Dear humans,

I am nothing more and nothing less than the cement that connects the various elements of your life. Yes, believe me, you would never be able to hold your life together without me. I am the sum of all these little details that seem so insignificant to you, and yet which constitutes the one and only reason why you wanna get up in the morning. In short, roughly speaking, it's me who gives concrete meaning to your existence... And yet, dear humans, you spend so little time with me...

Yes, very often, you don't see me, absorbed by the formalities or the vagaries of your little heart clenched like a fist ! You don't see me, despite many of the signs that I throw at you, like that, like a bottle in the sea, because you know, it's not in my nature to force things. The song of a baby bird piercing the sound-mist of the early morning, the golden color of the leaves whose death will have found its purpose in the eyes of a contemplative child. The humble behaviour of a pianist preparing to give her first concert...

Come see me sometime. We will share a chair in the moonlight, listening to the song of your lost souls. Don't bring anything more than what you are, your smile will do the trick. No need for alcohol or drugs to enjoy this moment. This useless moment, this fragile moment.

The beauty

 Il n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée d'avoir cet entretien Pôle-emploi, entretien-interrogatoire où il aurait à justifier de se smoindres faits et gestes durant ces derniers mois. Entretien visant à rendre des comptes à un agent qui validerait -ou non- le sérieux de ses démarches. Rendre des comptes pour qu'à l'issue de cet entretien, des comptes soient rendus. 

On ferait les comptes, pour que demandeur d'emploi qu'il était, il ne s'en tire pas à si bon compte. 

Le compte-à-rebour était d'ailleurs lancé, il se retrouverait dans quelques instants face à sa conseillère attitrée. Via la plateforme du gouvernement, il allait maintenant s'entretenir avec Claire Brochant, un rendez-vous un peu trop matinal pour être galant. 

Après une minute de battement, la jeune femme apparu à l'écran. Il n'apercevait bien sûr que la partie supérieure de son buste, le reste de sa personne étant pour ainsi dire "coupé" par la caméra. Mais à en juger par la veste de tailleur beige réglementaire qu'elle portait, il n'avait pas de mal à imaginer que la jeune femme ne devait pas porter de jean troué. Tirée à quatre épingles, chignon haut et dos droit, elle lui faisait maintenant face via écrans interposés, large sourire s'apprêtant à le dévorer tout cru, question après question. 

Mais les yeux de Claire trahissaient ce sourire éclatant, ce sourire faussement communicatif qui n'avait pour ambition que de ranger la complexité de la situation des gens dans des cases administratives. 

Ces yeux étaient des yeux emplis d'une curiosité réelle, bien qu'il se retenait encore de le penser, en ce début d'entretien où il se sentait crispé, où, cette fois-ci il se savait, il jouait gros. 

Les yeux de Claire le fixaient sans le toiser,  voulant déjà s'imprégner de son être, partant pour de vrai à la rencontre de son parcours. Claire, qui n'avait pas fait d'études de psychologie, mais qui avait toujours eu cette tendance à traiter ses interlocuteurs comme des êtres, et non des numéros. 

 C'était une fin d'après-midi de mai. En mai, il est censé faire beau, mais cette année, il semblerait que le printemps avait du mal à pointer le bout de son nez. Il se faisait attendre, le coquin, distribuant les rayons de soleilau compte-goutte, par-ci par là, un jour de lumière, tous les autres de la semaine pluvieux. Changement climatique ou non, elle en avait ras le bol de ce voile qui semblait être tombé sur Toulouse, comme un espèce de filtre photo en noir et blanc qui avait le don de teinter la vie d'un accent morose. 

Cet après-midi elle se retrouvait donc à traîner derrière elle comme un boulet ce manque d'entrain, d'appétence qui en fait ne s'apparentait pas qu'au temps, mais à sa vie toute entière. 

Et voilà qu'elle reçu un appel, appel à la vie. C'était une amie, au bout du fil. Ou plutôt une voisine qui avait, il se trouve, besoin d'aide pour déplacer un meuble trop lourd pour son dos, que l'âge avait érodé. Et voilà qu'elle décuvrit cet endroit de nulle part, cet endroit un peu bizarre et en même temps si familier, dont beaucoup de personnes âgées ont le secret. Mme Michu ne dérogeait pas à la règle des petites poupées dans des vitrines où étaient empilées des assiettes qui servaient une fois l'an pour le repas du 25 décembre à midi et le repas d'anniversaire. 

