L A T V I A - RIGA (August - September 2024)
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Il ne fallait pas marcher beaucoup pour parvenir à la périphérie industrielle de Cracovie. 20 minutes de marche depuis la grande esplanade abritant la cathédrale, et on y était ! 20 minutes et les Zara, H&M et autres grandes chaînes européennes s'offraient à vous. L’architecture en son dehors, suivait la même dynamique et était toute utilitaire, j'ai nommé lecorbuséenne. En son coeur, la ville était d’un romantisme suranné, vous plongeant dans l’époque médiévale avec ses rues pavées, ses clochers et ses petites boîtes à musiques rococo. It wasn’t a long walk to reach the industrial outskirts of Krakow. A 20-minute walk from the large esplanade housing the cathedral, and there you were ! 20 minutes and Zara, H&M and other major European chains were on offer. The architecture on the outside followed the same dynamic and was all utilitarian, I mean Lecorbusian. At its heart, the city was old-fashioned and romantic, plunging you into the medieval era with its cobbled streets, bell towers and small rococo music boxes.
Cracovie, après être passée entre les mains des nazis et des russes, être devenue un haut lieu politique lors de la première guerre mondiale et être classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, a fait comme toutes les autres : Elle s'est bétonnée car développée économiquement. Grâce à son centre historique, ses sculptures colorées et l'ambre, bien sûr, archétype du bijou polonais !
Krakow, after having passed into the hands of the Nazis and the Russians, having become a political hotbed during the First World War and being classified as a UNESCO World Heritage Site, did like all the others: It concreted itself because it developed economically. Thanks to its historic center, its colorful sculptures and amber, of course, the archetype of Polish jewelry !
Cracovie la mignonne, comme un rubi médiéval serti d'une armature métallique de béton armé. Une ville pas exactement industrielle mais voulant au moins exister aux côtés de sa géante, Varsovie. Cracovie serait donc vouée à être le satellite de Varsovie, mais attention, son plus beau, n'ayant pas été détruite par les nazis.
Krakow the cute one, like a medieval ruby set in a metal frame of reinforced concrete. Not exactly an industrial city, yet willing at least to exist alongside its giant, Warsaw. Krakow would therefore be doomed to be Warsaw's satellite, yet its most beautiful one, not having been destroyed by the Nazis.
Cracovie, centre névralgique du tourisme en Pologne. Pas le temps de vous connaître, vous mangez, vous payez, vous disparaissez. Assez de temps perdu, pressons, par ici la monnaie !
Krakow, the nerve center of tourism in Poland. No time to get to know you, you eat, you pay, you disappear. Enough wasted time, hurry up, this way for the change !
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C'était une ville-musée où s'étalaient les vitrines fleuries et décalées qui exposaient des articles luxueux et une ville résolument médiévale. Bien sûr, tout autour, comme toute ville médiévale qui était un conglomérat de substrats architecturaux historiques propres à leur époque, il y avait toute la partie résidentielle et bétonnée du sol au plafond, cette architecture froide et fonctionnelle qui encapsulait toutes les villes de sa coquille de béton.
Les terres d'Egypte, dans le silence de leur aridité, avaient vu naître, il y a plus de 3000 ans, une sagesse. Mais une sagesse assez ancrée pour faire de la pyramide le digne représentant d'une symbolique spirituelle. L'entrée de la pyramide représente la quête du sens de la vie. La base de la pyramide le corps incarné, les côtés la recherche spirituelle et ses moults tentatives d'élévation et le sommet l'hramonie de l'union avec le soi supérieur. La pyramide représente donc pour ainsi dire la forme du corps physique émergeant symboliquement de la terre pour se hisser vers la lumière du soleil. L'Homme réalisant qu'il n'est pas que son corps et son intellect, mais bien plus encore ; un fragment de la conscience universelle.
Massacres des Cathares ? Taulards qui s'étaient donné le mot pour venir s'agglutiner ici en raison des bas loyers ? Misère culturelle et sociale d'une population à jamais claquemurée dans le doucereux train-train des séries télévisées, des courses à Carrefour le samedi et dans de meilleurs jours, du tour à Valras-plage agrémenté d'une glace citron-vanille ?
Peut-êre un peu de tout cela...
Béziers, jolie petite ville dont l'architecture témoigne d'un temps où la bourgeoisie avait la main-mise sur les vignobles alentours. A présent son reliquat vote FN tandis que les pauvres s'entretuent entre eux pour ne pas mourir d'ennui et que la mafia roupille dans l'ombre pour se faire oublier. Béziers, ville où personne n'est tout à fait sain d'esprit, où tout le monde dans ce bain d'errance est inéluctablement happé par lui. Qui a dit que la misère était moins pénible au soleil ?
Pépite dans le Maroc en voie de bétonnisation avancé. Toute petite ville de pêcheurs non-loin d'Essaouira, nombreux sont les touristes qui viennent s'y perdre chaque année ; venus de l'Europe entière pour surfer pas cher et pour ronronner à loisir sous les parasols écaillés qui dans pas si longtemps seront flambant-neufs. Imsouane est en passe de devenir un énième village pour touristes ; en témoignent les nombreuses maisons qui ont germées récemment, maisonnettes de béton immaculées couleur crème peuplant désormais le village un peu plus en contrebas de la côte qui borde le rivage de l’Atlantique. Pourvues d’un semblant de style moresque, elles se dressent comme autant d’arbres peuplant une forêt ; une forêt d’argent, réservoirs de retour sur investissement le temps d’une ou deux générations. Le temps que le béton se fende, trahissant une époque où tout peu être périssable, pourvu que tout ait été exploité.
Nugget in Morocco in the process of advanced concrete. A very little town of fishermen close to Essouira where many tourists come to get lost every year ; came from all over Europe to surf inexpensively and to pur at leisure under the chipped umbrellas that will be brand new in not too long. Imsouane is in the process to become yet another village of tourists ; this is evidenced by the many houses that have sprouted recently, immaculate cream-colored concrete houses now inhabiting the village a little futher down the coast which borders the Atlantic shore. With a semblance of Moorish style, they stand like trees in a forest ; a forest of money, reservoirs of return on investment for one or two generations. The time for the concrete to split, betraying a time when everything could be perishable, provided that everything has been exploited.
