Passion is the most addictive drug it ever exists in the human world. Hormones are even more powerful than any fucking artifical chemical.  

 Dans le métro toulousain, elle s'observait elle-même agir dans le monde, comme la rescapée d'une autre planète qu'on aurait reparachuté dans le monde des humains. Non pas qu'elle n'avait pas toujours eu la sensation de venir d'ailleurs, mais disons que ce sentiment était à présent quelque peu décuplé !

Aucun bruit, aucun haussement de ton ne pouvait lui échapper. Voici presque un an qu'elle avit été prise dans le tumulte d'aller-retours incessants entre l'Afrique et la France, le coeur déchiré entre ces deux continents, mais aussi par le doute de savoir si cette histoire simplement, valait la peine de ce temps, de cette énergie, de cet argent investis... Pour tout dire, dès le début, elle y avait cru à moitié. Et voici que les événements lui avaient donné raison. Elle pouvait encore ressentir le goût amer de la trahison, cette solitude qui s'invite dans l'intimité d'une relation. Elle pouvait encore ressentir cet espèce de trou d'air dans sa poitrine, de vide intersidéral, de vertige. Une sensation physique qu'elle ne reconaissait que trop entre mille, cet espèce de frisson froid parcourant son échine jusqu'au bas du dos, faisant vibrer tout son petit corps sourdement, onde de choc, onde d'UN choc émotionnel. Voici l'effet que lui procurait la déception pour la plonger désormais dans une espèce de paralysie hypnotique, état de perplexité qui continuait de la laisser démunie face à l'espèce humaine. Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait en ce soir de semaine, comme un balancier grippé au milieu des gens, incapable d'un oui ou d'un non à la vie. Le corps, se tenant assez raide sur le dossier de la ram de métro et les mains crispées sur son sac, ultime instinct de survie en cas d'attaque de pic-pockets aux aguets. Les mains crispées et le regard vide, presque ahuri. Regard désireux de s'emplir d'informations qu'elle allait cueillir dans ceux des autres. C'est ainsiq u'elle entrait dans cette contemplation des passagers de la rame pour y glaner peut-être un utltime indice sur le pourquoi de la méchanceté humaine. 


 La branche était un peu trop fine, en ce matin d'avril. 

Comme si mon existence ne tenait qu'à un fil, 

Pas encore tout à fait sevré.

Mais quoi de plus excitant que de se balancer, 

La plumage au vent et le verbe haut, 

Le cou bien droit, prêt à déverser les notes dans la brume spongieuse de cette campagne encore endormie.

Moi, ponctuel dans l'énonciation de cette mélodie, 

Comme l'écho de l'horloge de la vie,

Annonçant le lever du jour et l'entrée dans la nuit,

Ilot musical d'eternité nichée dans le cycle du temps, 

Toujours dans le jamais, 

Jamais finissant. 

Messager de la nature, 

Les pattes cambrées sur mon perchoir, je donne le rythme au monde, et j'ai d'l'allure. 


 Ce matin, avant de poser le premier pied sur le sol, j'ai été jeter un coup d'oeil à mon jardin intérieur. Etait-il verdoyant aujourd'huin avait-il été irrigué durant la nuit passée par quelques échanges télépathiques avec mon amant de l'autre bout de la Terre ? Ou peut-être avait-il été arrosé hier soir par quelque mélodie bienveillante prononcée avec une spontanéité enfantine ? 

Ce matin, mon jardin intérieur n'était pas des plus verdoyant, on y voyait les fleur de l'espoir se languir d'une amitié laissée pour compte il y avait de cela quelques semaines, une conversation messenger restée sans réponse, sans écho. On pouvait aussi apercevoir un peu plus loin la pelouse jaunir, à force d'être piétinée par l'influence d'un parent trop désinvolte avec l'amour... Et il y avait aussi ce Yucas dont les épines avaient cessé de se dresser fièrement vers le ciel... Ce foutu caractère que j'avais toujours eu et qui m'avait permis de survivre dans les environnements les plus hostiles qui soient, lui aussi était en berne... Cet état des lieux ne lui disait rien qui vaille... C'est alors que, remontée comme un coucou, je posais un premier pied sur le sol pour m'administrer la première dose matinale de ce qui n'était rien de plus que de l'amour de soi. 

