui qui se permettrait de refuser le backchich. Pour le reste, même si aucun couvre-feu n'était officiellement instauré, il ne valait mieux pas s'aventurer aux alentours à la nuit tombée. A moins d'être certain de pouvoir passer entre les balles de gun qui retentissaient de temps à autre.
All this way, while returning to Africa was the last thing she wanted! As for him, he had just returned from a trip by bus from Mombasa via Nairobi to Addis Ababa. Journey during which he had to cross the border, a no-mans land where all kinds of trafficking and violence were rife, the soldiers abusing of power, kicking anyone who would refuse the backchich. For the rest, even if no curfew was officially established, it was better not to venture around after dark. Unless you were certain of being able to pass between the bullets that rang out every now and then.


Il essayait de rencontrer son regard par-dessus l'écran d'ordinateur sur lequel elle était rivée. Le regard des retrouvailles, mais aussi du soulagement. Elle le regardait discrètement comme lors d'une première rencontre, lorsque discrètement le regard se perd en l'autre pour le sonder. Il lui fit l'amour comme s'il n'avait pas mangé depuis 5 jours et ils dénichèrent un endroit où aller, dans cette capitale où la connexion Internet était aussi aléatoire que le droit des femmes.
He was trying to meet her gaze over the computer screen she was riveted to. The look of reunion, but also of relief. She looked at him discreetly as during a first meeting, when the gaze discreetly loses itself in the other to probe him. He made love to her as if he hadn't eaten for 5 days and they found a place to go, in this capital where the Internet connection was as random as women's rights.


Quelque temps plus tard, après avoir écumé la capitale à la recherche de quelque nourriture culturelle et intellectuelle, elle décida de prendre le large à la campagne, près d'un lac. Après être tombés sur un piètre personnage aux allures de cavalier servant, ils attérissèrent dans un endroit où ils étaient supposés aller depuis le début. Un petit havre de paix regroupant un ensemble de chambres avec une coursive en plein milieu et des arbres plantés dans des bacs de terre. Des oiseaux y séjournaient aussi et ponctuaient leurs déjeuners, leurs petits-déjeuners et leurs nombreuses disputes de "coucous" entendus.
Some time later, after having scoured the capital in search of some cultural and intellectual nourishment, she decided to take off in the countryside, near a lake. After stumbling upon a poor figure looking like a serving horseman, they landed in a place where they were supposed to go all along. A small haven of peace comprising a set of rooms with a passageway in the middle and trees planted in earthen containers. Birds also stayed there and punctuated their lunches, their breakfasts and their many disputes with heard "coucous".

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E G Y P T (July 2022)


Les terres d'Egypte, dans le silence de leur aridité, avaient vu naître, il y a plus de 3000 ans, une sagesse. Mais une sagesse assez ancrée pour faire de la pyramide le digne représentant d'une symbolique spirituelle. L'entrée de la pyramide représente la quête du sens de la vie. La base de la pyramide le corps incarné, les côtés la recherche spirituelle et ses moults tentatives d'élévation et le sommet l'hramonie de l'union avec le soi supérieur. La pyramide représente donc pour ainsi dire la forme du corps physique émergeant symboliquement de la terre pour se hisser vers la lumière du soleil. L'Homme réalisant qu'il n'est pas que son corps et son intellect, mais bien plus encore ; un fragment de la conscience universelle.
The lands of Egypt, in the silence of their aridity, saw the birth of a wisdom, more than 3000 years ago. But a wisdom anchored enough to make the pyramid the worthy representative of a spiritual symbolism.  The entrance of a pyramid stands for the search for the sense of life. The base of the pyramid for the embodied body, the sides for the spiritual research and its many attempts at elevation, and the top for the harmony of union with the higher self. The pyramid therefore represents, so to speak, the form of the physical body symbolically emerging from the earth to rise towards the light of the sun. The humankind realizing that he isn't only his body and his intellect, but much more ; a fragment of the universal consciousness.

Une sagesse également assez développée pour faire de l'androgynie une esthétique, ce qui sera ensuite repris dans la Rome antique. La figure du Sphinx étant un alliage entre homme, femme et animal symbolisant la complétude de la conscience.
Also a sufficiently developed wisdom to make androgyny something aesthetic, which will then be taken up in ancient Rome. The figure of the Sphinx being an alloy between man, woman and animal symbolizing the completeness of consciousness.

Cependant, avec le temps, cette sagesse se perdit car les initiés, qui recelaient les secrets de l'accomplissement, perdirent de leur influence et les pyramides furent utilisées pour d'autres finalités. C'est ainsi que la superstition naquit et que l'on commença à y implenter des tombes et à y faire des offrandes à des dieux que l'on craignait. Et c'est peut-être ici que tout à basculé : les initiés qui cherchaient le divin en eux se sont mis à le rechercher à l'extérieur, et ce par des moyens matériels.
However, over time, this wisdom got lost because the initiates, who used to hold the secrets of achievement, lost their influence and the pyramids were used for other purposes. This is how the superstition was born, and people began to build tombs there and make offerings to the god they feared. And perhaps it's here that everything changed : the initiates who sought the divine within themselves began to seek it outside, and this by material means.

Des croyances primitives pétries de préjugés qui se sont renforcées et même durçies au fil des millénaires et des siècles et qui, dans la perpétuation de la religion musulmane et de sa pratique litérale et aveugle, ont trouvé un écho encore plus fort.
Primitive beliefs steeped in prejudices which have been reinforced and even hardened over millenia and centuries and, in the perpetuation of the Muslim religion and its literal and blind practice, have found an even stronger echo.

Il est donc par cela manifeste que ceux qui ont été à l'origine des pyramides étaient des être trop éclairés pour déléguer leur construction à des esclaves. Ces édifices témoignent non seulement d'un sens de la symbolique élevé, mais aussi d'une grande maîtrise de la nature qui a permis de transcrire matériellement celle-ci. Bien sûr, ces pierres d'une lourdeur titanesque n'ont pu simplement être transportées par bateau. Ces êtres ont utilisé leur compréhension des lois sacrées pour fabriquer des pierres en apesanteur. Ils pouvaient ainsi réduire l'attraction gravitationnelle d'énormes blocs de pierre, leur permettant ainsi d'être utilisés sans effort. L'idée d'une immense armée d'esclaves construisant les pyramides n'a été créée pour ainsi dire que parce que de nombreux égyptologues modernes, en raison de leurs préjugés, ne pouvaient pas concevoir que les anciens Égyptiens aient pu disposer d'une technologie inconnue de l'homme moderne.
It is therefore obvious that those who were at the origin of the construction of the pyramids were too enlightened beings to delegate their construction to slaves. These buildings not only bear witness to a high sense of symbolism, but also to a great mastery of nature which has made it possible to materially transcribe it. Of course, these stones of a titanic heaviness weren't likely to be carried by boat. These beings used their understanding of sacred laws to craft stones in weightlessness.
They could thus reduce the gravitational pull of huge blocks of stone, allowing them to be used effortlessly. The idea of a huge army of slaves building the pyramids was created so to speak only because to many modern Egyptologists, due to their prejudices, it wasn't conceivable that the ancient Egyptians could have had a technology unknow to modern man.

Mais ces êtres étaient en fait des êtres avancés, qui avaient choisi stratégiquement ce lieu afin d'y infuser quelques vibrations élevées. Et ce, au moyen d'une géométrie sacrée dont les ondes de forme avaient vocation à encoder profondément l'environnement d'informations préceptrices.
But these beings were in fact advanced beings, who had strategically chosen this place in order to infuse some high vibrations into it. And this, by means of sacred geometry whose waves of form were intended to deeply encode the environment with precepting information.

Le peuple égyptien, outre les réserves en gaz, pétrole et minerais dont il dispose, se développe à l'heure d'aujourd'hui en faisant allègrement commerce de ce qui fut instillé par des consciences supérieures. L'approche mercantile y fait loi, et ce dans tous les domaines sociétaux. Une espèce de calcul d'intérêts - y compris les moindres - guide les actes, business ou non. Une envie pressante d'engranger le gain est palpable, conjuguée à une répugnance à connaître autrui lorsque la famille ou la tradition ne sont pas conviées à ladite rencontre. Rencontrer un autre que soi, d'un autre bois ou d'une autre culture paraît tout bonnement inenvisageable sans leur aval.
The Egyptian people, in addition to the reserves of gas, oil and minerals at their disposal, are developping today by cheerfully trading in what was instilled by superior consciousnesses. The mercantile approach lays down the law, and this in all areas of society. A kind of interest of calculation -including the least- guides the acts, business or not. A pressing desire to reap the gain is palpable, combined with a reluctance to know others when family or tradition are not invited to the said meeting. Meeting someone other than ourselves, from another wood or another culture seems quite unthinkable without their approval.

Les cadres de rencontre sont d'ailleurs rigides et se limitent à quelques lieux qui, pour légitimer leur existence, brandissent la modernité à qui veut bien y prêter l'oreille. C'est ainsi que des îlots de brassage social et culturel naissent dans les Starbucks, auberges de jeunesse branchouille et autre endroits américanisés au sein desquels les égyptiens de classe moyenne supérieure souffleront un peu.
Meeting frameworks are moreover rigid and limited to a few places which, to legitimize their existence, brandish modernity to whoever wants to listen to it. This is how islands of social and cultural mixing are born in Starbucks, youth hotels and other Americanized places in which the Egyptians of the upper middle class will breathe a little.

L'éducation et l'ouverture sur le monde, est elle aussi opérée désormais avec parcimonie. L'anglais est parlé par les classes supérieures, et c'est non sans un certain dédain qu'il est inculqué aux enfants. Ces derniers étant jalousement gardés au chaud des certitudes culturelles et religieuses, pourvu qu'ils ne fassent pas d'ombre aux anciens.
Nowadays, education and openness to the world are also operated with parsimony. English is spoken by the upper classes, and i's not without a certain disdain that it's instilled in children. The latter being jalously guarded against cultural and religious certainties, provided they don't upstage the elders.

Mais la construction de ces édifices, qui détonnent maintenant avec l'ampilement d'immeubles de béton aux formes angulaires et s'étendent à perte de vue dans les banlieues du Caire, n'était peut-être qu'un labour prophétique. Un travail en amont visant à, disons "atténuer" la perdition du peuple égyptien dans les travers de cette époque. Travers dans lesquels tous les peuples de pays comme on a pudiquement coutume de le dire "en voie de développement", pour éviter d'employer l'expression "pas encore occidentalisés", tombent. Cédant à la facilité des réseaux sociaux et à la culture du zapping tout en prenant la direction d'un islamisme forcenné qui remet la faculté de penser par soi-même entre les mains d'une autorité absolue. Tout ceci offrant un cadre aussi rigide que rassurant, redonnant ainsi l'espoir dans cette vie d'y entrapercevoir un sens, à défaut de pouvoir le discerner par le truchement de ses propres antennes.
But the construction of these buildings, which now clash with the pile of angular concrete buildings and strech away as far as the eye could see in the foggy suburbs of Cairo, was perhaps only a prophetic ploughing. An upstream work aiming to, let's say, "mitigate" the perdition of the Egyptian people in the failings of this time. Failings in which all the peoples of countries as we have modestly used to say "in the process of development", to avoid using the expression "not yet westernized", fall down. Giving in to the tempatation of the easy social networks and the culture of zapping while taking the direction of a frenzied islamism which puts the ability to think for oneself back in the hands of an absolute authority. All this offering a framework as rigid as it is reassuring, thus restoring in this life of glimpsing a meaning in it, if not being able to detect it through one's own antennas.

La religion comme pansement de l'ignorance. Ignorance factuelle et ignorance de soi. Mais ces terres avaient été travaillées en amont pour que l'accouchement d'un monde plus évolué puisse s'opérer dans les conditions les moins brutales possibles pour ce peuple archaïque, de sorte que le rayonnement quantique de ces constructions puisse vibrer suffisamment haut pour que les hommes, à défaut de rechercher en leur âme et conscience l'harmonie, ne s'entretuent pas.
Religion as bandage for ignorance. Factual ignorance and self-ignorance. But these lands had been worked upstream so that the birth of a more evolved world would take place in the least brutal conditions for this archaic people, in such way that the quantum vibration of these constructions can vibrate high enough so that men, from their soul and their conscience, do not kill each other. 