Les européens se pressent déjà d’investir dans l’immobilier, sous l’œil un peu dubitatif des locaux qui cependant se sont bien adaptés à la situation, en en tirant bon profit. Sans pression aucune pour autant, à la mode marocaine ! Ce petit bout de plage est aussi l’apanage des pseudos hippies français qui viennent faire de la guitare face à l’océan en prenant garde de ne jamais se mouiller… Et en faisant des blagues dans un anglais plus qu’approximatif avec leurs « frères » marocains, parce qu’être cosmopolite, c’est cool, surtout en période de corona.
Europeans are already in the hurry to invest in real estate, under the somewhat dubious eye of the locals, who, however, have adapted well to the situation, deriving good advantage from it. Without any pressure, though, in Morocan fashion ! This little piece of beach is also the prerogative of the so-called french hippies who come to play guitar in front of the ocean while making sure that never getting wet... And while making jokes in a more than approximate english with their "morrocan brothers", cause being cosmopolitan, it's cool, especially in times of corona.
Imsouane, petit bout de roche ancestral ; terre promise aux acheteurs français et autres touristes hollandais qui bientôt feront d’elle une nouvelle ère de jeu paradisiaque où la quiétude est un luxe. Pour l’heure, dans ce coin reculé pour occidentaux refoulés, l’Islam n’existe même plus. Les règles ne s’appliquent plus dans cet endroit de nulle part aux couleurs douces ; couleurs passées. Les règles ne s’appliquent plus et c’est comme si les émotions elles-mêmes ne comptaient plus qu’à moitié. Elles viennent s’y échouer avec langueur en même temps que les vagues et que ceux qui viennent tenter d’oublier et de se faire oublier aux confins du continent.
Imsouane, small piece of ancestral rock ; promised land to french buyers who will soon make it a new era of paradise game where some peacefulness would be considered as a luxury. For now, in this remote corner for repressed westerners, Islam no longer even exists. The rules no longer apply in this soft-colored place of nowhere ; faded colors. The rules no longer apply and it's as if the emotions themselves would be only half counting. They languidly come aground there at the same time as the waves and those who attempt to forget and to be forgotten on the borders of the continent.
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P O R T U G A L - FARO(November 2020)
Elle arbore son parc naturel comme un paon son plumage. Faro n’a rien d’extraordinaire, à ceci près de baigner dans une forêt aquatique, féérique ; zone humide préservée recelant des lagunes comme autant de miroirs scintillants dans son vert émeraude profond. Un vert piqueté de blanc ; ce sont les petits bateaux à moteur de pêche qui s’amoncellent le long des côtes.
It is sporting its natural park like a peacock its plumage. Faro has nothing extraordinary, except bathing in an aquatic forest, a fairy forest. Preserved wetland concealing lagoons like so many sparkling mirrors in its deep emerald green. A green speckled with white ; it is the small motor fishing boats that pile up along the coasts.
L’aéroport de Faro est la plaque-tournante de l’Algarve et déverse son flux de locaux et de touristes. C’est sans doute là que réside le gros de l’activité économique de ce grand village. La population ne semble pas en pâtir. Elle est résolument relax. Il faut dire, le coût de la vie ici aide bien !
Faro Airport is the hub of Algarve and drains its flow of locals and tourists. This is indoubtfully where most of the activity of this large village resides. People don’t seem to suffer. They are resolutely relaxed. It must be said, the cost of living here helps a lot !
Les quelques rues piétonnes qui se bousculent dans le cœur de la ville sont inondées par le soleil dix mois par an. C’est là que viennent flâner les habitants, tranquillement attablés. Ils viennent de leurs immeubles de béton ; l’architecture de Faro ayant été quelque peu brutalisée pendant les invasions napoléoniennes. The few pedestrian streets that jostle in the downtown are flooded by the sun ten months a year. This is where locals come to stroll, quietly seated. They’re actually coming from their concreted buildings ; the architecture of Faro having been somewhat damaged during the Napoleonic invasions.
Ca bétonne donc à tout va. Mais qu’importe, la Ria Formosa reste sauve, regorgeant de flamants roses, de loutres, de cascades et d’îles, coincées dans la lagune, figées dans la végétation aquatique brûlée par le cagnard. Faro est belle, lorsque l’on en sort.
It never stops top to be concreted. But it doesn’t matter, the Ria Formosa remains safe, teeming with flamingos, otters, waterfalls and islands, stuck in the lagoon, frozen in the aquatic vegetation burned by the sun. Faro is beautiful, when you get out of there.
H U N G A R Y (July 2020)
Mais que pourrait-on trouver à la Hongrie qu’on ne trouverait pas partout ailleurs en Europe ? But what could you find in Hungary that you couldn’t find everywhere else in Europe ?
Paysages bavarois généreux aux abords du lac Balaton, architecture viennoise, climat continental et mentalité… N’ayant rien de comparable avec la froideur des pays scandinaves ou de l’est.
Bavarian and generous landscapes on the outskirts of the Balaton lake, Viennese architecture, continental climate and about the mindset… It has nothing to do with the coldness of scandinavian countries or from the east.
Ne vous méprenez pas en voyant leur air pincé. Ils
n’ont ni mal dormi de leur nuit, ni avalé de travers. Ou alors ravalé leur
joie, laquelle aux leurs et strictement réservée. Bonheur comme propriété
privée, bonheur clanique, à la mode paternalisme avancé. Les hongrois sont
purement et simplement méchants et ça n’est pas négociable.
Don’t mistake while looking at their pinched
look. It’s not like they weren’t to sleep during the night or whatever. Or
maybe the thing is that they have swallowed their joy, which is stricly
reserved for them. Happiness as a private property, clan hapiness, in an
advanced paternalist way. The Hungarians are purely and simply nasty and it’s
not negotiable.