Orange était la couleur des briques de ces ruelles du vieux Toulouse, désormais gorgées de Kebabs pour les oiseaux de nuits estudiantins, serpentant vers la Garonne. Immeubles au cachet qui ne restait plus à être évalué par un quelconque promoteur immobilier en costume-cravatte. Assurément, le charme des petites cours et des corniches surmontant les hauts murs de ces bâtisses de la Renaissance n'était plus à démontrer, même si Toulouse n'était pas Bordeaux, et que Bordeaux d'ailleurs, n'était pas non plus Paris ! Restons réalistes sur le prestige de cette grosse bourgade de province, qui, par chance, avait pu se développer sur le dos de l'aéronautique puis de l'oncologie. 

Tout le monde parait Toulouse de ce nom surfait de "ville rose", mais rien pourtant, en fin de compte, de rose, à Toulouse, il n'y avait rien. Rien n'était rose dans ce gros village industriel, pas plus les visages de sa population métissée et cosmopolite que ses bâtisses, qui, quand elles n'étaient pas de ce gris sale fonctionnel vaguement corbuséen vous éclatait cet orange à la tronche, comme pour vous rappeler les origines profondes et moyennâgeuses de toute ville qui ne soit pas juste une ville-dortoir résidentielle. Comme pour vous rappeler que toute ville digne de ce nom s'est construite sur une histoire, qui, aussi douloureuse soit-elle lorsque l'on pense aux massacres cathares à Toulouse, fait sens.

 Toulouse, août 2023. Un soleil qui dans le silence d'une rue abandonnée de cet après-midi d'été vous faisait transpirer au moindre pas entrepris sur le goudron brûlant. La rue du Taur lui appartenait, elle se déployait devant elle, avec son décor de pierres rouges, de corniches sculptées et de petits restaurants tellement pittoresques. Cet après-midi, elle ne travaillait pas. Pas de petits vieux à qui aller faire une prise de sang ou administrer quelque solution médicamentause. Pas d'enfants non plus à aller cueillir à l'école, ni d'aspirateur à aller changer en urgence à Darty, ou quelconque autre contrainte pratico-pratique qui aurait pu la détourner une fois de plus de ce fameux vide en elle... Ce vide rempli à ras-bords de possibles et d'espoirs que les contraintes d'un foyer correctement tenu tueront toujours un peu dans l'oeuf. Non, aujourd'hui aucune contrainte socialement acceptable ne pesait sur ses frêles épaules hâlées. 

Elle était libre comme l'air, qu'on ne trouvait pas d'ailleurs, dans cette rue suffocante du centre de la ville rose... Elle jeta un coup d'oeil furtif au garçon de café désœuvré qui la toisait d'un regard indifférent. Une petite limonade ne serait pas du luxe avant d'aller faire un tour à la cinémathèque... Elle fouilla dans son sac à main pour y dénicher son étui à lunettes. Elle connaissait trop bien Toulouse pour ignorer qu'elle ne pouvait pas boire un verre tranquille en terrasse sans être interrompue par une connaissance qui passerait par là... C'était toujours comme ça : un ex ou une ancienne connaissance de travail qui se pointait au moment le plus tranquille de son périple citadin pour la sommer bien gentiment de donner des nouvelles. C'est qu'aux yeux des gens, se balader en ville signifiait implicitement se faire voir et s'offrir aux discussions mondaines... Alors qu'elle avait simplement envie de rester posée là, sur cette chaise en fer forgé, dans la douceur d'un regard perdu dans le vide de son imagination. Oui, quelque chose de doux, ni spécialement ému, ne cherchant pas à être haï non plus... Juste suspendue dans cet instant contemplatif n'ayant d'autre but que d'être, pour une demie-heure environ, la brune anonyme de la rue du Taur.