Ces terres arides, arides comme le coeur des égyptiens, allaient ce faisant voir éclore en leur sain un semblant de bonté.
These arid lands, arid like the hearts of the Egyptians, were going to see a semblance of goodness hatch in them. 



Story written with the help of the following article : The Spiritual Significance of the Egyptian Pyramids (msingiafrikamagazine.com) 

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K E N Y A (December 2021 to March 2022)


Arrivée à l'aéroport, elle eu peine à y croire : Avait elle vraiment réussi à repousser les limites de l'imaginable, à atteindre ce point de l'espace terre qui ne serait-ce que 2/3 ans en arrière lui avait semblé inaccessible ?
Arrived at the airport, she could hardly believe it : Had she really succeded in pushing the limits of the imaginable, to reach this point in earth space which even 2/3 years ago had seemed inaccessible to her ?

Seulement 8h de vol après s'être rendue dans la banlieue parisienne et une bonne heure à attendre son tour à la douane, elle y était, dans cet autre monde.
Only 8 hours of flight after going to the Parisian suburbs and a good hour waiting for her turn at customs, she was there, in this other world.

Et elle pouvait déjà sentir la pression autour d'elle, une effervescence qui lui était inconnue, mais qui était palpable.
Une tension sauvage qui augurait de nombreuses aventures, et les déconvenues qui vont avec. Elle sentait déjà qu'elle allait devoir faire face à bon nombre de problèmes, mais sentait aussi qu'elle était gonflée à bloc, prête, offerte à la démesure de cet autre monde.
And she could already feel the pressure around her, an effervescence that was unknown to her, but still palpable.
A wild tension that augured many adventures, and the disappointments that go with it. She already felt that she was going to have to face a lot of problems, but also felt that she was pumped up, ready, offered to the excesses of this other world.
 
Peut-être pas tant que cela quand même, les rapports humains restant toujours ce qu'ils sont. Des relations pétries d'actes manqués, de frustration et de pudeur. Les rapports humains et leur universalité parfois sordide...
La première étape fut éprouvante. Le périple commença difficilement. Elle n'avait trouvé de place que dans un endroit lugubre, un hôtel miteux coincé entre deux bureaux et la jungle des vendeurs de tout et de rien, cohue folle à ciel-ouvert où pour quelques shillings, on vous aurait marché sur la tête ou taillé en pièces.
Maybe not that much anyway, human relationships always remaining what they are. Relationships steeped in misdeeds, frustration and modesty. Human relationships and their sometimes sordid universality...
The first step was tough. The journey began with difficulty. She had only found a spot in a dismal place, a shabby hotel wedged between two offices and the jungle of sellers of everything and anything, a mad crowd in the open air where for a few shillings, you would have been walked on your head or cut into pieces.
 
Nairobi était la capitale du Kenya. Mais la misère humaine, résultante d'un état corrompu, faisait d'elle et de ses habitants des espèces de chauve-souris assoiffées d'argent. Sans parler du fait qu'une pseudo-pandémie était passée par là. Tous n'avaient que cela en tête, s'acharnant sur les passants, qui eux-mêmes marchaient dans la rue d'un pas pressé vers on ne sait quel but.
Nairobi was the capital of Kenya. But human misery, resulting from a corrupt state, made it and its inhabitants kinds of bats thirsty for money. Not to mention the fact that a pseudo-pandemic had passed through. Everyone had only that in mind, harassing the passers-by, who themselves were walking in the street with a hurried step towards who knows what goal.
 
Tous s'affairaient en permanence de 8h du matin jusqu'à 8h du soir, pourvu que la pêche soit bonne. Rien de pur ne pouvait faire son chemin dans ces esprits comprimés, compressés par le stress et l'appât du gain. Aucune émotion ni aucune idée n'aurait pu y fleurir, tant ils étaient encombrés et tendaient vers un seul et même but : survivre.
Survivre, au détriment d'autrui.
All were constantly busy from 8 am until 8 pm, provided the fishing was good. Nothing pure could find its way into these compressed minds, compressed by stress and greed. No emotion or idea could have flourished there, they were so cluttered and tended towards one and the same goal: to survive.
Survival, at the expense of others.
 
Elle était la seule blanche "musungu" au milieu de la marée humaine, et l'on lui faisait sentir sa vulnérabilité sans détour. La seule blanche de tout le quartier, coincée entre les fines parois de sa chambre. Elle avait choisi cet hôtel - ou plutôt cette prison - car il était le seul abordable  qui soit pourvu d'une bonne connexion Wi-Fi.
She was the only white "musungu" in the middle of the human tide, and she was frankly made to feel her vulnerability. The only white woman in the whole neighborhood, wedged between the thin walls of her room. She had chosen this hotel - or rather this prison - because it was the only one affordable with a good Wi-Fi connection.
 
Ca n'était pas le tour de voyager, encore fallait il gagner sa croûte. Elle essayait tant bien que mal de concilier aventures et stabilité matérielle. Poésie et pragmatisme. Seulement, voilà qu'elle se retrouvait prise au piège de ses propres ambitions. Lorsqu'elle se risquait dans la rue, elle était harcelée par mille hommes lui demandant de l'argent comme on lui aurait demandé de passer le sel.
Elle qui avait fantasmé le Kenya, ses paysages et son peuple soi-disant spirituel, tout cela était bien loin...
It wasn't all about traveling, you still had to earn your living. She was trying somehow to reconcile adventures and material stability. Poetry and pragmatism. But now she found herself caught in the trap of her own ambitions. When she ventured into the street, she was harassed by a thousand men asking her for money as they would have asked her to pass the salt.
Her, who had fantasized about Kenya, its landscapes and its so-called spiritual people, all that was far away...
 
Américanisation, modernisation, urbanisation s'étaient emparé de ces terres vierges, et ce depuis le traité de Berlin, fin 19ème. Terres vierges et innocentes que la colonisation allait changer en plateau de Monopoly où l'on achète, où l'on construit, où l'on spécule. Où l'on allait évincer d'un coup de milliards de shillings et de dollars non seulement une culture ancestrale, mais encore les solidarités mécaniques qui allaient avec.
Americanization, modernization, urbanization had taken hold of these virgin lands, and this since the Treaty of Berlin, late in the 19th century. Virgin and innocent lands that colonization would soon change into a Monopoly board where one buys, where one builds, where one speculates. Where one was going to oust by a blow of billions of shillings and dollars not only an ancestral culture, but also the mechanical solidarities which went with it.
 
Nairobi, là où les blancs, les noirs et les indiens vivaient dans des quartiers disparates. Autant dire que rien, à présent, ne pouvait donc plus extraire quiconque de la logique imparable de la survie qui n'avait d'ailleurs rien à voir avec celle de l'Afrique du sud ; hargne qui ne reposait même pas sur un esprit revanchard anti-blanc, mais un autre racisme qui ne réclamait plus du blanc qu'une seule chose : de l'argent.
Nairobi, where whites, blacks and Indians lived in disparate neighborhoods. In other words, nothing now could extract anyone from the unstoppable logic of survival, which had nothing to do with that of South Africa. Rage that wasn't even based on a revengeful anti-white spirit, but another racism that demanded only one thing from the white: money.
 
Elle fit un break ensuite par Kibwezi. Petite ville perdue entre Nairobi et Mombasa, au milieu d'une forêt luxuriante et de la savane, jamais non loin de là étant donné la superficie du parc naturel du Kenya. Ca y est. Elle entrait dans le Kenya profond. Elle était en Afrique et les lieux se transformeraient bientôt en marécages dans lesquels la Malaria prospérait sous les assauts des fortes pluies saisonnière. Le Kenya était en quelque sorte un puzzle géant où plusieurs climats cohabitaient et où les saisons ne se ressemblaient pas, que l'on se situe au nord, au sud, à l'est ou à l'ouest du pays.
Then she made a break by Kibwezi. A small town lost between Nairobi and Mombasa, in the middle of the lush forest and the savannah, actually never close to it, given the size of the Kenya's natural park. That's it. She was entering deep Kenya. She was in Africa and the place would soon turn into swamps where Malaria thrived under the onslaught of heavy seasonal rains. Kenya was a kind of giant puzzle where several climates cohabited and where the seasons were not alike, whether you are in the north, south, east or west of the country.
 
De toute façon, il lui fallait gagner Mombasa dès demain. La connexion ne passait pas car le réseau ne supportait pas les conditions climatiques de la saison : des pluies torrentielles par intermittence et d'une violence assez impressionnante. Bref, le réseau était instable et il lui était impossible d'arrêter le travail. Après s'être faite gentiment arnaquer, elle partit en catastrophe de l'hôtel, faisant face à la grand-route. Un homme l'a pris en stop, il travaillait pour le gouvernement non loin de là et faisait des allers-retours fréquents entre sa maison et son travail. Cela évidemment l'ennuyait, mais lui permettait également à l'évidence de faire vivre sa famille confortablement. Sa voiture toute-équipée ne le rendait pas fier pour autant et c'est avec beaucoup de simplicité qu'il l'accueilli à bord. Il n'était pas rare pour lui de prendre des touristes en stop sur la route du travail. Des touristes, il en avait croisé, et c'est tout naturellement qu'il lui demanda ce qu'elle faisait là. Dix minutes plus tard, il la déposait devant une aire de repos où elle serait sûre de dégoter un bus qui l'emmènerait à Mombasa.
Anyway, it took to reach Mombasa by tomorrow. The connection wasn't working because the network couldn't withstand the climatic conditions of the season: intermittent torrential rains of a quite impressive violence. In short, the network was unstable and it was impossible for her to stop the work. After being gently scammed, she rushed out of the hotel, facing the main road. A man picked her up, he worked for the government not far from there and made frequent trips between his house and his work. This obviously annoyed him, but also allowed him also to support his family comfortably. His fully-equipped car didn't make him proud though, and he welcomed her aboard with great simplicity. It wasn't uncommon for her to pick up tourists on the way to work. Telling the truth he had met a good deal of tourists, and it was in a natural way that he asked her what was she doing there. Ten minutes later, he dropped her off in front of a rest area where she would be sure to find a bus that would take her to Mombasa.

Arrivée là-bas, elle ne tarda pas à trouver un hôtel avec piscine qui se révéla au fil du temps assez glauque. D'apparence idyllique, il n'était tout simplement pas entretenu et se baigner dans l'eau stagnante de la piscine lui apparu très vite peu indiqué. Quant à la salle de bain, elle semblait attrayante de prime abord mais l'eau salée et trouble qu'elle crachait n'était pas pour la rassurer non plus... Des papiers jonchaient les balcons, d'un blanc qui peut-être autrefois dans un passé pour le moins lointain, avait été immaculé.
 Arrived there, she soon found a hotel with a swimming pool which turned out to be rather gloomy over time. Of idyllic appearance, it was simply not maintained and bathing in the stagnant water of the swimming pool very quickly appeared to her inappropriate. As for the bathroom, it seemed attractive at first sight but the salty and murky water that it spat out wasn't to reassure her either... Wrappers littered the balconies, white ones that perhaps once in the distant past had been immaculate.

Mais voilà que par une fin d'après-midi de décembre, elle tombait sur un prince de rien du tout, alors qu'elle flânait au bord de l'eau, se promenant en solitaire sur la plage, faute d'avoir autre chose à faire ce jour là... Tous les vendeurs de bracelets, d'habits et d'escapades en tout genre l'accostaient. Le COVID, cette mascarade, avait fait des ravages et ceci ajouté à la corruption et à la sécheresse rendait les choses bien compliquées pour celui qui n'avait pas eu la chance d'aller à l'école et d'obtenir un certificat de scolarité, seul passeport qui conféra le droit à la survie : le droit de travailler.
Behold, one late afternoon in December, she came across a prince of nothing at all, while she was strolling along the water's edge, walking alone on the beach, for lack of anything else to do by that time... All the sellers of bracelets, clothes and getaways of all kinds accosted her. The COVID, this masquerade, had taken its toll and this added to the corruption and the drought made things very complicated for those who hadn't had the chance to go to school and obtain a school certificate , the only passport that conferred the right to survival: the right to work.
 