It’s that the Hungarians are mad at the whole earth. They have lost their lands, their domain. Hungary, a great accomplice in what branded the history of Europe with a hot iron in the past century. This affront that you’ve to pay a hundredfold once the border is crossed.
Une poigne de fer dans un gant de dentelle. Les rues sont jolies et immaculées. Ca et là des kiosques chantent leurs comptines kitschs d’un autre temps. Sisi l’impératrice et tutti quanti. Tout est d’ailleurs d’un autre temps, ici. Suranné.
An iron fist in a lace glove. Streets are looking pretty and immaculate. Here and there kiosks are singing their kitsch nursery rhymes from another time. Sisi the Empress and tutti quanti. Everything belong to another time, by the way. Outdated.
Comme si le pays s’était figé à la « grande
époque », que Disney a repris à son compte. La Hongrie, amputée de ce qui
était autrefois un Empire, n’en finira jamais avec bellicisme, de surenchérir.
It’s like the country was frozen at its
great age, that Disney has taken over. Hungary, cut off from what was once an
empire, will never end with warmongering to outbid.
La chrétienté y est ancrée, sans que ça ne vire au puritanisme ; la tolérance va de soi, tant Malte s’est vue pétrir de diversité culturelle au fil des différentes conquêtes. Acculturation savoureuse.
Christianity is anchored there, without turning into Puritanism ; tolerance goes without saying, as Malta has seen itself steeped in cultural diversity over the course of the various conquests. Tasty acculturation.
Ici, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’enjeu
d’accaparement. Les « natives » côtoient les touristes et les gens de
passage. Pas d’enjeu de pouvoir, et pas non plus de triomphe illusoire. Le
bonheur ici est plutôt simple. Il se donne sans faire languir, même dans les
clubs branchés.
Here, it has been a long time since the issue of monopolization. The “natives” rub shoulders with tourists and passing people. No power issue, and no illusory triumph either. Happiness here is pretty straightforward. It gives itself without making you languish, even in trendy clubs.
Au détour d’une ruelle tranquille, vous tomberez sur une crique. Un escalier plonge à pic dans la Méditerranée. Et vous voici, nageant au milieu des bateaux, dans une eau d’un bleu pénétrant.
At the bend of a quiet lane, you'll come across a cove. A staircase plunges steeply into the Mediterranean. And here you are, swimming among the boats, in the deep blue water.
Bien sûr, Malte est bétonnée. L’urbanisation fait rage ; sa population croit chaque jour un peu plus. Malte attire par son climat, mais surtout par son ouverture sur le monde. Malte, profondément pacifique, village international. Loin des enjeux de pouvoir et des foules furibondes.
Of course, Malta is concreted. Urbanization is raging; its population is growing a little more every day. Malta attracts by its climate, but above all by its openness to the world. Malta, deeply peaceful, international village. Far from the stakes of power and the furious crowds.
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It knew how to keep its magnetism, in spite of a charm that had become overrated. Nothing less original than to praise the Pââris sweetness of life ! Old biggest capital city of Europe, city of fashion, of gastronomy, of hygienism, of painting, popular songs and so forth, and these days global economic hub. Paris, wrapped up in the ring road, must have museumized itself so to survive the great waltz of competition from world cities, which ousted those who have nothing to defend in the marketplace ; annuitants’s dance-floor.
Paris, bipolaire : enveloppée d’une aura rétro, dans laquelle on semblerait flotter, arc-boutés sur l’histoire, entourée de lumière. Lumière de la liberté ?
Bipolar Paris : swathed in a retro aura, in which one seem to float, being head bent on the surrounded by light history. Light of freedom ?
Autocentrés, les yeux irrépressiblement tournés vers le passé glorieux d’un bien ardent combat politique. Celui de Voltaire, de La Fontaine en passant par tous les moralistes français comme Beaumarchais, l’insolent suprême ! Paris a montré la voie de l’insoumission au monde. Elle fut le phare de la citoyenneté revenue à la vie après des siècles de royauté, féodale ou monarchique. Oui, Paris l’intrépide a eu de beaux jours devant elle. Et puis, les guerres ont eu raison d’elle. Paris s’est tue le temps que l’humanité, révolution industrielle oblige, retrouve ses esprits.
Self-centered, eyes irrepressibly turned to the glorious past of a fierce political battle. That one of Voltaire, La Fontaine, and all the french moralists like the supreme sassy guy Beaumarchais ! Paris has shown the rebellion way to the world. It was the beacon light of citizenship revived after centuries of royalty, feudal or monarchical. Yes, the intrepid Paris has had a bright future ahead. And then the wars got the better of it. Paris has been silent as long as the humanity, because of the industrial revolution, comes to its sense.
Mais Paris n’a jamais retrouvé la parole. Paris et son auréole, poudre aux yeux de nostalgie.
But Paris never recovered its ability to speak. Paris and its halo, powder with eyes of nostalgia.
On s’adonne aux mondanités. On flirte avec l’art, du moment que ça reste… Douillet. Là où artistes, penseurs et scientifiques refaisaient le monde ensemble, dans le quartier latin, on veut désormais influencer. Les démonstrations de force ont fait place à la séduction. Haussman est toujours là, on a soigneusement introduit tout le confort technologique au cadre, permettant ainsi de mieux l’apprécier. Les jardins, l’architecture, les bateaux-mouches, le Monoprix… Tout y est ! Paris, ce Disney Land franco-français.
Pour un peu, on en oublierait le reste du monde. Surtout sa périphérie, où s’étalent sans pudeur parkings et buildings. Qu’on laisse pollution et pauvreté à l’entrée. Paris a son tiers-monde à elle, là où s’agglutinent tout ceux qui sont à la manœuvre, dans les coulisses du divertissement. Paris est belle, avec ses airs enjoués et si folâtrement populaires. Mais, ne le resterait plus longtemps sans l’armada de personnes qui travaillent à son industrie.
We’d almost forget the rest of the world. Especially suburban area, where carelessly spread parking lots and buildings. Please, leave pollution and poverty at the entrance. Paris has its own Third world, where all those who are maneuvering gather, in the backstage of entertainment. Paris is beautiful, with its cheerfull and so wildly popular looking. But it wouldn’t stay that long without the armada of people working in its industry.
