J'ai décidé d'écrire moins sur les concepts. L'écriture sera probablement dans le futur beaucoup plus empreinte de poésie. Plus d'explications, mais du témoignage. Des idées mêlées à des feelings. Toujours des concepts, mais pris dans un mouvement, celui de l'expérience. Moins de certitudes, plus de ressentis, avec tout ce que cela implique en terme d'onirisme. 


Lorsque vient la nuit, je me glisse subrepticement dans mon lit. 

Les couvertures sont ouatées.  Vaseuses, par endroits, reliques de sueurs passionnées. On s'enveloppe de leur brume chaude, on s'en délecte dans une volupté grasse. Naufragé s'égarant avec volupté dans les vagues sombres de l'océan de l'inconscient. Les couvertures comme autant de strates du psychisme humain dans lesquelles on plonge, vagues délicieuses nous submergeant de toutes leurs gouttelettes, de tous leurs fragments hallucinatoires. Et du fin fond de ce marécage onctueux, dans le noir le plus profond, on se met alors à répondre à l'appel de la nuit. Lentement, on se confond avec ce qui nous tient lieu d'abri. On s'immerge dans les abimes de cet abime où nul ne peut plus jeter un regard. Abime de noirceur oublié de la civilisation. Abime voué au sommeil où l'âme s'en retourne dialoguer avec elle-même. Darkness all around. Darkness inside, but still positive darkness. Là où personne ne sait, personne ne regarde, plus rien n'existe, dit la physique quantique. Mais moi, je me tiens au milieu des ruines d'une journée si bien remplie. Mémoire fragmentaire en déliquescence, comme le sucre se diluant dans le café. C'est alors toute ma mémoire qui défaille peu à peu, tout mon être qui bascule dans les limbes d'un imaginaire reprenant ses droits. A mon tour, je me dilue, me confond avec cette torpeur sombre, everywhere around. Peu à peu, je deviens quelqu'un d'autre, ou plutôt quelque chose d'autre. It's not human anymore. Une créature de l'ombre, créature rampante mue toutefois par la grâce d'une poésie obsolète, surannée, celle de l'oubli, de l'anonymat de la nuit. Cette créature recherche la rédemption dans l'oubli. Terrain de jeu du repli. Et depuis sa cachette, elle irradie. Elle irradie les ondes d'un délicieux ennui. Paresse enchanteresse d'un message de lumière adressé au monde. Un message de paix qui passe sur le tao des ondes, émis depuis une source lointaine qui ne reconnaît plus les limites humaines. La créature mute en sonar, somptueux réceptacle de la musique du monde. Tapie dans les ténèbres, elle déploie ses antennes jusqu'à ne faire plus qu'un avec le vide de la nuit, gorgé de potentialités. Captation d'ondes venues de dimensions amies. Comme un navire abandonné, je m'abandonne aussi à la passivité. A l'écoute de chaque son, parfois le miracle se produit, et ma sonde vient heurter quelque superbe mélodie. Comme un phare dans l'obscurité d'une solitude choisie.