C'est avec beaucoup de simplicité qu'il l'aborda. Que voulait il ce jeune homme souriant qui portait une casquette enfoncée sur les dreadlocks ?
Il souriait, avec la bouche mais pas avec le regard. Un regard qui portait le poids avec pudeur de la misère matérielle.
It was with great simplicity that he approached her. What did this smiling young man who wore a cap pulled down over his dreadlocks want?
He was smiling, with his mouth but not with his eyes. A gaze that modestly bore the weight of material misery.
 
Elle avançait le long de la plage, en direction de son hôtel, d'un pas volontaire car la nuit commençait à tomber et que du travail l'attendait. Une leçon en ligne était planifiée avec un élève, Guillaume. Lui aussi suivait la même direction et ils discutaient de tout et de rien comme des vendeurs passaient entre eux, tentant désespérément de l'approcher eux aussi. Comme deux enfants se découvrant pour la première fois, ils cheminaient  joyeusement ensemble, dos tournés au soleil, se posant mutuellement des questions, intrigués l'un par l'autre, sans que ni l'un ni l'autre ne puisse clairement définir le pourquoi de cette curiosité nouvelle.
She walked along the beach, in the direction of her hotel, with a determined tread because it was getting darker and she had some work to do. An online lesson was planned with a student, Guillaume. He was also heading in the same direction and they were chatting about everything and anything while salesmen passing between them, desperately trying to approach her too. Like two children discovering each other for the first time, they walked happily together, their backs turned to the sun, asking each other questions, intrigued by each other, without neither of the two being able to clearly define the why of this new curiosity.
 
Il l'aida à se faufiler à travers les filets de la marée haute, lui tenant délicatement la main gauche, pour ne pas qu'elle ne tombe dans l'eau ou qu'elle se heurte à un rocher. Et lorsque l'obstacle fut franchi, leurs mains restèrent un peu plus longtemps l'une dans l'autre. Et de là commença l'aventure à deux à travers le Kenya que ni lui, ni elle ne connaissaient. Une petite épopée d'ouest en est et du sud au nord dans des hôtels miteux et d'autres plus convenables, des paysages toujours foisonnants, le tout saupoudré d'arnaques et de promesses vaseuses. Ils cheminèrent ensemble plus de deux mois durant ; forniquant et se disputant, s'embrassant et se regardant avec méfiance, rigolant et nageant. Tour à tour compagnons, étrangers l'un à l'autre, amants, ennemis et complices. 
He helped her to slip through the high tide nets, gently holding her left hand, so she wouldn't fall into the water or bump into a rock. And once the obstacle was overcome, their hands remained a little longer one into the another. And from there began the adventure for both of them through Kenya that neither him nor her knew. A little kinda epic from west to east and from south to north in shabby hotels and more suitable ones, lush landscapes, all sprinkled with scams and dodgy promises. C'est ainsi, dans la défiance, les épreuves et les différences, qu'il allaient commencer à s'apprivoiser... 
They walked together for more than two months; fornicating and arguing, kissing and looking at each other suspiciously, laughing and swimming. Alternately companions, strangers to each other, lovers, enemies and accomplices. This is how, in distrust, hardships and differences, that they would begin to tame each other... 



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M A T A L A - CRETE (July 2021)

Fraîchement débarquée d'Héraklion, elle s'était mise en tête d'ausculter une toute autre partie de l'île, ne fusse que pour un temps bref. Un endroit moins tarte à la crème, un endroit où le masque sanitaire ne la priverait pas de ce droit fondamental, que dis-je, de ce besoin élémentaire, j'ai nommé celui de respirer !
Newly arrived from Heraklion, she had taken it into her head to examine a whole other part of the island, if only for a short time. A less expected place, a place where the sanitary mask wouldn't deprive her of this fundamental right, no, this basic need, I named that of breathing !

Un endroit plus informel, plus reculé. A l'abris des regards policiers comme policés. 
A more informal place, more remote. Sheltered from police as well as police eyes. 

Elle l'avait trouvé. 
She found it.

Elle avait déjà pu humer ce parfum spécial. Ile balcanique et culture insulaire, culture à part, par-delà la notion de frontières. Culture insulaire mais bien occidentalisée. 
She had already been able to inhale that special scent. Balkan island and island culture, special culture, beyond the notion of borders. Insular culture, but well westernized, though. 

J'entends par là l'influence de l'Europe du Nord. Quelque chose de sec et de résolument individualiste, qui jamais ne rend heureux, qui jamais ne rend triste. Culture importée par les touristes. Vers une acculturation opportuniste. 
Here I mean the influence of northen Europe. Something dry and resolutely individualistic, which never makes you happy, which never makes you sad. Culture imported by tourists. Towards an opportunistic acculturation. 

Elle arriva par une après-midi d'été. Par le bus traversant l'île dans sa largeur. Un voyage du nord au sud pour atteindre la petite péninsule. 
She arrived on a summer afternoon. By the bus crossing the island in its width. A journey from north to south to reach the small peninsula. 

Elle en avait croisé, des marchands de bijoux et de bibelots à Heraklion. Des chanteurs de stantards et de musiques traditionnelles aussi. Le folklore sympathique et pas trop pimenté, voyez. Remis à la mode du tourisme français. 
She did has met some, jewelry and trinket merchants, in Heraklion. Classical standards and traditional music too. Nice folklore, yet not too spicy, you know. Back in fashion through french tourism. 

Ici, à Matala, sur ce petit morceau de roche, les habitations faisaient toutes face à la mer. Tournesols immaculés du blanc typique de la Grèce, elles semblaient tutoyer le soleil. 
Here, in Matala, on this little piece of rock, the houses faced the sea. Immaculate sunflowers of the typical white of Greece, they seemed to touch the sun. 

Surplombant légèrement la mer, le village s'étendait là, sur un petit kilomètre, au milieu du désert et de la brousse, lagons kaki de bosquets, bouquets arides sur collines sablées. 
Slightly overhanging the sea, the village extended there, over a distance of about one kilometer, in the middle of the desert and the bush, khaki lagoons of groves, arid clumps on sandy hills. 

Les allées du village étaient toute entières revêtues de dessins colorés. Messages d'amour et de paix entre les citoyens. Ici, tout le monde cohabite plus ou moins. Les familles équipées de leurs palmes et de leur glace, les touristes un peu hippie sur les bords et bien sûr les quelques locaux. 
The paths of the village were entirely covered with colorful artworks. Messages of love and peace between citizens. Here, everyone give or take coexists. Families equipped with their fins and ice cream, tourists a bit on the hippie side, and of course the few locals. 

Mais le business ne pourrait guère s'étendre au-delà des montagnes encerclant les lieux. Et c'est peut-être bien ce qui permet aux hobos du coin de continuer tant bien que mal à aller et venir librement dans le village, qui, autrefois, fut leur repaire. Le repaire après tout de tout ceux qui ne cessent de garder le regard fixé vers la mer. Vers l'horizon ; perpétuellement dépassement des frontières, j'ai nommé esprit insulaire. 
But the business could hardly expand beyond the mountains encircling the place. And this is certainly what allows to the hobos around to continue to come and go freely in the village, which, in the past, was their haunt. The haunt after all of all those who keep their eyes fixed on the sea. Towards the horizon ; perpetually crossing the borders, I named the island spirit. 
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B E Z I E R S - FRANCE (June 2021)












Dès son arrivée, elle ressenti comme une lourdeur. L'énergie qui imprègne toute chose est comme une odeur, voyez. Quelque chose de ténu et d'insoutenable. Oui, toute chose s'accompagne d'un champ magnétique, mais quant à sa couleur, son odeur, sa teneur, c'est comme qui dirait une autre pair de manches. On est toujours dans la science, mais la science "fine" qu'on nomme "surnaturel". Béziers est marquée par cette couche fine de ténèbres qui enveloppe chacune des particules de vie qui peut se mouvoir en son sein. Le phénomène étant un peu atténué par une nature généreuse et un peu folle entourant les ramparts de la ville, achevant de la plonger dans son écrin funeste, microcosme bigarré. La pampa nous sauvera tous ! Brousse méditérranéenne revitalisante où trouver refuge, parfois, le long du canal, lors d'une marche solitaire.
As soon as she arrived, she felt like a heaviness. The energy that permeates everything is like a scent, you know. Something tenuous and unbearable. Yes, everything is accompanied by a magnetic field, but as to its color, its smell, its content, it's a different kettle of fish. It's still about science, but the "fine" science that one calls "supernatural". Béziers is marked by this fine layer of darkness which envelops each of the particles of life which can move within it. The phenomenon being a little attenuated by a generous and a little crazy nature surrounding the ramparts of the city, completing to plunge it in its fatal setting, colorful microcosm. The pampas will save us all ! Revitalizing Mediterranean bush where to find refuge, sometimes along the canal, during a solitary walk.


Massacres des Cathares ? Taulards qui s'étaient donné le mot pour venir s'agglutiner ici en raison des bas loyers ? Misère culturelle et sociale d'une population à jamais claquemurée dans le doucereux train-train des séries télévisées, des courses à Carrefour le samedi et dans de meilleurs jours, du tour à Valras-plage agrémenté d'une glace citron-vanille ?
Massacres of the Cathars? Con men who agreed to come and congregate here because of the low rents? Cultural and social misery of a population forever trapped in the sweet routine of television series, shopping at Carrefour on Saturdays and in better days, the walk to Valras-Plage embellished with lemon-vanilla ice cream ?

Peut-êre un peu de tout cela...
Probably a little of all this ...

Béziers, jolie petite ville dont l'architecture témoigne d'un temps où la bourgeoisie avait la main-mise sur les vignobles alentours. A présent son reliquat vote FN tandis que les pauvres s'entretuent entre eux pour ne pas mourir d'ennui et que la mafia roupille dans l'ombre pour se faire oublier. Béziers, ville où personne n'est tout à fait sain d'esprit, où tout le monde dans ce bain d'errance est inéluctablement happé par lui. Qui a dit que la misère était moins pénible au soleil ?
Béziers, a little pretty town whose architecture bears witness to a time when the bourgeoisie had control over the surrounding vineyards. Now its remainder votes extreme right whilst the poor people fight with each other so as not to die of boredom and the mafia sleeps in the shadows to be forgotten. Béziers, a city where no one is completely sane, where everyone in this wandering bath is inevitably caught up in it. Who said misery was less painful under the sun?
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I S T A N B U L - TURKEY (April & May 2021) 

Istanbul est cette fille, qui, les yeux charbonneux -en réalité bien trop fardés de noir-, vient vous faire des avances, d'une voix âpre. Ses lèvres sont crayonnées d'un orange assez soutenu. Son teint est mât, mais on aurait pu dire sans problème qu'il s'apparenta à celui d'une fille des Balkans, tant la frontière ethnique entre orient et occident pu être mince. Cette fille a un regard malicieux. Non pas qu'elle n'en voulu qu'à votre argent, mais plutôt qu'elle fût par quelques aspects désabusée. Oui, désabusée. Les yeux fardés et les cheveux à moitié dissimulés  dans un châle du même acabit que les tapis vendus à la sauvette des rues faisant face au port. 

Istanbul is that girl who, with her smocky eyes ; to be honest far too black-painted, comes to make pass at you, in a harsh voice. Her lips are penciled in a fairly deep orange. Her complexion is dark, but one could have said without wondering that it would look like with this of a girl who comes from the Balkans, as the ethnic border between East and West was thin. This girl has a mischievous look. Not that she only would want your money, but rather that she was in some ways jaded. Yes, jaded. Make-up eyes and hair half-hidden in a shawl of the same stripe of the carpets sold on the run from the streets facing the port.
 