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I S R A E L - TEL AVIV (December 2019)
F R A N C E - TOULOUSE
City that has developed over the last 40 years around aeronautical and aerospace engineering following a call for tenders won over Germany, Toulouse has become an entire industrial cluster, with a whole section of its economy not only for technology, but also for computing and scientific research in general. Small Silicon Valley, around its predilection domain a vast network now extends, made of technicians certainly, but also researchers, professors and of course foreigners.
Toulouse est sans doute la métropole la plus cosmopolite de France, avec des personnes venues de partout pour profiter comme qui dirait de son « attractivité économique en matière d’emploi », mais aussi et probablement même avant toute chose, de son climat auprès duquel quand même, il fait bon vivre.
Toulouse is arguably the most cosmopolite cosmopolis in France, with persons who come from everywhere so enjoying its so called "economic attractiveness in employment", but also and even more importantly its climate with which it's good to live.
A Toulouse, on a coutume de parler occitan, et ça sonne déjà bien ensoleillé. Mais quand même, on demeure en France, et les toulousains « de souche » sont là pour nous le rappeler, avec l’individualisme légendaire des « gens du sud », leurs gated communities et leurs propriétés sous vidéosurveillance.
Mais Toulouse, c’est aussi une terre de tradition socialiste, libertaire et anarchiste, avec une bonne dose de culture de résistance espagnole au franquisme et l’esprit du Larzac qui est aussi passé par là vers mai 68. Ouais, toutes ces influences ont laissé quelque empreinte dans la campagne environnante, et les nouveaux arrivants -venus de France comme d’ailleurs- n’ont pas trop de peine à s’en imprégner !
In Toulouse, we customary speak Occitan, and its sounds already sunny. But still, we live in France, and the born-native toulousains are there to remind us, with the legendary individualism of the "people of the south", their gated communities and their properties under video surveillance. But Toulouse is also a land of socialist, libertarian and anarchist tradition, with a big dose of spanish resistance culture to francoism and the spirit of Larzac which also passed by there circa may 68. Yeah, all of these influences have left some mark in the surrounding countryside, and newcomers -come from France and elsewhere- don't have much trouble to impregnate !
C’est qu’à Toulouse, la culture n’est pas tout à fait pratiquée comme partout ailleurs en France. Voyez, la culture sans l’esprit de solidarité, ça semblerait tout de même assez aberrant. C’est pourquoi à Toulouse, il n’est pas rare de tomber sur des concerts ou des expos « à prix libre ». Et pour tout dire, il n’est pas rare de tomber sur tout ce qui touche à de la coopération en général. Car, le but des associations qui organisent des choses, c’est de mettre de la vie là où elles existent, pas d’exister. Et cette vie, qu’est-ce qu’elle peut être créative ! Car Toulouse est aussi un extraordinaire laboratoire d’artistes, où l’expérimentation, même si elle n’est pas toujours comprise, est toujours tolérée. On réhabilite les espaces, on se les réapproprie, on fait même de l’habitat coopératif et bonnant malant, même les plus à la marge y trouvent leur compte.
That's because in Toulouse, culture is not quite practiced like everywhere else in France. You know, culture without the spirit of solidarity, it would all the same seem quite absurd. That's why in Toulouse, it is not rare to come across concerts or exhibitions at free price. And to be honest, it is not rare to come across evrything related to cooperation in general. Because, the purpose of associations which organize things is to put some life where they exist, not to exist itself. And this life, how much it could be creative ! Because Toulouse is also an extraordinary artists laboratory, where the experimentation, even if it is not always understood, is always tolerated. We rehabilitate spaces, we appropriate them, we even practice cooperative habitat and this way, even the most marginal ones benefit from it.
Toulouse est une nouvelle métropole, dont les habitations se sont entassées sur le modèle de toute bonne vieille architecture ces 40 dernières années ; fonctionnaliste et donc sans âme, inhabitée. Le comble quand on parle d’architecture, non ?
Toulouse is a new cosmopolis, whose houses have piled up on the model of all good old architecture over the last 40 years ; functionalist and therefore without soul, uninhabited. The height when we are talking about architecture, isn't it ?
Mais voilà, même si Toulouse est moche, c’est comme si son énergie foisonnante irradiait et prenait le pas sur le reste. J’veux dire, la pauvreté de la zone du Mirail, le métissage mal digéré et toutes ces histoires de compétitivité technologique et économique, bref toutes ces maladies contemporaines du « vivre-ensemble », voyez. Ouais, à Toulouse, assurément on peut dire que c’est « moins pire qu’ailleurs ». Et ça fait chaud au cœur.
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D E N M A R K - COPENHAGEN (August 2019)
Copenhague fait partie de ces nouvelles villes branchouilles qui essayent de copier Berlin... Sans jamais l'égaler. L'on y célèbre le lobby LGBT comme l'on fêterait Noël. Et son quartier anarchiste, Christiania, se voit aseptisé lui aussi de jour en jour par le couroux conformiste des possédants. C'est qu'ici, à Copenhague, lorsque l'on y vit, on est forcément possédant car tout est plus cher qu'ailleurs. Ici, bien sûr, progressisme oblige, ça n'est pas explicite, mais l'on peut ressentir combien vivre est un privilège. En réalité, dans les coulisses de la mise en scène d'ouverture sur le monde, tout transite par les ports et l'importation n'est pas une mince affaire, dans ce coin reculé d'un îlot ; surenchère progressiste acidulée sur fond d'enjeux économiques en vue de faire de Copenhague une ville-monde.
Copenhagen belongs to these new trendy cities which try to copy Berlin... But never equal it. We celebrate the LGBT lobby as we wo uld celebrate Christmas. And its anarchist nerbourhood, Christiania, is also sanitized day by day by the conformist jealous owners. It's because here, in Copenhagen, when we live there, we are necessarily owners because everything is more expensive than somwhere else. Here, of course, prossiveness obliges, it's not explicit, but one can feel how much to live here is a privilege.