Des petites poupées agrémentées de leurs naperons brodés prenant peu à peu la poussière au fil des visites de plus en plus espacées de la famille et des amis. Le canapé lui aussi était presque entièrement recouvert de naperons de tailles néanmoins plus grandes, prêt à acceuillir n'importe quel individu s'aventurant dans l'antre de la vieille dame. Canapé suivi de près par sa table en bois vernie et sculptée, dont les pieds avaient subi les affres de Roufiot, le chien de Mme Michu et dont la niche ne se tenait pas loin non plus du canapé. Les portraits aux aussi se tenaient les uns à côté des autres sur le mur opposé, toute cette marmaille se tenait chaud dans la mémoire de Mme Michu, entre les ailleux, les parents, les enfants et les petits enfants. Une promiscuité qui avait tout d'une petite maison de poupée dans laquelle il faisait bon de retrouver Mme Michu, le temps d'un café. 

 

POTION TO MAKE SOMEONE KINDER

POTION POUR RENDRE QUELQU'UN PLUS GENTIL

H A L L O W E E N . T H E M E

A toute personne, 

Dont l'humeur n'est pas bonne, 

To anyone, 

Whose mood is not good,


A tout humain, 

Qui aurait perdu sa bonté en chemin,

To every human, 

Who would have lost his goodness along the way, 


A tout individu, 

Qui face à ses émotions se trouve être plus que confus, 

To every any individual,

Who when faced with his emotions finds himself more than confused, 


Je vais aujourd'hui vous présenter un nectar dont vous me direz des nouvelles. 

En espérant qu'avec les autres, vous pourrez faire des étincelles. 

Today I'm going to present you a nectar which you will tell me about.

Hoping that with other people, you will be able to spark. 


Des étincelles de joie, et non de cruauté,

Pour voir enfin inscrite sur votre minois un peu de bienveillance. 

Sparks of joy, not cruelty. 

To finally see a little kindness written on your face. 


Cette énergie qui donne, et parfois même sans intérêt.

Oui, pourvu que cette potion vous emplisse de cette joie de donner ! 

This energy which gives and sometimes even without interest. 

Yes, provided this potion fills you with the joy of giving ! 


A cet effet, vous prendrez : 

For this purpose, you will take : 


Un chaudron d'eau bouillante, où vous cuirez : 

- Deux grosse cueillerée d'autodérision, d'un bon kilogramme de poésie accompagnée

A cauldron of boiling water, where you will cook : 

- Two big spoonfuls of self-deprecation, a good kilogram of poetry accompanied.


- De bonnes tranches de rire, pour que l'égo respire. 

- Good laughs, so that the ego breathes. 


- De l'intelligence à foison, mais comme vous en manquez, deux ouvrages de Christian Bobin suffiront.

- Intelligence galore, but as you lack it, two works of Christian Bobin will suffice. 


- Une pincée de malice, car c'est toujours un délice ! 

A pinch of mischief, cause it's always delicious ! 


- Et enfin, le clou de cette recette : beaucoup d'amour, mais comme vous en manquez aussi et qu'il est irremplaçable, j'ai bien peur, à moins d'un soubresaut, que vous ne deviez avoir recours à quelque expérience humaine douloureuse pour remettre les pendules à zéro. 

- And finally, the highlight of this recipe : a lot of love, but since you also lack it and it's irreplaceable, I am afraid, barring a sudden jolt, that you will have to resort to some painful human experience to reset the clocks. 

“I think I heard some noise under the bed…” She told me. It had become a sort of ritual since this family had moved into this new house. Lucile, once midnight passed, suddenly slipped out of her blankets to whisper these words in my ear. She also always had these words, "a little boy makes noise and it keeps me from sleeping... Besides, he always speaks very loudly when he plays with his toys..."

I would then always ask her about these famous toys that made noise and to my great surprise, the answer always remained the same : She described to me shiny figurines, made of a shiny material that the little boy had once called "plastic".

Once again, she told me that the boy never heard her when she asked him to be quiet, not that he deliberately turned a deaf ear, but that he simply remained deaf to her actions as if, as if he was part of another dimension...

Another dimension, that's exactly what I was thinking about, me who hadn't slept, eaten, or breathed for years now, since my daughter and I were massacred by the German political police decades ago. 

 

Il était une fois un clown un peu triste, qui s'appelait Marlot. 

Il était une fois un clown que les gens trouvaient bizarre, le salaud. 


Marlot était toujours montré du doigt. 

Vous me direz, c'est un peu le rôle d'un clown, au demeurant. 