Son crédo ? Ni plus ni moins que s'attirer sa part du gâteau de la mondialisation. Constantinople, qui fut la reine fut un temps du business dans un obscur Moyen-Âge, veut revenir dans la place du marché mondial. La chute de l'empire Ottoman a précipité sa propre chute, point de gravité entre orient et occident. Autrefois lieu de concentration des flux commerciaux et des échanges entre l'Europe et le Proche-Orient, elle est toujours et restera sans doute, cosmopolite. 

Her credo ? No more and no less than getting her share of the globalization pie. Constantinople, which have been the queen of the business at some point in the dark Middle-Ages, wants to return to the global marketplace.  The fall of the Ottoman Empire precipited its own fall, a point of gravity between East and West. Formerly a place of concentration of trade flows and exchanges between Europe and the Middle East, it's still and will undoubtedly remain, cosmopolitan. 


Ses vitrines criardes à la mode états-uniennes s'empilent tandis que les hôtels immaculés, avec spa intégrés, proposent de goûter au meilleur de la tradition turque ; confiseries, thé aux parfums inattendus et fauteuils chargés d'ornements et autres breloques blanches et or rappelant les palais auxquels ressemblent les mosquées. Car Istanbul ne donne pas dans la victimisation : il ne s'agit pas de condamner l'injustice qui ferait d'elle une ville reléguée en dehors de l'Europe. Istanbul veut entrer dans l'Europe pour retourner à ses amours de business frémissant ; et elle sera prête pour cela à négocier sur tout ce qui peut être négociable pour s'acheter une crédibilité. Pétrole, drones, shit, et bien plus encore... Autant dire que la belle n'a pas fini de charmer Bruxelles. 

Its garish American-style storefronts pile up while immaculate hotels with integrated spas offer the best of Turkish tradition ; sweets, tea with unexpected flavors and armchairs laden with ornaments and other white and gold charms reminiscent of the palaces that mosques resemble. Because Istanbul doesn't pose in victimization : it's not about condemning the injustice that would make it a city relegated outside of Europe. Istanbul wants to enter Europe to return to its thrilling love affair ; and she will be ready for that to negotiate on anything that can be negotiable to buy herself a credibility. Oil, drones, weed and much more... Suffice to say that the beauty has not finished charming Brussels. 

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I M S O U A N E - MOROCCO
(December 2020 & february 2021)


Pépite dans le Maroc en voie de bétonnisation avancé. Toute petite ville de pêcheurs non-loin d'Essaouira, nombreux sont les touristes qui viennent s'y perdre chaque année ; venus de l'Europe entière pour surfer pas cher et pour ronronner à loisir sous les parasols écaillés qui dans pas si longtemps seront flambant-neufs. Imsouane est en passe de devenir un énième village pour touristes ; en témoignent les nombreuses maisons qui ont germées récemment, maisonnettes de béton immaculées couleur crème peuplant désormais le village un peu plus en contrebas de la côte qui borde le rivage de l’Atlantique. Pourvues d’un semblant de style moresque, elles se dressent comme autant d’arbres peuplant une forêt ; une forêt d’argent, réservoirs de retour sur investissement le temps d’une ou deux générations. Le temps que le béton se fende, trahissant une époque où tout peu être périssable, pourvu que tout ait été exploité. 

Nugget in Morocco in the process of advanced concrete. A very little town of fishermen close to Essouira where many tourists come to get lost every year ; came from all over Europe to surf inexpensively and to pur at leisure under the chipped umbrellas that will be brand new in not too long. Imsouane is in the process to become yet another village of tourists ; this is evidenced by the many houses that have sprouted recently, immaculate cream-colored concrete houses now inhabiting the village a little futher down the coast which borders the Atlantic shore. With a semblance of Moorish style, they stand like trees in a forest ; a forest of money, reservoirs of return on investment for one or two generations. The time for the concrete to split, betraying a time when everything could be perishable, provided that everything has been exploited. 


Les européens se pressent déjà d’investir dans l’immobilier, sous l’œil un peu dubitatif des locaux qui cependant se sont bien adaptés à la situation, en en tirant bon profit. Sans pression aucune pour autant, à la mode marocaine ! Ce petit bout de plage est aussi l’apanage des pseudos hippies français qui viennent faire de la guitare face à l’océan en prenant garde de ne jamais se mouiller… Et en faisant des blagues dans un anglais plus qu’approximatif avec leurs « frères » marocains, parce qu’être cosmopolite, c’est cool, surtout en période de corona. 

Europeans are already in the hurry to invest in real estate, under the somewhat dubious eye of the locals, who, however, have adapted well to the situation, deriving good advantage from it. Without any pressure, though, in Morocan fashion ! This little piece of beach is also the prerogative of the so-called french hippies who come to play guitar in front of the ocean while making sure that never getting wet... And while making jokes in a more than approximate english with their "morrocan brothers", cause being cosmopolitan, it's cool, especially in times of corona. 


Imsouane, petit bout de roche ancestral ; terre promise aux acheteurs français et autres touristes hollandais qui bientôt feront d’elle une nouvelle ère de jeu paradisiaque où la quiétude est un luxe. Pour l’heure, dans ce coin reculé pour occidentaux refoulés, l’Islam n’existe même plus. Les règles ne s’appliquent plus dans cet endroit de nulle part aux couleurs douces ; couleurs passées. Les règles ne s’appliquent plus et c’est comme si les émotions elles-mêmes ne comptaient plus qu’à moitié. Elles viennent s’y échouer avec langueur en même temps que les vagues et que ceux qui viennent tenter d’oublier et de se faire oublier aux confins du continent. 

Imsouane, small piece of ancestral rock ; promised land to french buyers who will soon make it a new era of paradise game where some peacefulness would be considered as a luxury. For now, in this remote corner for repressed westerners, Islam no longer even exists. The rules no longer apply in this soft-colored place of nowhere ; faded colors. The rules no longer apply and it's as if the emotions themselves would be only half counting. They languidly come aground there at the same time as the waves and those who attempt to forget and to be forgotten on the borders of the continent. 

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 F A R O - PORTUGAL (November 2020)

Elle arbore son parc naturel comme un paon son plumage. Faro n’a rien d’extraordinaire, à ceci près de baigner dans une forêt aquatique, féérique ; zone humide préservée recelant des lagunes comme autant de miroirs scintillants dans son vert émeraude profond. Un vert piqueté de blanc ; ce sont les petits bateaux à moteur de pêche qui s’amoncellent le long des côtes.  

It is sporting its natural park like a peacock its plumage. Faro has nothing extraordinary, except bathing in an aquatic forest, a fairy forest. Preserved wetland concealing lagoons like so many sparkling mirrors in its deep emerald green. A green speckled with white ; it is the small motor fishing boats that pile up along the coasts.


L’aéroport de Faro est la plaque-tournante de l’Algarve et déverse son flux de locaux et de touristes. C’est sans doute là que réside le gros de l’activité économique de ce grand village. La population ne semble pas en pâtir. Elle est résolument relax. Il faut dire, le coût de la vie ici aide bien !   

Faro Airport is the hub of Algarve and drains its flow of locals and tourists. This is indoubtfully where most of the activity of this large village resides. People don’t seem to suffer. They are resolutely relaxed. It must be said, the cost of living here helps a lot !


Les quelques rues piétonnes qui se bousculent dans le cœur de la ville sont inondées par le soleil dix mois par an. C’est là que viennent flâner les habitants, tranquillement attablés. Ils viennent de leurs immeubles de béton ; l’architecture de Faro ayant été quelque peu brutalisée pendant les invasions napoléoniennes. The few pedestrian streets that jostle in the downtown are flooded by the sun ten months a year. This is where locals come to stroll, quietly seated. They’re actually coming from their concreted buildings ; the architecture of Faro having been somewhat damaged during the Napoleonic invasions.

Ca bétonne donc à tout va. Mais qu’importe, la Ria Formosa reste sauve, regorgeant de flamants roses, de loutres, de cascades et d’îles, coincées dans la lagune, figées dans la végétation aquatique brûlée par le cagnard. Faro est belle, lorsque l’on en sort.

It never stops top to be concreted. But it doesn’t matter, the Ria Formosa remains safe, teeming with flamingos, otters, waterfalls and islands, stuck in the lagoon, frozen in the aquatic vegetation burned by the sun. Faro is beautiful, when you get out of there.

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H U N G A R Y (July 2020)

Mais que pourrait-on trouver à la Hongrie qu’on ne trouverait pas partout ailleurs en Europe ? But what could you find in Hungary that you couldn’t find everywhere else in Europe ?

Paysages bavarois généreux aux abords du lac Balaton, architecture viennoise, climat continental et mentalité… N’ayant rien de comparable avec la froideur des pays scandinaves ou de l’est.

Bavarian and generous landscapes on the outskirts of the Balaton lake, Viennese architecture, continental climate and about the mindset… It has nothing to do with the coldness of scandinavian countries or from the east.

Ne vous méprenez pas en voyant leur air pincé. Ils n’ont ni mal dormi de leur nuit, ni avalé de travers. Ou alors ravalé leur joie, laquelle aux leurs et strictement réservée. Bonheur comme propriété privée, bonheur clanique, à la mode paternalisme avancé. Les hongrois sont purement et simplement méchants et ça n’est pas négociable.

Don’t mistake while looking at their pinched look. It’s not like they weren’t to sleep during the night or whatever. Or maybe the thing is that they have swallowed their joy, which is stricly reserved for them. Happiness as a private property, clan hapiness, in an advanced paternalist way. The Hungarians are purely and simply nasty and it’s not negotiable.

 C’est que les hongrois en veulent à la terre entière. Ils ont perdu leurs terres, leur domaine ; la Hongrie, grande complice de ce qui marqua au fer rouge l’histoire de l’Europe au siècle passé. Cet affront qui se paye au centuple une fois passée la frontière. 

It’s that the Hungarians are mad at the whole earth. They have lost their lands, their domain. Hungary, a great accomplice in what branded the history of Europe with a hot iron in the past century. This affront that you’ve to pay a hundredfold once the border is crossed.

Une poigne de fer dans un gant de dentelle. Les rues sont jolies et immaculées. Ca et là des kiosques chantent leurs comptines kitschs d’un autre temps. Sisi l’impératrice et tutti quanti. Tout est d’ailleurs d’un autre temps, ici. Suranné.

An iron fist in a lace glove. Streets are looking pretty and immaculate. Here and there kiosks are singing their kitsch nursery rhymes from another time. Sisi the Empress and tutti quanti. Everything belong to another time, by the way. Outdated.

Comme si le pays s’était figé à la « grande époque », que Disney a repris à son compte. La Hongrie, amputée de ce qui était autrefois un Empire, n’en finira jamais avec bellicisme, de surenchérir.

It’s like the country was frozen at its great age, that Disney has taken over. Hungary, cut off from what was once an empire, will never end with warmongering to outbid. 

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M A L T A (July 2020)
Ce petit morceau de roche perdu entre Europe et orient ne paye pas de mine. On l’oublierait presque, sur le planisphère. Malte est un village international qui vit à l’heure du tourisme. Elle arbore en son ciel un rose pastel le soir venu. Ses couleurs sont ocres, mordorées et son architecture, nuptiale. Les immeubles de style victorien hérités de la colonisation anglaise du 19ème - avec leurs « bay-windows » qui scintillent sous le cagnard- s’alignent le long des rues de pierre escarpées ; toutes mènent à la mer. Savant mélange de culture britannique et méditerranéenne, à l’image de la langue locale, le maltais. De temps à autre, on tombe sur une friche sauvage ou sur un joyau de cathédrale à l’architecture résolument italienne. Alors, naturellement, on s’arrête et tout aussi naturellement les gens nous saluent. Pas un salut crispé et convenu. Un sourire spontané et généreux, avec toutes les dents. Un sourire d’accueil.
This small piece of rock lost between Europe and the East does not look like much. We would almost forget it, on the planisphere. Malta is an internanational village that lives in the age of tourism. It wears a pastel pink in the sky in the evening. Its colors are ocher, golden brown and its architecture, bridal. The Victorian-style buildings inherited from the English colonization of the 19th century - with their "bay windows" which sparkle under the blazing sun - line up along the steep stone streets ; all lead to the sea. A clever mix of British and Mediterranean culture, mirroring the local language, Maltese. From time to time, we stumble upon a wild wasteland or a cathedral gem with resolutely Italian architecture. So naturally we stop and just as naturally people greet us. Not a stiff and agreed salute. A spontaneous and generous smile, with all the teeth. A welcoming smile.