In reality, in backstage of the staging of openning to the world, everything transit though harbours and importing is not an easy task, in this remote corner of an island ; progressively acidic overbidding on the backdrop of economic issues in order to make Copenhagen a world-city.
Les habitations coquettes et colorées lui donnent des allures de maison de poupée. Ses trottoirs sont propres, immaculés. La nature y est sanctuarisée au nom d'une culture toute entière du bien-être proclamée. De part en part elle est traversée par les rives argentées. Les bateaux y circulent, en toute quiétée. Tout y est si propret que l'on se demande où pourrait-on vie trouver. Chaque centimètre carré est sans en avoir l'air optimisé.
Copenhague, ville du bon goût aux décors cosy. Tout y est à sa juste place. Jamais rien de dépasse, jamais trace ne laisser. Même le vol n'a pas sa place. C'est le cadre qui veut ça. Un cadre non pas rigide comme ceux que l'on pourrait trouver dans les pays de l'est, pas froid non plus comme celui de l'Allemagne, mais sec. Oh oui, tellement sec !
Coquettish and colorful houses make it look like a doll's house. Its sidewalks are clean, immaculate. Nature is santuarized in the name of a whole culture of well-being proclaimed. It is crossed by silver banks throughout. The boats are circulating there, in all peace of mind. Everything is so neat that one wonders where he could find life. Each square inch is without seeming optimized.
Copenhagen, city of good taste and cozy decor. Everything is in its right place. Never anything exceeds, never track leave. Even no way for robbery. That's the frame that wants that. Not a rigid framework like those that one could find in the countries of the East, not cold either like the one in Germany, but dry. Oh yes, so dry !
But this drought at work doesn't deny Copenhagen its charm. Forever an outdated charm that nature, imperturbable, beyond limits of the reasonable, gives to appreciate. Interstices of spontaneity.
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M O R O C C O - CASABLANCA (July 2019)
Elle était sortie de la gare avec une mine valeureuse, celle de la fille qui voyage seule et compte mettre à profit cette liberté choisie pour découvrir... La planète sur laquelle elle vit. C'est que ce trajet de Rabat à Casablanca lui avait déjà pris la moitié de la journée. Même avec la nouvelle ligne de TGV, traverser le Maroc reste traverser le Maroc...
She got out from the train station with a valiant face, the one of the girl who travels alone and plans to take advantage of this chosen freedom so as to discover… The planet she lives on. In fact, this trip from Rabat to Casablanca has already taken her half of the journey. Even with the new TGV line, cross Morocco remains through cross Morocco…
Elle avait dégainé son téléphone fissa pour se géolocaliser : Elle se trouvait approximativement à 30 minutes à pieds de l'auberge de jeunesse qu'elle avait réservé, après une longue nuit passée dans l'aéroport low cost de Bergame - Italie - quelques jours auparavant.
Munie de son sac à dos, elle traversa à grande enjambées ce qui la séparait de l'endroit où elle allait vivre à la marocaine pendant les quatre jours suivants. Elle ne jeta que des regards furtifs de part et d'autre du boulevard Mohammed V, trottoirs larges et route immaculée, immeubles fraîchement construits et terrasses de bistrots ombragés par quelques palmiers. Pour un peu on se serait cru dans le Marseille des années 80. Son hôtel était en fait situé dans le sud de ce qu'on appelle "La Medina". Qu'on l'appelle "kasbah", "oudaïas" ou "Medina", il s'agit toujours dans des métropoles comme Tanger, Rabat ou Casablanca de la vieille ville, de leur joyau architectural mais aussi de leur coeur de pauvreté. Se disposant en ruelles très étroites et labyrinthiques qui s'entremêlent à en donner le tournis à n'importe quel touriste, elles nous invitent à une course effrénée où Dieu seul sait où elles mènent.
She drew her phone quickly to geolocate : She was approximately 30 minutes walk from the youth hostel she has booked, after a long night spent in the airport of bergamo -Italy- a few days ago.
Equipped with her bagback, she strodes accross what separated her from where she’s going to live like a Moroccan way for the next four days. She only glanced stealthily look across Mohammed V boulevard, wide sidewalks and pristine road, freshly built tenements and terraces of bistros shaded by some palms.We could have imagined being in the Marseille of the 80s. Her hostel was located in the south of that’s called “La Medina”. That one calls “kasbah”, “oudaïas” or “Medina”, it is still in cities like Tangier, Rabat or Casablanca of the old city, their architectural jewel but also their heart of poverty. Arranging in very narrow and labyrinthine lanes that intermingle to make any tourist feel dizzy, they invite us to a frantic race where only god knows where it leads.
Dans cet hypercentre, le temps y paraît toujours comme arrêté. Les maisons peintes sont décrépites, mais pas encore assez pour avoir perdu leur charme, du moins vu de l'extérieur. On y vit comme il y a deux siècles, excepté pour ce qu'on s'y échange, témoignage d'un capitalisme qui passe en force partout.
In this downtow, time always seems as stopped. The painted houses are decrepit, but not yet enough to have lost their charm, at least from the outside. One lives here like two centuries ago, exept for what one exchanges there, testimony of a capitalism which passes in force everywhere.
L'entrée de la Médina de Casablanca est délimitée par de grandes murailles, forteresse de bric et de broc bien gardée par le fossé - que dis-je, l'abysse- creusé entre les plus riches et les plus pauvres.
Non, pas besoin de murailles pour savoir que l'on se trouve dans l'entre de la débrouille ; l'environnement parle de lui-même, agglutinement d'étals disparates de nourriture, d'épices, de babioles en plastique et de viandes cuites. La fumée du feu de bois plonge quiconque s'aventurerait jusqu'ici dans un brouillard assez épais ; ce qui est loin de freiner le rythme des allées et venues, grouillement d'habitants et de marchands qui se saluent, bavassant un peu parfois à l'occasion. Du côté des odeurs, rien de frappant, à l’exception des effluves de pourriture en provenance de déchets de nourriture, invendus de la veille. C'est que les rues ne sont pas nettoyées dans ce coin là de la ville.