Mais lui, ça n'était pas pareil, car il ne filait pas droit, 

Il était différent... 


Marlot était le genre de clown discret, introverti. 

Il laissait ses yeux briller, plutôt que de jeter en pâture ses émotions, 

Le coeur d'un poète, toujours un peu meurtri... 


Non pas qu'il ne suivait pas ses camarades dans l'aventure, 

Fidèle, il le restait, même sous leurs injures. 


Marlot était pour ainsi dire le bouc-émissaire de la troupe, il en faut toujours un, mais c'est pour de rire !

Celui qui faisait glousser les autres, mais pas sur scène, si vous voyez ce que je veux dire. 


Marlot qui pour des raisons d'argent, exécutait chaque soir son numéro,

Avant de repartir dans sa roulotte, se réfugier. 

Caché derrière sa grosse moustache et son cigare, dans sa roulotte, où personne ne le battrait. 


Sauf qu'une fois encore, après le triomphe de ce soir, 

Il pouvait être sûr qu'il serait puni !

Ses camarades ivres lui feraient savoir, 

Marcel à l'accordéon, Gilberte au trapèze, Gérard, le clown petit, 

Qu'à leurs yeux il était Marlot le sot, la bête de foire, 


Marlot l'idiot qui ne se délurait jamais assez, 

Dans ce cirque qui n'avait plus rien d'humain et où la différence était humiliée. 



C'était un jour de grand soleil, à Paris. 

C'était un jour de grand soleil, même s'il faisait gris. 

C'était un jour de grand soleil, celui qui emplissait son coeur de joie. 

Une joie de couleur vermeil, 

Amour ardent, dont elle était devenue la proie. 


Le Paris et ses toits de craie gris soudain de rose coloré. 

Sous l'impulsion d'une attarction mystérieuse, dont elle devinait déjà le nom. 


Dans les rues, se sentant pousser des ailes, elle flânait, 

Se laissant délibérément  gagner par une certaine naïveté. 

Naïveté de l'adulte pris de passion, 

Qui n'en n'est pas vraiment une, 

Subtil jeu de cache-cache du détachement et de la fougue, émotions

Se relayant chacune. 


Pour ne pas tomber amoureuse, pour ne pas tomber tout court, 

Sous le charme des fluctuations de son coeur. 

Essayant de dompter ses ardeurs, 

Elle flânait, flânait, flânait, 

Dans les rues de Paris. 


Se perdant dans les allées, les impasses aux carrousels surfaits, 

Laissant parfois son regard s'attarder, 

Sur un vase dans une vitrine, au prix indécent, 


Se râvant déjà dans un futur incandescent. 

Rêveries romantiques d'une demoiselle en fleur, 

Se rêvant déjà en princesse dans la capitale de tous les possibles, 

de l'amour à toutes les heures. 


Dear humans,

Such a joy, my children, to be able to share this letter with you. First of all, let me say that I don't blame you. No, I don't blame many of you for killing in my behalf. The level of evolution of certain beings on Earth makes them do things that are most paradoxical, and this is part of the game, of a plan that goes beyond you... This plan is the divine one, yet since God and me, it's a bit of the same thing, so we can say that it's a bit mine too, see !

Yes, many of you have killed in my behalf, but perhaps you have too often confused me with the ego, which often uses cold religious or moral principles to impersonate me and take absolute control over a country or any political or religious organization whatsoever...

I noticed that many of you also have fun calling my little sister Passion by my name... These people probably need to get strong emotions to feel alive inside them and adorn these rollercoasters of my name... And forget too often that emotions are only signs, expression of what I am, a bit like waves on the surface of an ocean.

But the thing is, my dear children, I am quiet. I have better things to do than dividing people, and besides, I'll even tell you, it's exactly the opposite, since I spend all my time putting the pieces back together so that people avoid beating each other because of their differences !

It seems that all these mistaken identities that have been made since you were given consciousness, stem from the fact that you were eagerly looking for me everywhere... Yes, everywhere outside ! You try to find me in your rigid principles, and you fail. You try to find me in passion and desire and you also come home empty-handed... You remain, so to speak, hungry, half-satisfied,  a bit like a pistachio cake whose taste, the minute after the last bite , would vanish under the palace. But my children, I do have a question for you. Have you at least already looked for me in the infinity which lies inside your whole being ?


