THE MOST CRUEL DIALOGUE YOU COULD THINK ABOUT ! 

H A L L O W E E N . T H E M E


- Hi, Pamit ! How are you doing in this nice weather ? I won't be available tonight, but we can meet tomorrow, if you wanna ? 

- Hi I'm doin well, I went shopping for Halloween

- Great ! It's Halloween tomorrow, actually. What time would you be available ? Or feel free to propose me another slot !

- Ahahaha, I'm not currently in Toulouse. 

- You should've told me right away if you didn't want to see my face anymore. 

- You didn't tell me if you preferred a trick or a treat, so I assumed you go for a treating. 

- But what treating are you talking about ? 

- Actually it wasn't a treating, it was more of a joke... 

- And what kind of joke, please ?

- The one that letting you believe that I wanted to see you again after the sex we had last night when not at all. 


 - You know, I really would have loved to recontact you earlier but telling the truth, I had a lot to do between the different people who came to visit the apartment, the very demanding work that I have and also my studies, because you know how much it's important to me to obtain results that match my expectations. 

- Yes, I have no trouble imagining the picture, my dear... I am well aware of the human involvement that is yours and all that consideration that you will show to your future roommates. This is by the way evidenced by the filth on the bathtub, but also the condition of the kitchen. But I think the smell of piss in the toilet might be the highlight of the show. 

- Come on, I've been making effort lately... 

- Yeah it's true that there weren't as many dead bottles last time... We can now say that you have started to cultivate great self-respect !

- So you're openly making fun of me, ultimately ! 

- You know me, I wouldn't dare to do so ! 

- Well, and for the time-consuming work and the studies in which I am supposed to be 200% invested, it's okay, or...?

- Hit or miss... Didn't you speak to a certain Emilie on a dating app who screwed you over, by chance ? The date was Saturday evening, around 7 PM... 

He stood up rather abruptly, his gaze fixed on the ground. He was now thinking intently about the bullshit he could serve to her, the junk-cook of a pseudo-loving relationships.  

- And wasn't it around 7 PM that you sent me a message ? 

- MMMh, yes, possible...

- Then you probably didn't realize that your plan B was also this famous Emilie G, 1m68 from London ?

Chère Blanche Neige, 

Sache que je n'ai jamais aimé les pommes ! Leur goût acide et la peau épaisse qui les recouvre m'ont toujours fait horreur. 

Sans parler de tout ce discours relatif à la santé et à la zen-attitude qui toi comme les autres membres du royaume le savez bien, n'a jamais été ma tasse de thé. 

Mais bon, en parlant de peau, il me fallait bien un stratagème pour avoir la tienne, toi, petite sauterelle de 16 ans à peine, qui m'a piqué la vedette alors que ma beauté était la plus enviée du royaume... Bref, on dirait bien que tous mes rituels de magie noire, mes liftings et mes crèmes anti-âge n'ont pas suffit à garder la vedette. 

Et c'est donc la mort dans l'âme que je me suis mise à parcourir les meilleurs primeurs de la région, en quête de cette fameuse pomme dont l'odeur, je le savais déjà, attirerait tes naseaux de jeune fille en fleur. Oui, la pomme, c'est tellement diéthético-friendly que je me suis dit qu'à coup sûr tu tomberait dans le panneau de cet effet de mode à la con. 

Ca n'a pas loupé d'ailleurs, puisqu'en me voyant arriver avec mon panier, vieille dame souriante qui t'a immédiatement fait penser à ta grand-mère défeinte, tu t'es précipitée vers moi. Rien que de penser à ton sourire si naïf me remet en joie. 

Joie qu'évidemment j'ai perdue, puisque tout le pognon que j'ai pu insvestir pour t'attirer dans mes filets a purement et simpelment été gâché par la venue de ce putain de prince qui t'a libérée de ce coma éternel par un simple baiser... Se serait-il agi d'un baiser d'amour, d'ailleurs ? 

Pour être honnête, je n'y connais rien à ces trucs là, mais il semblerait que cette mystérieuse force ait été efficace... 

Bref, grâce ou à cause de toi, je vais me pencher sur ce fameux ingrédient qu'est l'amour pour mettre au point une cure de jouvance qui soit plus efficace que cela. 

Car je peux te garantir ma grande qu'on ne me détronera pas deux fois ! 