Les plus riches de cette foire de fortune possèdent leur propre établissement, la plupart d'entre eux sont des espèces de grandes penderies qui se referment avec des battants le soir venu. Les plus pauvres -souvent de veilles dames- vendent des légumes aussi desséchés par la chaleur que leur peau à-même le sol.
The entrance to the Medina of Casablanca is bounded by great walls, fortress made of odds and ends well guarded by the ditch -what I say, the abyss- dug between the richest and the poorest.
No, no need for walls to know that we are in the middle of the coping. Environment speaks for itself, agglutination of disparate stalls of food, spices, plastic baubles and cooked meats. The smoke of the wood fire plunges enyone who ventured here in a quite thick fog ; which is far for stopping the rhythm of comings and goings, swarming of inhabitants and merchants who greet each other, sometimes chatting a little. On the side of odors, nothing striking, except the scent of rot from food waste, unsold the day before. In fact, the streets aren’t cleaned in this corner of the city.
The richest people of this makeshift fair possess their own facility, most of them are kind of wardrobe that close with shutters when comes the evening. The poorest people -most of the time old women- are selling vegetables as heat-dried as their skin directly on the ground.
C'est aussi le quartier des maliens, les étrangers de service, qui n'ont le droit de cité que parce que le Mali soutient le Maroc dans sa lutte pour le désert occidental face à son grand rival, l'Algérie.
Une fois elle en a suivi un jusqu'à chez lui -il vendait des bracelets sur la plage- il vivait dans une pièce de quinze mètres carré tout au plus avec cinq autres personnes. Ni cuisine, ni salle de bain : les marchands de sommeil ont de beaux jours devant eux. La Médina est un bidonville en dur, mais on lui pardonne : ses murs sont d'époque.
It’s also the neighborhood of the Malians, typical foreigners, who have the right of the city only because Mali supports Morrocco in its fight for the western desert facing its great rival, Algeria.
Someday she followed one until his house -he used to sell bracelets on the beach- he lived in a room of fifteen square meters at the most with five other people. No kitchen or bathroom : the sleep merchants have a bright future ahead of them. The Medina is a hard-wall slum but it’s forgiven : its walls are vintage.
Après avoir déposé ses maigres affaires dans une chambre coquette et dormi suffisamment pour être en alerte, elle se décide à remettre un pied dehors. Les regards sont presque hostiles - on n'ose pas lui parler, sauf pour quémander avec beaucoup d'insistance une minute d'attention. Elle sait qu'elle aura beau faire, elle restera la blanche. C'est pourquoi elle n'essaie même pas de se cacher. Sans faire trop dans la provoc', elle conserve sa façon d'être, ondulant nonchalamment le long des allées le nombril à l'air, détaillant les locaux tout comme ils la scrutent, presque comme deux chiens se sentent le cul pour savoir s'ils sont en terrain ennemi.
Elle restera ce soir dans la Medina, ou en tout cas dans les alentours. Cette effervescence l'interpelle : où courent-ils, les uns sur les autres ? Le soleil se couche sur la terre battue des routes qui mènent à cette zone : pas de béton pour les pauvres.
After leaving her meager stuff in a pretty room and slept enough to be alert, she decides to put a foot outside. The looks are almost hostile – we don’t dare to talk to her except to beg a minute of attention with a lot of insistense. She is aware of the fact that whatever she does, she will remain the white. That’s why she doesn’t even try to hide. Whithout the purpose of provocation, she keeps her way of being, waving nonchalantly along the aisles the navel to the air, detailing locals just as they scrutinize her, almost like two dogs smell the ass of each other to know if they are in enemy terrain.
She will stay tonight in the Medina, in any case in the surroundings. This effervescence appeals to her : where are they running, on top of each other ? The sun sets on the dirt road that lead to this area : no concrete for poor people.
A quelques mètres de là l'école de la Marine, d'où sortent de temps à autre des officiers, le dos droit et le regard résolu, fiers de s'être tiré de là. Le centre commercial lui fait face, il domine en fait le front de mer, juste à côté du port et de son ballet monstrueux de grues et de cargos ; la concurrence est rude lorsqu'on prétend au statut de ville-monde. Il arbore lui aussi fièrement ces mots sur sa devanture de béton : "Futur ancestral", qui promeuvent une marque de vêtements. Ces deux mots sonnent particulièrement fort dans sa tête. "Futur ancestral"...
A yards away is The Marine school, from witch officers come from time to time, straight backs and steadfast look, proud of having escaped from there. The shopping center faces it, it dominates the seafront, right next to the port and its monstrous ballet of cranes and freighters ; the competition is rough when you claim the status of world city. It also proudly sports these words on its concrete frontage : « Futur ancestral » witch promote a brand of clothing. These two words resonated particulary loud in her head. « Futur ancestral »..
Oui, Casablanca allie tradition et modernisme, mais en a t-elle retenu le meilleur ? Casablanca, ville du tourisme d'affaires et des femmes qui, pour avoir une chance de se baigner dans l'océan sans être traitées de putes doivent parcourir des kilomètres. A l'évidence se cacher. Casablanca, la ville ségrégationniste aux deux poids, deux mesures lorsque l'on parle de "progrès".
Yes, Casablanca combines tradition and modernism, but has it retained the best ? Casablanca, city of business tourism and women whom, to get a chance to swim in the ocean without being called an whores must travel for miles. Obviously hide themselves. Casablanca, the segregationist city with double standards when we speak of « progress ».
L’Italie du Nord en hiver a déjà bien plus de mal à échapper à son destin de pays occidental. Et cette lumière miraculeuse à l’extérieur ne saurait subsister à l’intérieur, dans le cœur des hommes. Durant l’hiver, l’individualisme européen, l’individualisme occidental pour tout dire, revient en force et fait bande à part avec tout ce qui ne relève pas de l’argent. L’Italie du Nord fait de la surenchère pour apparaître comme n’importe quel pays européen ; à savoir « développé », civilisé.