La chrétienté y est ancrée, sans que ça ne vire au puritanisme ; la tolérance va de soi, tant Malte s’est vue pétrir de diversité culturelle au fil des différentes conquêtes. Acculturation savoureuse. 

Christianity is anchored there, without turning into Puritanism ; tolerance goes without saying, as Malta has seen itself steeped in cultural diversity over the course of the various conquests. Tasty acculturation.

Ici, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’enjeu d’accaparement. Les « natives » côtoient les touristes et les gens de passage. Pas d’enjeu de pouvoir, et pas non plus de triomphe illusoire. Le bonheur ici est plutôt simple. Il se donne sans faire languir, même dans les clubs branchés.

Here, it has been a long time since the issue of monopolization. The “natives” rub shoulders with tourists and passing people. No power issue, and no illusory triumph either. Happiness here is pretty straightforward. It gives itself without making you languish, even in trendy clubs.

Au détour d’une ruelle tranquille, vous tomberez sur une crique. Un escalier plonge à pic dans la Méditerranée. Et vous voici, nageant au milieu des bateaux, dans une eau d’un bleu pénétrant.

At the bend of a quiet lane, you'll come across a cove. A staircase plunges steeply into the Mediterranean. And here you are, swimming among the boats, in the deep blue water.

Bien sûr, Malte est bétonnée. L’urbanisation fait rage ; sa population croit chaque jour un peu plus. Malte attire par son climat, mais surtout par son ouverture sur le monde. Malte, profondément pacifique, village international. Loin des enjeux de pouvoir et des foules furibondes. 

Of course, Malta is concreted. Urbanization is raging; its population is growing a little more every day. Malta attracts by its climate, but above all by its openness to the world. Malta, deeply peaceful, international village. Far from the stakes of power and the furious crowds.

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P A R I S - FRANCE

Elle a su garder son magnétisme, en dépit d’un charme devenu surfait. Rien de moins original que de vanter la douceur de vivre de Pââris ! Ancienne plus grande capitale d’Europe, ville de la mode, de la gastronomie, de l’hygiénisme, de la peinture, des chansons populaires et que sais-je encore, et maintenant hub économique mondial. Paris enrubanné par le périph’, a bien dû se muséifier pour survivre à la grande valse de la concurrence des villes-monde, qui fait valser celles qui n’ont rien à défendre sur le marché ; dance-floor des rentiers. 
It knew how to keep its magnetism, in spite of a charm that had become overrated. Nothing less original than to praise the Pââris sweetness of life ! Old biggest capital city of Europe, city of fashion, of gastronomy, of hygienism, of painting, popular songs and so forth, and these days global economic hub. Paris, wrapped up in the ring road, must have museumized itself so to survive the great waltz of competition from world cities, which ousted those who have nothing to defend in the marketplace ; annuitants’s dance-floor.  

Paris, bipolaire : enveloppée d’une aura rétro, dans laquelle on semblerait flotter, arc-boutés sur l’histoire, entourée de lumière. Lumière de la liberté ? 
Bipolar Paris : swathed in a retro aura, in which one seem to float, being head bent on the surrounded by light history. Light of freedom ?  

Autocentrés, les yeux irrépressiblement tournés vers le passé glorieux d’un bien ardent combat politique. Celui de Voltaire, de La Fontaine en passant par tous les moralistes français comme Beaumarchais, l’insolent suprême ! Paris a montré la voie de l’insoumission au monde. Elle fut le phare de la citoyenneté revenue à la vie après des siècles de royauté, féodale ou monarchique. Oui, Paris l’intrépide a eu de beaux jours devant elle. Et puis, les guerres ont eu raison d’elle. Paris s’est tue le temps que l’humanité, révolution industrielle oblige, retrouve ses esprits. 
Self-centered, eyes irrepressibly turned to the glorious past of a fierce political battle. That one of Voltaire, La Fontaine, and all the french moralists like the supreme sassy guy Beaumarchais ! Paris has shown the rebellion way to the world. It was the beacon light of citizenship revived after centuries of royalty, feudal or monarchical. Yes, the intrepid Paris has had a bright future ahead. And then the wars got the better of it. Paris has been silent as long as the humanity, because of the industrial revolution, comes to its sense.  

Mais Paris n’a jamais retrouvé la parole. Paris et son auréole, poudre aux yeux de nostalgie. 
But Paris never recovered its ability to speak. Paris and its halo, powder with eyes of nostalgia.  

On s’adonne aux mondanités. On flirte avec l’art, du moment que ça reste… Douillet. Là où artistes, penseurs et scientifiques refaisaient le monde ensemble, dans le quartier latin, on veut désormais influencer.  Les démonstrations de force ont fait place à la séduction. Haussman est toujours là, on a soigneusement introduit tout le confort technologique au cadre, permettant ainsi de mieux l’apprécier. Les jardins, l’architecture, les bateaux-mouches, le Monoprix… Tout y est ! Paris, ce Disney Land franco-français. 
We indulge in worldliness. We flirt with art, as long as it remains… Cozy. Where artists, thinkers, scientists remade the world together, in the Latin neighbourhood, we want now influence each other. The power display gave way to seduction. Haussman is still here, we have carefully introduced all the technical comfort to the frame, allowing us to better appreciate it this way. The gardens, the architecture, the riverboats, the Monoprix… Everything is there ! Paris, this Franco-french Disney Land. 

Pour un peu, on en oublierait le reste du monde. Surtout sa périphérie, où s’étalent sans pudeur parkings et buildings. Qu’on laisse pollution et pauvreté à l’entrée. Paris a son tiers-monde à elle, là où s’agglutinent tout ceux qui sont à la manœuvre, dans les coulisses du divertissement. Paris est belle, avec ses airs enjoués et si folâtrement populaires. Mais, ne le resterait plus longtemps sans l’armada de personnes qui travaillent à son industrie. 
We’d almost forget the rest of the world. Especially suburban area, where carelessly spread parking lots and buildings. Please, leave pollution and poverty at the entrance. Paris has its own Third world, where all those who are maneuvering gather, in the backstage of entertainment. Paris is beautiful, with its cheerfull and so wildly popular looking. But it wouldn’t stay that long without the armada of people working in its industry. 

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N O R T H E R N . ITALY (November 2018)
 

S’il n’y avait qu’une chose à recommander à celui qui va dans le Nord de l’Italie, ce serait d’humer son odeur de soleil et d’apprécier sa langue chantante en prenant soin de bien garder les yeux bien fermés. Cette odeur de soleil qui perdure, cette lumière, même en automne, qui continue d’imbiber la vie des hommes, lorsque la pluie bat sur le parvis de pierre des basiliques. Et la volupté de sa langue, sa sensualité qui semble dégouliner en cascades sur le silence convenu quand vient le moment d’un échange, emportant les convenances dans le flot de l’ivresse mélodique... 
If there was only one thing to recommend to someone comes in the Northern Italy, it could be getting imbued by the smell of sun and appreciate its singing langage while taking care of keeping the eyes closed. This smell of sun which remains, this light, even in automn, which is keeping to imbue the life of men, when the rain beats on the stone square of the basilicas. And the voluptuousness of its language, its sensuality which seems to drip in cascades on the agreed silence when the time comes for an exchange, carrying the accepted standards in the flow of melodic inebriation...
 

L’Italie du Nord en été est rattrapée par l’esprit du sud ; celui-ci s’empare littéralement d’elle, la livrant à cette espèce de temps suspendu dans la chaleur ; cette sauvagerie nonchalante qui nous emmène résolument vers d’autres latitudes de vie, où le corps parle toujours le premier. 
Northern Italy in summer is overtaken by the spirit of the south; this one literally takes hold of it, delivering it to this kind of time hanging in the heat; this casual wilderness which resolutely takes us to other latitudes of life, where the body always speaks first. 

L’Italie du Nord en hiver a déjà bien plus de mal à échapper à son destin de pays occidental. Et cette lumière miraculeuse à l’extérieur ne saurait subsister à l’intérieur, dans le cœur des hommes. Durant l’hiver, l’individualisme européen, l’individualisme occidental pour tout dire, revient en force et fait bande à part avec tout ce qui ne relève pas de l’argent. L’Italie du Nord fait de la surenchère pour apparaître comme n’importe quel pays européen ; à savoir « développé », civilisé. 
Northern Italy in winter have much more trouble to escape from its destiny as a western country. And this miraculous light outside cannot stay inside, in the hearts of men. During the winter, European individualism, western individualism to be honest, comes back in force and stands apart with everything that does not come from money. Northern Italy is bidding to appear like any other European country; namely "developed", civilized. 
  
Il faudra donc fermer les yeux aussi sur le béton, qui a envahi ses petites criques, en remontant vers Gènes. Les petites criques privatisées où s’agglutinent désormais, les uns sur les autres, les terrains de tennis et les cafés à la techno lounge. 
We must therefore turn a blind eye also to the concrete, which has invaded its small coves, going up towards Genoa. Small privatized creeks where tennis courts and cafes with their techno lounge are now clustered on top of each other.
  
Fermer les yeux sur les armatures de béton qui ont poussé ces cinquante dernières années, dans la lignée de l’esprit corbuséen ; logements sociaux et bureaux pour abriter les hubs de comme qui dirait l’économie de marché, témoins de la mondialisation et de la misère mondialisée qui va avec. L’architecture française est à l’Europe ce que la peinture italienne… Est à l’Europe aussi. Un patrimoine hégémonique, pour le meilleur comme pour le pire.
 Turn a blind eye to the concrete reinforcements that have grown over the past fifty years, in line with the Corbusian spirit ; social housing and offices to host the hubs of like the market economy, witnesses of globalization and the globalized misery that goes with it. French architecture is to Europe what Italian painting… is to Europe too. An hegemonic heritage, for better or for worse.

Fermer les yeux sur les tendances fascistes de monsieur tout le monde. Une peur de l’autre, latente, et un sens de la propriété privée obsessionnel ; comme si les gens vivaient dans la peur perpétuelle d’être arrachés à leur langue et à leurs terres, qu’ils chérissent envers et contre toute modernité, pour le meilleur s’agissant de morale, pour le pire s’agissant… De beauté.  
Close your eyes to the fascist tendencies of everyone. A latent fear of others and an obsessive sense of private property; it’s like people lived in perpetual fear of being torn from their language and their lands, that they would cherish against all modernity, for the best in terms of morals, for the worst in terms of... Beauty. 
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T E L - A V I V- ISRAEL (December 2019)
 
C’est à Tel-Aviv que traditions et vie à l’occidentale forment une mixture indigeste diront certains, improbable diront d’autres. 
It’s in Tel-Aviv that traditions and western way of life form an indigestible mixture, some would say, others would say improbable. 
Les magasins de fringues bon marché s’entassent dans les rues sales tandis que chacun vaque à ses propres occupations religieuses, prenant soin de ne pas discourir sur le pourquoi d’Israël. Indifférente, accommodante cohabitation. 
Inexpensive clothes stores crowd the filthy streets while everyone goes about their own religious pursuits, taking care not to expatiate about why Israël. Indifferent, accomodating cohabitation.

Qu’on soit musulman, juif ou chrétien, on est là pour le réseau, et personne, à vrai dire, ne s’en cache. « Sécurité », voilà le maître-mot. 
Whether you are muslim, jewish or christian, you are there for the network, and nobody, frankly, is hiding it. « Security », here is the key word. 
 