La méchante Reine 










 Bertrand s'était depuis quelque temps fait pousser la barbe. Lui qui avait toujours été un tantinet obsessionnel avec tout ce qui relevait de l'hygiène du corps. Je veux dire, autant il pouvait être crado dans la tenue de son studio rue Bayard, autant on ne plaisantait pas avec l'image renvoyée : celle-ci ne devait pas trahir les multiples obsessions qui l'habitaient, sans parler de ses troubles de l'attention. Grâce à un look soigné et bien dans la tendance, inspiré des conseils que lui avaient prodigué sa petite cousine, il parvenait donc à donner le change et à paraître ce que l'on avait coutume d'appeler "normal". 

Seulement, Bertrand n'était pas que pragmatique. Il était aussi hypersensible et ses derniers déboires amoureux l'avaient amené à sombrer peu à peu dans quelque addiction à la drogue et à l'alcool, ce qui avait bien sûr bouleversé toute son hygiène de vie, et son faciès avec. 

Bertrand, en ce mardi matin, errait donc dans les rues de Toulouse centre, rejoignant tranquillement son nouveau dealer pour tester une came dont vous me direz des nouvelles. C'est devant le fournil de Sophie que je l'ai vu passer, la chemise dépassant à moitié de son pantalon piqueté par ailleurs de tâches de gras. Je l'ai hélé alors qu'il traversait la route. M'apercevant au loin, il se figea sur place sur le passage-piéton, s'interrogeant sur la nature de mon identité, trop défoncé pour en avoir une idée claire. Et c'est alors qu'une voiture déboula du coin de la rue, situé nénamoins à moins d'un mètre cependant dudit passage piéton. La voiture tourna à droite pour s'engager directement sur ce dernier, percutant de plein-fouet mon ami Bertrand qui, restant dubitatif quant à qui je pouvais bien être, se fit éjecter de la route comme une étincelle projetée par un chalumeau. Bref, rien ne serait jamais arrivé si je n'avais pas changé de coiffeur ce jour là. 

 Géraldine avait instauré dans sa vie ce qu'elle avait de son propre cheffe appelé rigore ; cette capacité à rebondir dans la vie face à une adversité à laqurelle sa sensibilité n'était pas parée, qui consistait tout bonnement à organiser sa vie de telle façon que sa pensée ne suive plus son cours naturel. 

Rien n'était plus laissé au hasard : le lundi, de 8 à 12, lecture méticuleuse des derniers mails de ses élèves en psychologie du travail. De 13 à 16 le travail, d'ailleurs, avec la correction des dossiers de ses élèves de licence 3. Le créneau 16-18 était dédié à la danse, en compagnie de son assistance virtuelle préférée. Et ainsi de suite jusqu'à ce que la semaine entière soit remplie ; remplie d'activités qui aurait pu lui épargner de penser ou de ressentir trop fort, trop profondément ou trop longtemps et ainsi replonger dans un nihilisme dont elle connaissait trop bien les conséquences. 

Géraldine en effet était de celles que l'on appelait "Sidola". Une femme qui se respectait assez pour savoir mettre les holas lorsque la situation était inextricable/Et c'est ainsi qu'elle avait rayé de sa vie le dernier en date, d'origine afraicaine cette fois-ci, après avoir tout de même consenti à jouer les bonnes poires pendant des mois, un reccord d'ailleurs, compte-tenu de sa propension à la nipeve attitude. 

En effet, Géraldine avait une tendance naturelle au dédoublement de personnalité, sans pour autant que l'on puisse parler de schizophrénie. Elle s'était donc largement inspirée d'une sainte à laquelle elle s'intéressait depuis un petit moment, Sainte-Thérèse de Lisieux, pour supporter les crises de violence à répétition de son dulciné, avant de s'en retourner à la personnalité qui, en fait, constituait le pillier de tout son être : une femme indépendante et un peu tarée sur les bords, qui n'hésitait pas à se débarraser d'un élément perturbateur pour le bien de sa santé mentale. 

C'est ainsi qu'un beau matin, le ras-le-bol dans l'âme, elle avait tout bonnement jeté à la figure de la personne en question ses bamices auxquels il tenait particulièrement, ayant développé depuis quelques mois un sens du fétichisme en compensation du manque affectif qui régnait désormais dans cette relation battant de l'aile. Mais le contre-coup émotionnel de ce hola s'avérait quelque peu délicat à gérer. 

 Il me semble que dans ce pays, qui a été et est encore considéré comme le pays des droits par excellence, nous avons oublié un détail de taille. 