M O R O C C O - FEZ (September 2018)
Arriver dans un endroit de nuit est toujours un peu déroutant. Surtout lorsque vous êtes seule, que vous ne connaissez personne et que vous ne parlez presque pas un mot d'anglais. Pourtant, l’accueil fut chaleureux, ville « pour touristes » ou pas, et cela peut vous faire oublier toutes les heures de bus qu’on voudra dans le désert. Fèz fut la capitale de la culture jusqu'à il n'y a pas si longtemps pour devenir ensuite comme toutes les autres ville un lieu de "développement économique", bref, une ville qui n'échappe plus à la standardisation occidentale capitaliste. Fès est schizophrène, et c’est bien normal.
Arriving in a spot by night is always a bit surprising. Especially when you are alone, don’t know anyone and almost don’t speak a single word of English. However, the welcome was warm, "city for tourists" or not, and it can make you forget every hours by bus in the desert that you want. Fèz was the capitale of culture until not so long ago to become then like all the others cities a place of « economic development », in short a city that no longer escapes western capitalist standardization. Fèz is schizophrenic, and that’s normal.
D’un côté s’étend ainsi la « nouvelle » ville, agglomérat d’immeubles de béton blanc traversé çà et là par de grandes avenues bordées de palmiers pour faire honneur aux venues du roi. De l’autre les reliques de ce qui fut et reste encore le lieu du savoir-faire artisanal et de l’instruction, j’ai nommé « La Medina ». Comme tous les cœurs de l’ancienne ville au Maroc, elle se présente en ruelles labyrinthiques, à la différence près qu’elle soit bien plus étendue et ponctuée de spacieuses places pavées où autrefois, chevaux et ânes chargés de marchandises devaient se croiser aisément. Désormais, ces places accueillent de petits stands ponctuels épars ; à vrai dire, on y vend surtout des choses « tombées du camion ». Le soir venu, un ballet d’oiseau vient toujours fermer la marche. Ils virevoltent assez bas dans le soleil couchant en ombres chinoises, toujours à ces endroits précis. Elle peut les voir, du toit de son auberge de jeunesse, ils passent parfois au-dessus des antennes-relais, mais seulement pour saluer.
On one side the « new » city sprawls, agglomerate of white concrete buildings crossed here and there by large avenues lined with palm trees to honor the king’s coming. On the other side, the relics of what was and still is the place of craftmanship and education, I named « La Medina ». Like all the hearts of ancient city of Morrocco, it shows up itself as labyrinthine alleys, with the difference that it is much more extensive and punctuated with spacious and paved squares where once, horses and donkeys loaded with goods should cross easily. Nowadays, these squares host small scattered and occasional stands ; to tell the truth, it sells mostly things « fallen from the truck ». When darkness falls, a ballet of birds always put the final march. They twirl low enough in the setting sun as shadow puttets, always in these precise places. She can sight them, from the rooftop of her youth hostel, they sometimes pass over relay-antennas, but only to greet.

Here, everyone greets each other, birds as well as men. Not only because everyone, in the Medina, know each other. We have kept, anchored in morals, this tradition of knowledge and culture and the education that goes with. Here, there is still talk about poetry in the ancient arabic language on the terrace of the cafés. We exchange some books of theology. We try to have a reflexivity about his human condition, beyond morals, beyond good and evil. The religions tabou is present, sword of Damocles of social regulation, but it is like it was so mingled with the culture, old arabic culture, that it was diluted in it, being almost forgotten. Women, that’s true, are excluded from important or intellectual matters, but at least they have access through their husbands, something quite incongruous somewhere else, it must be confessed. Jews and Muslims tolerate each other quite well, each vacants to his business.
Bien sûr, la pauvreté est là. Bien sûr, on sait qui tient les rênes de ce village attenant à la « vraie » ville. Mais personne ne semble jamais être totalement livré à lui-même, au milieu de cette abondance débordant des étals. Et dans le pire des cas, on trouvera toujours quelqu’un pour nous offrir le symbole-même de l’abondance : de la nourriture. C’est que dans les ruelles, les affaires vont bon train. Marchands et touristes négocient. L’artisanat est à l’honneur, même dans les coins les plus reculés de cette foire incessante. Ca fourmille sans se bousculer. Un peu plus loin, sur la plaine, une zone industrielle aux abords de l’aéroport s’étend sur des kilomètres à la ronde. Fèz est schizophrène, mais chacun y est à sa place.
Of course, poverty is here. Of course, we know whom holds the reins of this village adjoining the « real » city. But no one seems to be totaly left alone, in the midst of this abundance which is overflowing with stalls. And, at worst, we will always find someone to offer the very symbol of abundance : food. In the alleys, business is going well. Marchants and tourists are negociating. Handicratf is in the spotlight, even in the most remote corners of this incessant fair. It is swarming without jostling. A little further, on the plain, an industrial area near the airport stretches for miles around. Fez is schizophrenic, but everyone is in his right place.
Petite ville de pêcheurs, Nazaré a vu son potentiel touristique s'accroître ces dernières années en raison des vagues monstrueuses que les surfeurs du monde entier ont désormais coutume de s'arracher l'hiver. Pas fous, les politicards locaux ont voulu profiter de cette nouvelle visibilité pour développer un tourisme estival. Les rues pavées se sont parées de restaurants où la bouillabaisse est à l'honneur. Quelques magasins ont fleuri ça et là, proposant fouffes et jouets de plastique pour la plage. On y parle un anglais trivial et encore très hésitant ; sur un malentendu, pourvu qu'on arrive à chipper au touriste d'Europe du Nord quelques euros de plus.
Small town fishing, Nazaré has seen its tourist potential increase in recent years because of the monstrous waves that surfers around the world are now wont to pull out during winter. Not crazy, local politicians wanted to take advantage of this new visibility to developp a summer tourism. The paved streets has been adorned with restaurants where the bouillabaisse is in the spotlight. Some stores has bloomed here and there, offering thingummy and plastic toys for the beach. Here, we speak a trivial English and still very faltering ; on a misunderstanding, provided that we can pilfer the tourist of the Northem Europe a few euros more.