Les buildings s’accumulent sur le front de mer et donnent à Tel-Aviv des airs de Dubaï en goguette. Mais aventurez-vous donc un peu plus loin et vous aurez sans doute moins le cœur à la fête. Les buildings s’accommodent eux aussi très bien des bidonvilles qui les environnent. Des soudanais pour la plupart y sont parqués, vivant des miettes du travail illégal que le gouvernement veut bien leur laisser.
The buildings pile up on the waterfront and make Tel-Aviv look like Dubaï on a spree. But venture a little further and you probably feel out of sorts. The buidings also adapt very well to the slums that surround them. Mostly of the people there are soudanese who are parked, living on the crumbs of illegal work that the government is willing to leave them.

A Jaffa, le quartier américano-ashkénaze, la caste juive d’occident règne en maître. Ici cohabitent les antiquaires qui continuent de porter à bout de bras le poids de la culture familiale et les jeunes gens cools qui gardent toujours un pied à New-York. Panoplie progressiste complète, ils se fichent de la religion comme de l’an 40. Le point commun de tous ces gens ? Faire communauté. 
In Jaffa, the american-ashkénazi district, the western jewish cast reigns supreme. Here the antique dealers who continue to carry the weight of the family culture coexist with the cool young people who always keep a foothold in New-York. Complete propgressive panoply, they don’t care about religion like in the 40’s. What do all these people have in common ? Make community. 
 
Tel-Aviv, capitale économique d’Israël, vivier number one de la mafia militaire, Tel-Aviv maison d’expat’ pour juifs en mal d’amour, mais certainement pas lieu de culte ! La religion, ici, est tout simplement hors de propos. 
Tel-Aviv, the economic capital of Israël, the numer one breeding ground of the military mafia, Tel-Aviv, an expat’ house for jews in search of love, but certainly not a place of worship ! Religion here is simply irrelevant.

D’autres, vivent dans des quartiers résidentiels de béton plus reculés déjà d’un autre temps. Ils sont comme qui dirait plus… traditionalistes. Et aussi moins exubérants. Tous vous regardent comme si vous ne pouviez pas comprendre. C’est que vous ne faites pas partie de la communauté. 
Others live in more remote concrete residential areas of other times. They are like who would say more... Traditionalists. And also less exuberant. They all look at you as if you cannot understand. You know, you aren't part of the community. 
Façade occidentale, misère définitivement locale. Mais lorsque l’on tend l’oreille, que les yeux se posent sur l’invisible de l’atmosphère, alors viennent à soi non plus des mots, mais des sensations. On ressent à quel point cette terre est avant tout chargée d’histoire. On hume le sacré par-delà les postures politiques ou apolitiques.
Western facade, definitly local misery. But when you prick up your ears, when your eyes rest on the invisible of the atmosphere, then it no longer come to you words, but sensations. We are feeling how this land is above all imbued with history. We smell the sacred beyond political or apolitical postures.

C’est à Tel-Aviv qu’il y a à boire et à manger. Profane, sacré, traditions et libéralisme forcené ; tout le monde s’efforce de faire tenir tout ça ensemble. C’est que l’argent peut être un bon ciment. Pourvu, à n’importe quel prix, que subsiste la communauté. Israël, Jacob de son vrai nom, veut transcender la frontière orient/occident comme il a vaincu Dieu. 
It’s in Tel-Aviv that there is anything and everything. Profane, sacred, tradition and frenzied liberalism ; everyone is striving to keep all this stuff together. It’s because money can be a good ciment. Provided, at any cost, that the community remains. Israël, Jacob by his real name, wants to transcend the East/west as he defeated God.

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T O U L O U S E - FRANCE



Ville qui s’est développée ces 40 dernières années autour de l’ingénierie aéronautique et aérospatiale à la suite d’un appel d’offre remporté sur l’Allemagne, Toulouse est devenue un cluster industriel à part entière, avec tout un pan de son économie non seulement réservée à la technologie, mais encore à l’informatique et à la recherche scientifique en général. Petite Silicon valley, autour de son domaine de prédilection un vaste réseau s’étend désormais, formé de techniciens certes, mais aussi de chercheurs, de professeurs et évidemment d’étrangers. 
City that has developed over the last 40 years around aeronautical and aerospace engineering following a call for tenders won over Germany, Toulouse has become an entire industrial cluster, with a whole section of its economy not only for technology, but also for computing and scientific research in general. Small Silicon Valley, around its predilection domain a vast network now extends, made of technicians certainly, but also researchers, professors and of course foreigners.

Toulouse est sans doute la métropole la plus cosmopolite de France, avec des personnes venues de partout pour profiter comme qui dirait de son « attractivité économique en matière d’emploi », mais aussi et probablement même avant toute chose, de son climat auprès duquel quand même, il fait bon vivre. 
Toulouse is arguably the most cosmopolite cosmopolis in France, with persons who come from everywhere so enjoying its so called "economic attractiveness in employment", but also and even more importantly its climate with which it's good to live.  

A Toulouse, on a coutume de parler occitan, et ça sonne déjà bien ensoleillé. Mais quand même, on demeure en France, et les toulousains « de souche » sont là pour nous le rappeler, avec l’individualisme légendaire des « gens du sud », leurs gated communities et leurs propriétés sous vidéosurveillance.
Mais Toulouse, c’est aussi une terre de tradition socialiste, libertaire et anarchiste, avec une bonne dose de culture de résistance espagnole au franquisme et l’esprit du Larzac qui est aussi passé par là vers mai 68. Ouais, toutes ces influences ont laissé quelque empreinte dans la campagne environnante, et les nouveaux arrivants -venus de France comme d’ailleurs- n’ont pas trop de peine à s’en imprégner ! 
In Toulouse, we customary speak Occitan, and its sounds already sunny. But still, we live in France, and the born-native toulousains are there to remind us, with the legendary individualism of the "people of the south", their gated communities and their properties under video surveillance. But Toulouse is also a land of socialist, libertarian and anarchist tradition, with a big dose of spanish resistance culture to francoism and the spirit of Larzac which also passed by there circa may 68. Yeah, all of these influences have left some mark in the surrounding countryside, and newcomers -come from France and elsewhere- don't have much trouble to impregnate !

C’est qu’à Toulouse, la culture n’est pas tout à fait pratiquée comme partout ailleurs en France. Voyez, la culture sans l’esprit de solidarité, ça semblerait tout de même assez aberrant. C’est pourquoi à Toulouse, il n’est pas rare de tomber sur des concerts ou des expos « à prix libre ». Et pour tout dire, il n’est pas rare de tomber sur tout ce qui touche à de la coopération en général. Car, le but des associations qui organisent des choses, c’est de mettre de la vie là où elles existent, pas d’exister. Et cette vie, qu’est-ce qu’elle peut être créative ! Car Toulouse est aussi un extraordinaire laboratoire d’artistes, où l’expérimentation, même si elle n’est pas toujours comprise, est toujours tolérée. On réhabilite les espaces, on se les réapproprie, on fait même de l’habitat coopératif et bonnant malant, même les plus à la marge y trouvent leur compte. 
That's because in Toulouse, culture is not quite practiced like everywhere else in France. You know, culture without the spirit of solidarity, it would all the same seem quite absurd. That's why in Toulouse, it is not rare to come across concerts or exhibitions at free price. And to be honest, it is not rare to come across evrything related to cooperation in general. Because, the purpose of associations which organize things is to put some life where they exist, not to exist itself. And this life, how much it could be creative ! Because Toulouse is also an extraordinary artists laboratory, where the experimentation, even if it is not always understood, is always tolerated. We rehabilitate spaces, we appropriate them, we even practice cooperative habitat and this way, even the most marginal ones benefit from it.

Toulouse est une nouvelle métropole, dont les habitations se sont entassées sur le modèle de toute bonne vieille architecture ces 40 dernières années ; fonctionnaliste et donc sans âme, inhabitée. Le comble quand on parle d’architecture, non ? 
Toulouse is a new cosmopolis, whose houses have piled up on the model of all good old architecture over the last 40 years ; functionalist and therefore without soul, uninhabited. The height when we are talking about architecture, isn't it ?

Mais voilà, même si Toulouse est moche, c’est comme si son énergie foisonnante irradiait et prenait le pas sur le reste. J’veux dire, la pauvreté de la zone du Mirail, le métissage mal digéré et toutes ces histoires de compétitivité technologique et économique, bref toutes ces maladies contemporaines du « vivre-ensemble », voyez. Ouais, à Toulouse, assurément on peut dire que c’est « moins pire qu’ailleurs ». Et ça fait chaud au cœur.
But even if Toulouse is ugly, it's like its abundant energy radiated and took precedence over the rest. I mean, the poverty of the Mirail area, the poorly digested miscegenation and all these stories of technological and economic competitiveness, in short all these contemporary deseases of "living together", you know. Yeah, in Toulouse, certainly we can say that it's "less bad than elsewhere". And it warms the heart. 

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C O P E N H A G E N - DENMARK (August 2019)

Copenhague fait partie de ces nouvelles villes branchouilles qui essayent de copier Berlin... Sans jamais l'égaler. L'on y célèbre le lobby LGBT comme l'on fêterait Noël. Et son quartier anarchiste, Christiania, se voit aseptisé lui aussi de jour en jour par le couroux conformiste des possédants. C'est qu'ici, à Copenhague, lorsque l'on y vit, on est forcément possédant car tout est plus cher qu'ailleurs. Ici, bien sûr, progressisme oblige, ça n'est pas explicite, mais l'on peut ressentir combien vivre est un privilège. En réalité, dans les coulisses de la mise en scène d'ouverture sur le monde, tout transite par les ports et l'importation n'est pas une mince affaire, dans ce coin reculé d'un îlot ; surenchère progressiste acidulée sur fond d'enjeux économiques en vue de faire de Copenhague une ville-monde.
Copenhagen belongs to these new trendy cities which try to copy Berlin... But never equal it. We celebrate the LGBT lobby as we wo uld celebrate Christmas. And its anarchist nerbourhood, Christiania, is also sanitized day by day by the conformist jealous owners. It's because here, in Copenhagen, when we live there, we are necessarily owners because everything is more expensive than somwhere else. Here, of course, prossiveness obliges, it's not explicit, but one can feel how much to live here is a privilege. 
In reality, in backstage of the staging of openning to the world, everything transit though harbours and importing is not an easy task, in this remote corner of an island ; progressively acidic overbidding on the backdrop of economic issues in order to make Copenhagen a world-city. 

  Les habitations coquettes et colorées lui donnent des allures de maison de poupée. Ses trottoirs sont propres, immaculés. La nature y est sanctuarisée au nom d'une culture toute entière du bien-être proclamée. De part en part elle est traversée par les rives argentées. Les bateaux y circulent, en toute quiétée. Tout y est si propret que l'on se demande où pourrait-on vie trouver. Chaque centimètre carré est sans en avoir l'air optimisé. 
Copenhague, ville du bon goût aux décors cosy. Tout y est à sa juste place. Jamais rien de dépasse, jamais trace ne laisser. Même le vol n'a pas sa place. C'est le cadre qui veut ça. Un cadre non pas rigide comme ceux que l'on pourrait trouver dans les pays de l'est, pas froid non plus comme celui de l'Allemagne, mais sec. Oh oui, tellement sec !
Coquettish and colorful houses make it look like a doll's house. Its sidewalks are clean, immaculate. Nature is santuarized in the name of a whole culture of well-being proclaimed. It is crossed by silver banks throughout. The boats are circulating there, in all peace of mind. Everything is so neat that one wonders where he could find life. Each square inch is without seeming optimized. 
Copenhagen, city of  good taste and cozy decor. Everything is in its right place. Never anything exceeds, never track leave. Even no way for robbery. That's the frame that wants that. Not a rigid framework like those that one could find in the countries of the East, not cold either like the one in Germany, but dry. Oh yes, so dry !