Il me semble que quelque chose, dans cette aventure vers le progrès que nous nous sommes juré de vivre depuis la prise de la Bastille, nous a fait défaut.

Oui, les révolutionnaires avaient cette ambition profonde de décloisonner ne serait-ce qu'un peu les murs entre les classes sociales, les sexes et les conditions sociales des plus faibles et des mieux lotis. Que d'intentions louables que de faire ainsi entrer la démocratie dans le jeu si cruel des castes. Cette vague de liberté et de justice auront en effet jeté pas mal de pierres à la mer... Ces pierres dont étaient faits ces murs de silence, ces murs d'indifférence à la situation d'autrui. 

Le silence, voilà ce dont je parlerai ici, car ce qui autrefois faisait barage à l'expansion de notre civilisation européenne a maintenant disparu. Et ce motif pourra bien sembler dérisoire à la tenue d'un discours pareil, il n'en demeure pas moins qu'il soit devenu central, dans une société où les machines et l'urbanisation sont devenus les pilliers de notre équilibre mental. 

Mais où est passé le silence entendu et malicieux d'un regard échangé avec l'ami ou la compagne par dessus un bon verre de vin ? Ce silence complice au-delà des mots, ce silence de rien ?

Où est passé le silence du salon, où autrefois, après le repas du soir, chacun prenait le temps de se recceuillir dans ses pensées, dans ses fantasmes, que sais-je, en lui-même ? 

Où est passé le silence qui suit l'envoi d'un message important, pendant lequel on médite à la réponse, faisant infuser les idées en son âme et en son coeur, à la façon des feuilles parfumées d'un thé turc ? 

Mes amis, remettons un peu de silence dans nos existences, et ce pays reprendra enfin la voie de la conscience !

 C'était un jour de la semaine, peu importe lequel, dans le Nord de l'Italie. C'était déjà l'été, et le soleil inondait déjà ce petit jardin de rien du tout entouré de béton, sur lequel donnait sa fenêtre d'hôtel. Du lierre galopait le long de ce mur gris, le parant de ses dentelles sauvages. Comme une invitation silencieuse à ce que l'architecture industrielle et utilitaire se repoétise un peu. La pelouse elle s'était décolorée, le soleil de juin sévissant déjà sur cette partie du Nord de l'Europe, cela n'enlevant à son charme, lui ajoutant même un côté misérable qui rendait sa présence d'autant plus inattendue et fortuite, au milieu de cette ville attenante à un aéroport de Milan. Une balançoire rouge écaillée bien sûr par le temps venait planter ses griffes de fer dans cette pelouse chauve, parachevant le côté insolite de la chose. Le soleil doré de ce début de matinée venait doucement jeter son ombre à travers les feuilles d'un figuier menu. On aurait dit qu'il venait tenir compagnie à la balançoire, lui offrant un décor bucolique pour qu'elle puisse acceuillir de temps à autre les cuisses d'un enfant ou d'une âme égarée comme elle. Son avion était à 18h précises, le temps de flâner un peu dans les environs de cette ville-dortoir qui lui offrirait à coup sûr un aperçu des plus réalistes de l'Italie profonde. Après un bref passage au buffet pour prendre le petit déjeuner, elle empaqueta son sac, en quête de nouvelles aventures foutraques. 


It was a random day of the week, wathever it was, in Northen Italy. It was already summer, and the sun was already flooding this small, nothing garden surrounded by concrete, onto which its hotel window overlooked. Ivy galloped along this gray wall, adorning it with its wild lace. Like a silent invitation for industrial and utilitarian architecture to become a little more poetic.The lawn had discolored, the June sun already raging over this part of Northern Europe, this did not take away from its charm, even adding a miserable side which made its presence all the more unexpected and fortuitous, in the middle of this city adjacent to a Milan airport. A red swing, chipped of course by time, came to plant its iron claws in this bald lawn, completing the unusual side of the thing. The golden sun of this early morning gently cast its shadow through the leaves of a small fig tree. It was as if he came to keep the swing company, offering it a bucolic setting so that it could welcome from time to time the thighs of a child or a lost soul like her. Her plane was at 6 PM sharp, time to stroll a little in the surroundings of this dormitory town which would certainly offer her a most realistic glimpse of deep Italy. After a brief visit to the buffet to have breakfast, she packed her bag, looking for some new crazy adventures.