Sur les coups de 13h/14h, les vieux, imperturbables, continuent de faire cuire le poisson dans la rue sur de petits barbecues. Parfois escortés de leurs petits-enfants, sans doute n'en ont-il que faire de ce nouvel engouement économique. Ce soir, lorsque le cagnard se sera couché, ils s'en iront pêcher le poisson. Leurs outils seront posés en ordre de bataille sur la plage, que les touristes auront lâché pour aller s'acheter des glaces sur la grande esplanade de béton construite pour l'occasion.
Les tuiles orange sont posées sur d'épais murs blancs comme on n'en fait plus, avec portes sculptées au cachet indéniable, en dépit d'une absence totale de rénovation. Du haut du balcon d'une modeste auberge de jeunesse, on peut les apercevoir tous, les toits de ces maisonnées, remontant agglomérées le long de la colline sur laquelle s'est construite la ville ; coquilles d'escargot vitaminées. Parfois des liasses de végétaux viennent orner ces bâtisses à moitié délabrées ; comme pour nous rappeler que partout la beauté peut s'inviter.
Around 1 or 2 PM, the elders, unperturbed, keep cooking fish in the street on small barbecues. Sometimes escorted by their grandchildren, they probably don’t mind about this new economic craze. Tonight, when the sun will be down, they will go fishing for fish. Their tools will be placed in order of battle on the beach, which tourists will have dropped so as to buy ice cream on the large concrete esplanade built for the occasion. The orange titles are laid on thick white walls as we no longer do, with carved doors undeniable stamp, despite a complete lack of renovation. From the balcony of a modest youth hostel, one can see them all, the roofs of these households, riding up agglomerated along the hill on which the town was built, vitamin snail sheels. Sometimes bundles of plants adorn these half-dilapidated buildings ; as if to remind us that everywhere beauty can invite itself.
Ce balcon donne sur une cour où les chats errants se retrouvent pour miauler en choeur. Il n'est pas très profond, mais juste assez pour avoir pu y glisser une petite table de fer forgé grise avec ses deux chaises assorties. Elle y reste aussi longtemps que le soleil le lui permet, à contempler ce spectacle si tranquille sous un ciel d'un bleu immaculé, regard qui lèche l'horizon par dessus son bouquin. Nous sommes fin juillet, en plein été. A l'étage, il y a aussi la salle de bain de l'auberge. Mais une vraie salle de bain, avec une vraie baignoire. L'auberge est une maison de maître réhabilitée. L'autre jour, elle a pris un bain. C'était en fin de journée, le soleil ne baignait plus qu'à peine la pièce de sa lumière nacrée. L'eau était tiède et lorsqu'elle immergea son corps picorré par le sel de l'océan et le soleil, elle su immédiatement qu'elle était à température. Elle s'était baigné là où quelques mois plus tard, l'automne revennu, la vivacité des vagues allait devenir un véritable enfer marin. Alors elle ferma les yeux et s'abandonna au chant des mouettes. Elle s'était en fait forgé un monde de toutes ces informations sensorielles et c'était peut-être là son plus grand voyage. Le reste n'avait presque plus d'importance.
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G E R M A N Y - BERLIN (February 2019)

Mais pour l'heure, il s'agissait bien de faire connaissance avec le nouveau Berlin. Rien de moins que celui qui se veut être le laboratoire de l'art en Europe. Un tour d'horizon des galeries d'art s'imposait donc aujourd'hui.
Today was a peevish day, in Berlin. The industrial architecture of the city didn't detonate in the least with the metallic greyness of the sky. This city whose past remained as a backdrop for all the cultural, sexuel and acidulous liberation that we will want. But at this time, it was a question of getting know the new Berlin. Nothing less than the one that wants to be the laboratory of art in Europe. So an overviw of art galleries was needed today.
Une rue est précisément dédiée à cela. Elle s'appelle "Auguststrasse", dans l'arrondissement de Mitte, au nord de l'hypercentre. Tableaux, projections, sculptures abstraites, la crème de l'art conceptuel contemporain où spéculateurs et collectionneurs viennent flâner, la main nonchalamment posée sur le porte-monnaie. Mais l'art ne se révèle pas toujours où on le croit. Car soudain, une petite cour dérobée nous invite à contempler un art sans loi, mais où la foi est peut-être plus vivace que partout ailleurs.
A street is precisely dedicated to that. She is called "Auguststrasse" in the district of Mitte, north of the town centre. Paintings, projections, abstracts sculptures, the cream of contemporary conceptual art where speculators and collectors come to stroll, the hand nonchalantly put on the wallet. But art is not always revealed where it believed. Because suddenly, a small courtyard invite us to contemplate an art without law, but where faith is perhaps more hardy than anywhere else.
Là, dans cette petite cour où pourrait habiter n'importe qui pour une bouchée de pain, des collages sauvages, des objets détournés et autres tags rupestres éclatent à la figure dans un déluge de couleurs inattendu, véritable feu d'artifice privé. C'est l'insolite qui se donne sans mise en scène aucune, sans piedéstal. L'insolite qui, dans la pudeur de la propriété privée, nous immerge dans les broussailles un peu torturées d'un art généreux avant toute chose. Chacun y est allé de sa patte pour nous parler de quoi ? D'anarchisme, bien sûr, et de la tradition antifasciste qui va avec, éternelle repentance proprement allemande. À vrai dire, la folie créatrice cohabite parfaitement avec le protocole austère allemand. La délicieuse schizophrénie de cette ville, plus que jamais à l'œuvre, pour nous.
There, in this small courtyard where anyone could live for a bite of bread, wild colages, diverted objects and also rock tags burst into the face in an unexpected flood of colors, a real private fireworks display. It is the freak that gives itself without staging any, without pedestal. The unusual which, in the modesty of private property, immerses us in the little tortured bushes of a generous art before anything else. Everyone went out of their hands so as to talk about what ? About anarchism, of course, and of the anti-fascist tradition that goes with, eternally repentance proper to Germany. Actually, creative madness coexists perfectly with the austere german protocol. The delicious schizophrenia of this city, more than ever at work, for us.