Tenderly, 

Love

We just had to face the evidence of the existence of this monster coming from Australia, experiencing its voracity on this November morning in the Anglo-Saxon continent. The creature measured no less than 40 centimeters in diameter, and it galloped before our astonished eyes as reporters, who were accustomed to covering many war events with a much higher level of violence. And yet, our eyes couldn't help but contemplate the creature with its trunk so imposing given its status as a spider, better known as the Mygale Goliath or Bird-Eating Tarantula. An obviously hairy trunk decorated with legs which were articulated into four distinct parts stained with an orangeish color which, in a sense, would have taken us back in time to prehistory.

Yet the expertise didn't stop there, since it would seem that this pretty variegation had allowed the animal to now feast on an opossum, or Serigues for short, part of the family of marsupial mammals. Vulnerable little mouse that it was, it was now succumbing to the creature's deadly attacks, without further complaint with a single shrill cry. A little embarrassed, we had to pack up, an event awaiting us around Sydney, in the south-east of the continent. There was a time when I, as an ambitious and straight-talking young journalist, would have gibberished something about resilience, and blablabli and blablabla. But today, to close this little column, I will just say this little all-purpose and supposedly funny phrase: "A hearty meal, after all, is all we wish for these little creatures!"

 Adèle était partie cette fois sans crier gare. Elle qui avait toujours eu tendance à être la bonne poire, la médiatrice de l'histoire. Elle qui connaissait trop bien le personnage à qui elle vait affaire, cette personne orgeuilleuse et taciturne qui, même dans les pires moments de colère doublé de jalousie dont il avait le secret se montrait froid. Qui, même dans les moments de grâce, de joie, ne décochait pas un sourire. 

Adèle revenait toujours après la crise, que ce soit un accès de colère ou l'une de ces phases de silence qui consistait à soufler le chaud et le froid pour dealer avec ses problèmes dans le plus grand mystère. 

Mais voilà qu'Adèle cette fois-ci n'était pas revenue pour recoller les morceaux. Cette fois-ci, il n'y aurait pas de réconcialiation sur l'oreiller, ni d'explications vaseuses et approximatives. Cette vérité qu'il lui devait, elle ne l'obtiendrait simplement jamais et de cela, elle s'était fait une raison. Il n'y avait plus de pédagogie ni d'expertise psychologique qui tenait. C'est alors qu'au beau milieu de ces soirées ponctuées de rails de coke et de DJ sets à la qualité musicale douteuse, il entendit une voix venue d'il ne savait où...

Une voix différente de toutes ces pensées qu'il pouvait avoir à longueur de journée depuis son départ. Pensées pleines de rancoeur et de jalousie envers un nouveau partenaire fantasmé. Cette voix n'avai pour sûr rien à voir avec ce vacarme égotique. Et cette voix, qui suggérait plutôt que d'imposer, qui murmurait plutôt que de vosciférer, qui souhaitait le bonheur d'Adèle plutôt que de la récupérer, il l'avait appelé dans le tumulte de ses préoccupations, amour. 

 Martin avait l'habitude depuis quelques années maintenant d'assister aux essais performatifs de cirque des étudiants du Lido, cette école de cirque assez spéciale en son genre, subventionnée par la mairie de Toulouse pour quelques obscures raisons politiques probablement. 

Les étudiants se livraient donc chacun leur tour à des performances, d'un goût qui aurait pu en interpeller plus d'un, élaborant des histoires plus ou moins poétiques ou grotesques autour d'un trapèze, d'un trampoline ou d'une simple assiette chinoise. Chaque mercredi soir, en entrant sous le chapiteau, il n'avait pas la moindre idée de ce que les étudiants allaient improviser, sur quelle musique saugrenue ils jongleraient ou à quel moment il se retrouverait nez à nez, le soufle court, la bouche au bord du coeur face aux murmures sensuels d'une trapéziste espagnole. 

Non, il n'avait pas la moindre idée de la beauté ou du degré d'ennui qui seraient au rendez-vous ce soir là. Et c'est précisément la raison pour laquelle, contrôle qualité pour Décathlon qu'il était à la vie des plus imprévisible, il s'efforçait de revenir chaque semaine, faisant de ce chapiteau une lucarne sur le monde. 

 Dear humans, 

I know how much you fear me. You, who are stuck in your little lives, vibrating to the rhythm of your pseudo-spiritual ceremonies, so many excuses to drink and spend the money you spent months, locked in an office or even at home, to earn... 