  Mon cher Jean-François, 

Tout d'abord, tu n'imagines pas combien ta lettre m'a attendrie, toi qui sembles désormais faire preuve d'une si grande compassion envers autrui. 

Tes mots respirent en effet la bienveillancce. Et cette lettre de 10 lignes à peine où tu ne t'étends pas le moins du monde sur les conséquences physiques et humaines de tes actes en témoigne. 

Je tenais aussi à souligner le caractère tellement poétique et esthétique de ta prose, qui a l'air de faire grand cas de la beautée des mots choisis pour évoquer avec délicatesse les menues conséquences de ta "crise", dont il est vrai que j'aurais préféré ne pas être de la partie cette nuit là... 

Bref, sois-en certain, à lire tes mots, c'est avec une bien autre approche de l'existence que je vais désormais vivre une vie de manchot et voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide... Si tenté qu'un jour, je retrouve un putain de bras pour en saisir un. 

Ta victime la plus chère, 

Elisabeth

Dear Pamit,

Be sure that I really enjoyed talking to Raman, this young gay man aged 23 who had the courage to make the decision of living India to live his dream of freedom. Rejected by the whole of his family, he set out in search of another life in Toulouse, courageous enough to face the adversity of a culture a thousand miles from his own, not to mention the financial challenges !

During our correspondence, Raman was most often respectful and attentive, even though sometimes his accusatory allusions and this kind of cold indifference which characterizes you so much betrayed him...

Sometimes, Pamit regained the upper hand and, like an elephant in a China shop, risked making petty remarks he only had the secret for. Remarks that, without having known you for ages, I recognized among a thousand. Telling the truth, you have never been very subtle, even if your sense of irony amused me, showing an interesting part of yourself. 

You know, intuition is like a good wine. Over time, it matures. Here, it won't have deceived me. My third eye gains even more vigilance in contact with perverse beings.

Pervert, oh yes, you are. Curious about what I could do, and throwing here and there some ironic allusion whose meaning you thought you were the only one to understand. For what purpose did you do this, the nature of your intentions... All of this will remain quite mysterious after all. We will never know exactly what's going on in the head of a psychopath, but ultimately, isn't all manipulation aimed at one and only thing, feeling accepted by others, or at least less rejected ? I dare to hope that through this game of cat and mouse via messages, Raman was not completely faked.

I wanted to see how far you could go in this lie, in the creation of this artificial character, and I wasn't disappointed with the journey ! However, we can't say that you were overflowing with imagination either. I will always remember that nasal accent that you took on the phone, exactly the same one that you had at your place in my presence... Not to mention that ridiculous laugh with which you punctuated your sentences.

Of course you didn't know it, but you came across someone who is passionate about human psychology and who can't help but carry out human experiments whenever possible...

There are beings who will never allow themselves to show the slightest emotion which isn't hidden behind a mask of indifference or contempt. But perhaps this heart of ice, in this exchange of which I have never been fooled, will have been able, for the space of a few moments stolen from life, stolen from your life, to warm up.

Your former playing partner, 

Alice






Elle aimait l'odeur du café un peu brûlé sur la terrasse le dimanche matin, et la demie-nature calme de la résidence où elle et son chat avaient élu domicile. Mais elle n'aimait pas le bruit de fond de ses pensées obsédantes, contrôlantes. 

Elle aimait les lettres en caractères gras qui s'affichaient sur sa boîte Messenger, le caractère urgent d'un message, comme un cadeau lui faisant de l'oeil ne demandant qu'à être déballé... Elle aimait souvent moins le contenu de l'emballage, qui, comme un poisson qui se serait senti ferré se dérobait toujours à ses espoirs. 

Elle aimait la lumière du soleil projetée à travers ses rideaux roses pâles, dont la transparence la ramenait à la petite fille spontanée et à fleur de peau qu'elle resterait toujours. Elle aimait moins son regard qui parfois se perdait à la fenêtre, regard empli d'attentes romantico-mélodramatiques allant chercher à l'extérieur ce qu'elle ne pouvait acceuillir à l'intérieur, le vide faisant défaut à l'éternelle princesse attendant le prince charmant. 

Aimer, aimer moins, détester, se délester,  tester, se contenter... Autant de verbes avec lesquels elle aimait valser dans cette vie qui n'était au fond qu'un balancier. Souffrance et ennui s'alternant dans un flux qui ne demandait qu'à s'apaiser pour enfin trouver le chemin de l'amour, de la tranquillité.