 
Mais cette sécheresse à l'oeuvre n'enlève rien au charme de Copenhague. Un charme à jamais désuet, que la nature, imperturbable, par delà les limites du raisonnable, donne à apprécier. Interstices de spontanéité. 
But this drought at work doesn't deny Copenhagen its charm. Forever an outdated charm that nature, imperturbable, beyond limits of the reasonable, gives to appreciate. Interstices of spontaneity. 

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F E Z - MOROCCO (September 2018)

Arriver dans un endroit de nuit est toujours un peu déroutant. Surtout lorsque vous êtes seule, que vous ne connaissez personne et que vous ne parlez presque pas un mot d'anglais. Pourtant, l’accueil fut chaleureux, ville « pour touristes » ou pas, et cela peut vous faire oublier toutes les heures de bus qu’on voudra dans le désert. Fèz fut la capitale de la culture jusqu'à il n'y a pas si longtemps pour devenir ensuite comme toutes les autres ville un lieu de "développement économique", bref, une ville qui n'échappe plus à la standardisation occidentale capitaliste. Fès est schizophrène, et c’est bien normal. 
Arriving in a spot by night is always a bit surprising. Especially when you are alone, don’t know anyone and almost don’t speak a single word of English. However, the welcome was warm, "city for tourists" or not, and it can make you forget every hours by bus in the desert that you want. Fèz was the capitale of culture until not so long ago to become then like all the others cities a place of « economic development », in short a city that no longer escapes western capitalist standardization. Fèz is schizophrenic, and that’s normal.

D’un côté s’étend ainsi la « nouvelle » ville, agglomérat d’immeubles de béton blanc traversé çà et là par de grandes avenues bordées de palmiers pour faire honneur aux venues du roi. De l’autre les reliques de ce qui fut et reste encore le lieu du savoir-faire artisanal et de l’instruction, j’ai nommé « La Medina ». Comme tous les cœurs de l’ancienne ville au Maroc, elle se présente en ruelles labyrinthiques, à la différence près qu’elle soit bien plus étendue et ponctuée de spacieuses places pavées où autrefois, chevaux et ânes chargés de marchandises devaient se croiser aisément. Désormais, ces places accueillent de petits stands ponctuels épars ; à vrai dire, on y vend surtout des choses « tombées du camion ». Le soir venu, un ballet d’oiseau vient toujours fermer la marche. Ils virevoltent assez bas dans le soleil couchant en ombres chinoises, toujours à ces endroits précis. Elle peut les voir, du toit de son auberge de jeunesse, ils passent parfois au-dessus des antennes-relais, mais seulement pour saluer.  
On one side the « new » city sprawls, agglomerate of white concrete buildings crossed here and there by large avenues lined with palm trees to honor the king’s coming. On the other side, the relics of what was and still is the place of craftmanship and education, I named « La Medina ». Like all the hearts of ancient city of Morrocco, it shows up itself as labyrinthine alleys, with the difference that it is much more extensive and punctuated with spacious and paved squares where once, horses and donkeys loaded with goods should cross easily. Nowadays, these squares host small scattered and occasional stands ; to tell the truth, it sells mostly things « fallen from the truck ». When darkness falls, a ballet of birds always put the final march. They twirl low enough in the setting sun as shadow puttets, always in these precise places. She can sight them, from the rooftop of her youth hostel, they sometimes pass over relay-antennas, but only to greet.

Ici, tout le monde se salue, les oiseaux comme les hommes. Pas seulement parce que tout le monde, dans la Medina, se connaît. On a gardé, ancré dans les mœurs, cette tradition de savoir et de culture et l’éducation qui va avec. Ici, on discute encore de poésie en ancien arabe à la terrasse des cafés. On s’échange des bouquins de théologie. On essaye d’avoir une réflexivité sur sa condition d’homme, par-delà les mœurs, par-delà le bien et le mal. Le tabou religieux est présent, épée de Damoclès de régulation sociale, mais c’est comme s’il était si mêlé à la culture, vieille culture arabe, qu’il se diluait en elle, se faisant presque parfois oublier. Les femmes, certes, sont exclues des affaires importantes ou intellectuelles, mais au moins en ont-elles accès par le truchement de leur mari, chose assez incongrue partout ailleurs, il faut bien l’avouer. Juifs et musulmans se tolèrent plutôt, chacun vacant à ses affaires. 
Here, everyone greets each other, birds as well as men. Not only because everyone, in the Medina, know each other. We have kept, anchored in morals, this tradition of knowledge and culture and the education that goes with. Here, there is still talk about poetry in the ancient arabic language on the terrace of the cafés. We exchange some books of theology. We try to have a reflexivity about his human condition, beyond morals, beyond good and evil. The religions tabou is present, sword of Damocles of social regulation, but it is like it was so mingled with the culture, old arabic culture, that it was diluted in it, being almost forgotten. Women, that’s true, are excluded from important or intellectual matters, but at least they have access through their husbands, something quite incongruous somewhere else, it must be confessed. Jews and Muslims tolerate each other quite well, each vacants to his business.

Bien sûr, la pauvreté est là. Bien sûr, on sait qui tient les rênes de ce village attenant à la « vraie » ville. Mais personne ne semble jamais être totalement livré à lui-même, au milieu de cette abondance débordant des étals. Et dans le pire des cas, on trouvera toujours quelqu’un pour nous offrir le symbole-même de l’abondance : de la nourriture. C’est que dans les ruelles, les affaires vont bon train. Marchands et touristes négocient. L’artisanat est à l’honneur, même dans les coins les plus reculés de cette foire incessante. Ca fourmille sans se bousculer. Un peu plus loin, sur la plaine, une zone industrielle aux abords de l’aéroport s’étend sur des kilomètres à la ronde. Fèz est schizophrène, mais chacun y est à sa place. 
Of course, poverty is here. Of course, we know whom holds the reins of this village adjoining the « real » city. But no one seems to be totaly left alone, in the midst of this abundance which is overflowing with stalls. And, at worst, we will always find someone to offer the very symbol of abundance : food. In the alleys, business is going well. Marchants and tourists are negociating. Handicratf is in the spotlight, even in the most remote corners of this incessant fair. It is swarming without jostling. A little further, on the plain, an industrial area near the airport stretches for miles around. Fez is schizophrenic, but everyone is in his right place.
 
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 N A Z A R É - PORTUGAL (July 2018)

Petite ville de pêcheurs, Nazaré a vu son potentiel touristique s'accroître ces dernières années en raison des vagues monstrueuses que les surfeurs du monde entier ont désormais coutume de s'arracher l'hiver. Pas fous, les politicards locaux ont voulu profiter de cette nouvelle visibilité pour développer un tourisme estival. Les rues pavées se sont parées de restaurants où la bouillabaisse est à l'honneur. Quelques magasins ont fleuri ça et là, proposant fouffes et jouets de plastique pour la plage. On y parle un anglais trivial et encore très hésitant ; sur un malentendu, pourvu qu'on arrive à chipper au touriste d'Europe du Nord quelques euros de plus.
Small town fishing, Nazaré has seen its tourist potential increase in recent years because of the monstrous waves that surfers around the world are now wont to pull out during winter. Not crazy, local politicians wanted to take advantage of this new visibility to developp a summer tourism. The paved streets has been adorned with restaurants where the bouillabaisse is in the spotlight. Some stores has bloomed here and there, offering thingummy and plastic toys for the beach. Here, we speak a trivial English and still very faltering ; on a misunderstanding, provided that we can pilfer the tourist of the Northem Europe a few euros more.

Sur les coups de 13h/14h, les vieux, imperturbables, continuent de faire cuire le poisson dans la rue sur de petits barbecues. Parfois escortés de leurs petits-enfants, sans doute n'en ont-il que faire de ce nouvel engouement économique. Ce soir, lorsque le cagnard se sera couché, ils s'en iront pêcher le poisson. Leurs outils seront posés en ordre de bataille sur la plage, que les touristes auront lâché pour aller s'acheter des glaces sur la grande esplanade de béton construite pour l'occasion.
Les tuiles orange sont posées sur d'épais murs blancs comme on n'en fait plus, avec portes sculptées au cachet indéniable, en dépit d'une absence totale de rénovation. Du haut du balcon d'une modeste auberge de jeunesse, on peut les apercevoir tous, les toits de ces maisonnées, remontant agglomérées le long de la colline sur laquelle s'est construite la ville ; coquilles d'escargot vitaminées. Parfois des liasses de végétaux viennent orner ces bâtisses à moitié délabrées ; comme pour nous rappeler que partout la beauté peut s'inviter. 
Around 1 or 2 PM, the elders, unperturbed, keep cooking fish in the street on small barbecues. Sometimes escorted by their grandchildren, they probably don’t mind about this new economic craze. Tonight, when the sun will be down, they will go fishing for fish. Their tools will be placed in order of battle on the beach, which tourists will have dropped so as to buy ice cream on the large concrete esplanade built for the occasion. The orange titles are laid on thick white walls as we no longer do, with carved doors undeniable stamp, despite a complete lack of renovation. From the balcony of a modest youth hostel, one can see them all, the roofs of these households, riding up agglomerated along the hill on which the town was built, vitamin snail sheels. Sometimes bundles of plants adorn these half-dilapidated buildings ; as if to remind us that everywhere beauty can invite itself.

Ce balcon donne sur une cour où les chats errants se retrouvent pour miauler en choeur. Il n'est pas très profond, mais juste assez pour avoir pu y glisser une petite table de fer forgé grise avec ses deux chaises assorties. Elle y reste aussi longtemps que le soleil le lui permet, à contempler ce spectacle si tranquille sous un ciel d'un bleu immaculé, regard qui lèche l'horizon par dessus son bouquin. Nous sommes fin juillet, en plein été. A l'étage, il y a aussi la salle de bain de l'auberge. Mais une vraie salle de bain, avec une vraie baignoire. L'auberge est une maison de maître réhabilitée. L'autre jour, elle a pris un bain. C'était en fin de journée, le soleil ne baignait plus qu'à peine la pièce de sa lumière nacrée. L'eau était tiède et lorsqu'elle immergea son corps picorré par le sel de l'océan et le soleil, elle su immédiatement qu'elle était à température. Elle s'était baigné là où quelques mois plus tard, l'automne revennu, la vivacité des vagues allait devenir un véritable enfer marin. Alors elle ferma les yeux et s'abandonna au chant des mouettes. Elle s'était en fait forgé un monde de toutes ces informations sensorielles et c'était peut-être là son plus grand voyage. Le reste n'avait presque plus d'importance.
This balcony overlooks a courtyard where stray cats meet to meow in chorus. It’s not very deep, but just enough to have been able to slip a small gray wrought iron table with its two matching chairs. She stays there as long as the sun allows, contemplating this so quiet show under a sky of an immaculate blue, a look that licks the horizon over her book. We are late July, in the middle of summer. Upstairs, there is also the bathroom of the hostel. But a real bathroom, with a real bathtub. The hostel is a rehabilitated master house. The other day, she took a bath. It was at the end of the journey, the sun was barely bathing the room of its pearly light. The water was tepid and when she immersed her body pecked by the salt of the ocean and the sun, she knew immediately that it was at temperature. She had bathed where a few months later the automn returned, the liveliness of the waves would become a real marine hell. So she closed her eyes and abandonned herself to the song of the seagulls. She had in fact forged a world of all this sensory informations and it was perhaps her greatest trip. The rest was almost irrelevant.

