Parfois, la pression devenait si forte qu'elle ne pouvait plus donner le change des émotions qui envahissaient son système nerveux, prenant peu à peu possession de son corps, de sa tête, de son coeur. Le corps crispé. Le cerveau, irrité. Le coeur, au bord des larmes.
Aux larmes, elle préférait les bains de jouvance, le choix était vite fait. Elle en avait vécu, des déceptions et des galères. Elle avait, les yeux dans les yeux, fait face à la misère. Toute cette période pendant laquelle elle avait été sans logement, et surtout, sans soutien. Elle avait serré la main du diable qui lui avait rendu l'amabilité. Pour obtenir cet apprtement, elle avait fait de faux papiers. Et voilà que la providence lui avait souri et l'avait envoyé là, dans ce nouvel abri.
Un appartement situé près d'un lac, où elle avait pris l'habitude de se ressourcer.
Le rituel était toujours le même, lorsque la pression se faisait trop forte, comme une alarme retentissant dans son coeur, la prévenant de quelque malheur. Son coeur encore meurtri par ce passé de solitude et de désillusions. Ce désert effectif où elle avait combattu pour rejoindre cet oasis de paix, près du lac. Oui, on pouvait le dire : elle revenait de loin.
Quand la pression se faisait trop forte, c'est là qu'elle redevenait sauvage, chat farouche, chat sauvage qui s'en allait vers le lac d'un pas résigné et surtout, d'un pas franc, pour aller écouter les murmures du vent dans la crinière des arbres complices. Soudain, sans plus de manières, elle enfournait sa serviette de bain, sa gourde d'eau et un bouquin dans son sac à dos, pour venir perdre son regard et son corps dans le bleu du lac refletant le ciel.
Et c'est là qu'entre ciel et terre elle pouvait errer des heures durant, autour et dans le lac, le regard toujours navré, mais tourné vers le bleu d'un après. Et le corps, par ce bleu de la projection d'un soleil, pour quelques heures enveloppé, enivré...