Oh yes, you're so attached to your little insignificant existences, like molds to a rock. It's almost touching, you know. Sometimes, I even find myself observing you a little more closely... A bit like you would with an ant ! Marcel, going to Ginette's place for his weekly affair, before returning home where his emotionally dependent wife awaits him, as if nothing had happened... Jean-Claude, close to an alcoholic coma because of a contract with I don't know which big real estate developer that he didn't manage to get... 

Ah, when I see you going from objective to objective with no other aim than to boost your ego, I tell myself that I'm not in danger of losing my job any time soon !

 Because what is my role, my friends ? This question, I know, have been burning on your lips for so many millennia... I no longer count the works bearing my image, always with this mixture of fear, hatred and fascination of which you have the secret, you, humans. When I think it over, it's as if all your art revolves around the eternal, so unfair torment of my existence, isn't it ? 

Ultimately, everything in your limited minds only relates to this worry of knowing what will happen to you after the big jump, instead of focusing on your own life... Isn't it absurd ? 

Yet, my dear friends, let me answer you this : It's not what you think. Nothing that you can imagine, anyways. Because the reason for my existence lies in a beyond. In short, I would simply tell you that given your level of evolution, a veil of ignorance regarding the thousands of millions of lives of your soul is required to understand this present life with a wisdom you couldn't achieve without it. 


Your best friend, 

The Death

Three stories - Three versions of the same facts from different angles

THE FIRST ONE : (A KINDA OBJECTIVE POINT OF VIEW)


She couldn't help staring at him, staring at him in confusion.

- So you saw this young man being attacked on the tram and you filmed the scene instead of intervening ?

- Not exactly... I was about to take a selfie with my new jacket and, let's just say the scene came into my field of vision, I didn't mean to capture it, you see...

Yes, but you still sat on your ass !

Alice, it happened naturally... And I was alone in this fucking car, it was after midnight, what would I have done if the guy had a gun ?

And for sure immortalizing the scene gave the guy a nice memory, thank you for him !

- Don't be so ironic and make me look like the bad guy, I'm telling you that I didn't CLEARLY intend to film...

- Oh yes and it's also true that the collaborators who let Jews be taken away by the political police during the second world war didn't CLEARLY intend to kill them either...




THE SECOND ONE : (THE GUY'S POINT OF VIEW) 

Alors elle a commencé à me regarder bizzar, d'un air de dire t'es quelqu'un qui a pas d'coeur ou quoi. Alors moi je lui ai expliqué pourquoi qu'j'avais pas réagi dans l'tram quand y avait le gars qui s'faisait démonter la gueule par l'aut' j'ai pas réagi parce qu'on sait jamais si le gars il avait eu un pistolet ou chais pas quoi... Et pis moi je voulais juste faire un selfie, faut me comprendre aussi... Mais elle a pas compris, on dirait que c'est Mère Thérésa l'aut' j'te jure... Moi je suis pas un lâche, un collabo comme elle a dit... Faut m'comprendre aussi... 

So she started lookin at me weird, like she was sayin you're someone ain't a heart or how.

So I explained her why I hadn't reacted in the tram when there was the guy who was tryana get his face knocked out. I didn't react because you never know if the guy had a fuckin gun or something... You know I just wanna take a selfie, you gotta understand me too... But she didn't understand, it looks like it's Mother Theresa, I swear ...I ain't a coward, a collaborator like she said... You gotta fuckin understand me too...




THE THIRD ONE : (THE ALICE'S POINT OF VIEW) 

Il avait pour ainsi dire un regard de Merlan-frit, duquel ne transparaissait pas la moindre émotion, si ce n'est une discrète pointe de honte pour la forme, mais alors rien que pour la forme... Je finissais donc par prendre les choses en mains, lui posant la question avec ce franc-parler caractérisant tellement ce sentiment de révolte qui commençait à s'emparer de mon être. 

Un individu dans la plus grande vulnérabilité s'était fait agressé dans les transports publics et voilà que je comprenais entre les lignes que la personne supposée être dotée d'empathie qui faisait office de petit copain n'avait tout bonnement pas réagi à la situation. Ce à quoi je m'empressais de réagir, lui demandant ce qu'il en aurait été de la liberté dont nous jouissons ici en France si les résistants avaient fait preuve d'un si grand courage durant la seconde guerre mondiale... 

He had, so to speak, a silly gaze, from which not the slightest emotion showed, except for a discreet touch of shame as a matter of form but then only as a matter of form... So I ended up taking the things in hand, asking him the question with this frankness so characteristic of this feeling of revolt which was beginning to take hold of my being. 