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 C A S A B L A N C A - MOROCCO (July 2019)

Elle était sortie de la gare avec une mine valeureuse, celle de la fille qui voyage seule et compte mettre à profit cette liberté choisie pour découvrir... La planète sur laquelle elle vit. C'est que ce trajet de Rabat à Casablanca lui avait déjà pris la moitié de la journée. Même avec la nouvelle ligne de TGV, traverser le Maroc reste traverser le Maroc...
She got out from the train station with a valiant face, the one of the girl who travels alone and plans to take advantage of this chosen freedom so as to discover… The planet she lives on. In fact, this trip from Rabat to Casablanca has already taken her half of the journey. Even with the new TGV line, cross Morocco remains through cross Morocco…

 Elle avait dégainé son téléphone fissa pour se géolocaliser : Elle se trouvait approximativement à 30 minutes à pieds de l'auberge de jeunesse qu'elle avait réservé, après une longue nuit passée dans l'aéroport low cost de Bergame - Italie - quelques jours auparavant.
Munie de son sac à dos, elle traversa à grande enjambées ce qui la séparait de l'endroit où elle allait vivre à la marocaine pendant les quatre jours suivants. Elle ne jeta que des regards furtifs de part et d'autre du boulevard Mohammed V, trottoirs larges et route immaculée, immeubles fraîchement construits et terrasses de bistrots ombragés par quelques palmiers. Pour un peu on se serait cru dans le Marseille des années 80. Son hôtel était en fait situé dans le sud de ce qu'on appelle "La Medina". Qu'on l'appelle "kasbah", "oudaïas" ou "Medina", il s'agit toujours dans des métropoles comme Tanger, Rabat ou Casablanca de la vieille ville, de leur joyau architectural mais aussi de leur coeur de pauvreté. Se disposant en ruelles très étroites et labyrinthiques qui s'entremêlent à en donner le tournis à n'importe quel touriste, elles nous invitent à une course effrénée où Dieu seul sait où elles mènent.
She drew her phone quickly to geolocate : She was approximately 30 minutes walk from the youth hostel she has booked, after a long night spent in the airport of bergamo -Italy- a few days ago.
Equipped with her bagback, she strodes accross what separated her from where she’s going to live like a Moroccan way for the next four days. She only glanced stealthily look across Mohammed V boulevard, wide sidewalks and pristine road, freshly built tenements and terraces of bistros shaded by some palms.We could have imagined being in the Marseille of the 80s. Her hostel was located in the south of that’s called “La Medina”. That one calls “kasbah”, “oudaïas” or “Medina”, it is still in cities like Tangier, Rabat or Casablanca of the old city, their architectural jewel but also their heart of poverty. Arranging in very narrow and labyrinthine lanes that intermingle to make any tourist feel dizzy, they invite us to a frantic race where only god knows where it leads.

Dans cet hypercentre, le temps y paraît toujours comme arrêté. Les maisons peintes sont décrépites, mais pas encore assez pour avoir perdu leur charme, du moins vu de l'extérieur. On y vit comme il y a deux siècles, excepté pour ce qu'on s'y échange, témoignage d'un capitalisme qui passe en force partout.
In this downtow, time always seems as stopped. The painted houses are decrepit, but not yet enough to have lost their charm, at least from the outside. One lives here like two centuries ago, exept for what one exchanges there, testimony of a capitalism which passes in force everywhere.

L'entrée de la Médina de Casablanca est délimitée par de grandes murailles, forteresse de bric et de broc bien gardée par le fossé - que dis-je, l'abysse- creusé entre les plus riches et les plus pauvres.
Non, pas besoin de murailles pour savoir que l'on se trouve dans l'entre de la débrouille ; l'environnement parle de lui-même, agglutinement d'étals disparates de nourriture, d'épices, de babioles en plastique et de viandes cuites. La fumée du feu de bois plonge quiconque s'aventurerait jusqu'ici dans un brouillard assez épais ; ce qui est loin de freiner le rythme des allées et venues, grouillement d'habitants et de marchands qui se saluent, bavassant un peu parfois à l'occasion. Du côté des odeurs, rien de frappant, à l’exception des effluves de pourriture en provenance de déchets de nourriture, invendus de la veille. C'est que les rues ne sont pas nettoyées dans ce coin là de la ville.
Les plus riches de cette foire de fortune possèdent leur propre établissement, la plupart d'entre eux sont des espèces de grandes penderies qui se referment avec des battants le soir venu. Les plus pauvres -souvent de veilles dames- vendent des légumes aussi desséchés par la chaleur que leur peau à-même le sol.
The entrance to the Medina of Casablanca is bounded by great walls, fortress made of odds and ends well guarded by the ditch -what I say, the abyss- dug between the richest and the poorest.
No, no need for walls to know that we are in the middle of the coping. Environment speaks for itself, agglutination of disparate stalls of food, spices, plastic baubles and cooked meats. The smoke of the wood fire plunges enyone who ventured here in a quite thick fog ; which is far for stopping the rhythm of comings and goings, swarming of inhabitants and merchants who greet each other, sometimes chatting a little. On the side of odors, nothing striking, except the scent of rot from food waste, unsold the day before. In fact, the streets aren’t cleaned in this corner of the city.
The richest people of this makeshift fair possess their own facility, most of them are kind of wardrobe that close with shutters when comes the evening. The poorest people -most of the time old women- are selling vegetables as heat-dried as their skin directly on the ground.

C'est aussi le quartier des maliens, les étrangers de service, qui n'ont le droit de cité que parce que le Mali soutient le Maroc dans sa lutte pour le désert occidental face à son grand rival, l'Algérie.
Une fois elle en a suivi un jusqu'à chez lui -il vendait des bracelets sur la plage- il vivait dans une pièce de quinze mètres carré tout au plus avec cinq autres personnes. Ni cuisine, ni salle de bain : les marchands de sommeil ont de beaux jours devant eux. La Médina est un bidonville en dur, mais on lui pardonne : ses murs sont d'époque.
It’s also the neighborhood of the Malians, typical foreigners, who have the right of the city only because Mali supports Morrocco in its fight for the western desert facing its great rival, Algeria.
Someday she followed one until his house -he used to sell bracelets on the beach- he lived in a room of fifteen square meters at the most with five other people. No kitchen or bathroom : the sleep merchants have a bright future ahead of them. The Medina is a hard-wall slum but it’s forgiven : its walls are vintage.

Après avoir déposé ses maigres affaires dans une chambre coquette et dormi suffisamment pour être en alerte, elle se décide à remettre un pied dehors. Les regards sont presque hostiles - on n'ose pas lui parler, sauf pour quémander avec beaucoup d'insistance une minute d'attention. Elle sait qu'elle aura beau faire, elle restera la blanche. C'est pourquoi elle n'essaie même pas de se cacher. Sans faire trop dans la provoc', elle conserve sa façon d'être, ondulant nonchalamment le long des allées le nombril à l'air, détaillant les locaux tout comme ils la scrutent, presque comme deux chiens se sentent le cul pour savoir s'ils sont en terrain ennemi.
Elle restera ce soir dans la Medina, ou en tout cas dans les alentours. Cette effervescence l'interpelle : où courent-ils, les uns sur les autres ? Le soleil se couche sur la terre battue des routes qui mènent à cette zone : pas de béton pour les pauvres.
After leaving her meager stuff in a pretty room and slept enough to be alert, she decides to put a foot outside. The looks are almost hostile – we don’t dare to talk to her except to beg a minute of attention with a lot of insistense. She is aware of the fact that whatever she does, she will remain the white. That’s why she doesn’t even try to hide. Whithout the purpose of provocation, she keeps her way of being, waving nonchalantly along the aisles the navel to the air, detailing locals just as they scrutinize her, almost like two dogs smell the ass of each other to know if they are in enemy terrain.
She will stay tonight in the Medina, in any case in the surroundings. This effervescence appeals to her : where are they running, on top of each other ? The sun sets on the dirt road that lead to this area : no concrete for poor people.

A quelques mètres de là l'école de la Marine, d'où sortent de temps à autre des officiers, le dos droit et le regard résolu, fiers de s'être tiré de là. Le centre commercial lui fait face, il domine en fait le front de mer, juste à côté du port et de son ballet monstrueux de grues et de cargos ; la concurrence est rude lorsqu'on prétend au statut de ville-monde. Il arbore lui aussi fièrement ces mots sur sa devanture de béton : "Futur ancestral", qui promeuvent une marque de vêtements. Ces deux mots sonnent particulièrement fort dans sa tête. "Futur ancestral"...
A yards away is The Marine school, from witch officers come from time to time, straight backs and steadfast look, proud of having escaped from there. The shopping center faces it, it dominates the seafront, right next to the port and its monstrous ballet of cranes and freighters ; the competition is rough when you claim the status of world city. It also proudly sports these words on its concrete frontage : « Futur ancestral » witch promote a brand of clothing. These two words resonated particulary loud in her head. « Futur ancestral »..

Oui, Casablanca allie tradition et modernisme, mais en a t-elle retenu le meilleur ? Casablanca, ville du tourisme d'affaires et des femmes qui, pour avoir une chance de se baigner dans l'océan sans être traitées de putes doivent parcourir des kilomètres. A l'évidence se cacher. Casablanca, la ville ségrégationniste aux deux poids, deux mesures lorsque l'on parle de "progrès".
Yes, Casablanca combines tradition and modernism, but has it retained the best ? Casablanca, city of business tourism and women whom, to get a chance to swim in the ocean without being called an whores must travel for miles. Obviously hide themselves. Casablanca, the segregationist city with double standards when we speak of « progress ».

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B E R L I N - GERMANY (February 2019)


Aujourd'hui était un jour maussade, à Berlin. L'architecture industrielle de la ville ne détonnait pas le moins du monde avec la grisaille métallique du ciel. Cette ville dont le passé demeurait en toile de fond de toute la libération culturelle et sexuelle acidulée qu'on voudra.
Mais pour l'heure, il s'agissait bien de faire connaissance avec le nouveau Berlin. Rien de moins que celui qui se veut être le laboratoire de l'art en Europe. Un tour d'horizon des galeries d'art s'imposait donc aujourd'hui.

Today was a peevish day, in Berlin. The industrial architecture of the city didn't detonate in the least with the metallic greyness of the sky. This city whose past remained as a backdrop for all the cultural, sexuel and acidulous liberation that we will want. But at this time, it was a question of getting know the new Berlin. Nothing less than the one that wants to be the laboratory of art in Europe. So an overviw of art galleries was needed today.

Une rue est précisément dédiée à cela. Elle s'appelle "Auguststrasse", dans l'arrondissement de Mitte, au nord de l'hypercentre. Tableaux, projections, sculptures abstraites, la crème de l'art conceptuel contemporain où spéculateurs et collectionneurs viennent flâner, la main nonchalamment posée sur le porte-monnaie. Mais l'art ne se révèle pas toujours où on le croit. Car soudain, une petite cour dérobée nous invite à contempler un art sans loi, mais où la foi est peut-être plus vivace que partout ailleurs. 

A street is precisely dedicated to that. She is called "Auguststrasse" in the district of Mitte, north of the town centre. Paintings, projections, abstracts sculptures, the cream of contemporary conceptual art where speculators and collectors come to stroll, the hand nonchalantly put on the wallet. But art is not always revealed where it believed. Because suddenly, a small courtyard invite us to contemplate an art without law, but where faith is perhaps more hardy than anywhere else.

Là, dans cette petite cour où pourrait habiter n'importe qui pour une bouchée de pain, des collages sauvages, des objets détournés et autres tags rupestres éclatent à la figure dans un déluge de couleurs inattendu, véritable feu d'artifice privé. C'est l'insolite qui se donne sans mise en scène aucune, sans piedéstal. L'insolite qui, dans la pudeur de la propriété privée, nous immerge dans les broussailles un peu torturées d'un art généreux avant toute chose. Chacun y est allé de sa patte pour nous parler de quoi ? D'anarchisme, bien sûr, et de la tradition antifasciste qui va avec, éternelle repentance proprement allemande. À vrai dire, la folie créatrice cohabite parfaitement avec le protocole austère allemand. La délicieuse schizophrénie de cette ville, plus que jamais à l'œuvre, pour nous.
There, in this small courtyard where anyone could live for a bite of bread, wild colages, diverted objects and also rock tags burst into the face in an unexpected flood of colors, a real private fireworks display. It is the freak that gives itself without staging any, without pedestal. The unusual which, in the modesty of private property, immerses us in the little tortured bushes of a generous art before anything else. Everyone went out of their hands so as to talk about what ? About anarchism, of course, and of the anti-fascist tradition that goes with, eternally repentance proper to Germany. Actually, creative madness coexists perfectly with the austere german protocol. The delicious schizophrenia of this city, more than ever at work, for us. 

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