A very vulnerable individual had been attacked on public transport and now I understood between the lines that the person who was supposed to have a little bit of empathy and who was supposed to be my boyfriend had simply not reacted to the situation. To which I hastened to react, asking him what would have been the freedom we enjoy here in France if the resistance had shown such great courage during the Second World War...


 Le silence et la colère. Maud était partie se réfugier dans le grenier, en compagnie des araignées et de souris en ce mercredi soir où la foudre avait frappé. Cadette d'une assez grande famille bourgeoise de trois filles, elle vivait dans un grand manoir aux abords de Vincennes. C'était dans les années 80, et le grand public avait déjà succombé en France à l'effet Agatha Christie et ses polars de gare haletant dans lesquels une jeune et frêle mariée portant des bottes jaunes (c'est toujours mieux pour donner un semblant d'originalité à l'intrigue) se faisait toujours massacrer par celui se révélant être la personne la plus proche d'elle, à savoir son propre mari. Autant dire que les faits divers faisaient déjà l'objet d'un incroyable engouement, rassurant le français moyen sur le fait qu'il y ait "pire" dans la vie, et le réconciliant avec le prosaïque de son existence. Le papa avait pour ainsi dire surfé sur la vague de la non-fiction novel, versant dans la description de l'intimité des serial-killers, saupoudrant des histoires sordides à dormir debout de quelques notions de psychologie glanées ça et là. 

En ce soir d'avril, la question de l'entrée à la Sorbonne de Maud avait à nouveau été mise sur le tapis. Il en était de l'honneur de la famille et bien sûr, de l'enjeu médiatique de la chose. Robert Dunier, désormais reconnu par le commun de la presse littéraire comme auteur à succès, ne pouvait pas laisser passer cela ; tout comme ses soeurs, Maud suivrait un cursus littéraire à la Sorbonne. Peu importe lequel, mais elle s'inscrirait dans le sillage de Sarah, Suzanne et l'écrivain et pourvu qu'elle reçoive le sceau de cette prestigieuse école. 

Or, Maud voulait devenir pompier. Oui, pompier. La petite fille était devenue ce soir adulte, claquant, au cours du repas un "non" ferme à la question de savoir si son dossier avait bel et bien été envoyé à l'établissement. Elle était tout de suite après partie s'isoler dans le grenier de la grande maison, Cendrillon moderne, à l'abri des regards emplis d'accusation et de jalousie de ses soeurs, sousmises depuis longtemps aux désidératas du papa. 

Et la prochaine fois, autant dire que ce serait pire. Elle irait jusqu'à lui décrire son odeur après la pluie, lorsqu'elle intervenait bénévolement pour les sapeur-pompiers de Paris à l'extérieur, comme cela arrivait souvent. Elle lui dicrirait -littérairement, donc- ce frisson, les sensations physiques qui la parcouraient durant ces interventions où pour une fois, elle se sentait réellement utile dans ce monde, où aider les gens d'une manière aussi matérielle et directe la délivrait du monde bourgeois et abstrait dans lequel elle marinait depuis sa naissance, la ramenant de plein-pied dans la réalité de l'humain. Oui, la prochaine fois elle lui décrirait tout cela en détails, pour lui prouver qu'elle n'était pas l'écervelée de la famille. La petite fille changée en enragée, en loup, un véritable retour aux sources. 


I never thought I would experience such an adventure. My only ambition on this rainy Sunday morning was to reach the nearest supermarket before the fateful hour of noon, the time at which the latter was supposed to close its doors.

And so, in the Liddl car park, my eyes still cloudy from one of those crazy nights of drunken introspection, I came across this most improbable turd, lying on the ground and standing up, like a trophy.

A turd of a stature that I would never have believed possible until that beautiful July morning. This immense dropping, the origin of which must in my opinion defy all human understanding, unless it found its origin, I fear, precisely in humans...


Je me rappellerais toujours de cette odeur de merde, par cet après-midi d'été, dans les rues si bellotes de Nice, à l'architecture digne de maisons de poupées... Ces immeubles immaculés et les palmiers qui les bordaient... Les citadins, dans leurs costumes guindés. 

Et cette merde marron claire, suintant la patée pour chien mal digérée, étendue sur le sol. Trônant au milieu de ce ballet de bourgeois flânant de magasin en magasin...  Autant dire que la présence de cette crotte écrasée sur le sol dont le soleil faisait remonter les éffluves parachevait le ridicule de ce décor de course à la consommation du samedi après-midi.