Dans le métro toulousain, elle s'observait elle-même agir dans le monde, comme la rescapée d'une autre planète qu'on aurait reparachuté dans le monde des humains. Non pas qu'elle n'avait pas toujours eu la sensation de venir d'ailleurs, mais disons que ce sentiment était à présent quelque peu décuplé !

Aucun bruit, aucun haussement de ton ne pouvait lui échapper. Voici presque un an qu'elle avit été prise dans le tumulte d'aller-retours incessants entre l'Afrique et la France, le coeur déchiré entre ces deux continents, mais aussi par le doute de savoir si cette histoire simplement, valait la peine de ce temps, de cette énergie, de cet argent investis... Pour tout dire, dès le début, elle y avait cru à moitié. Et voici que les événements lui avaient donné raison. Elle pouvait encore ressentir le goût amer de la trahison, cette solitude qui s'invite dans l'intimité d'une relation. Elle pouvait encore ressentir cet espèce de trou d'air dans sa poitrine, de vide intersidéral, de vertige. Une sensation physique qu'elle ne reconaissait que trop entre mille, cet espèce de frisson froid parcourant son échine jusqu'au bas du dos, faisant vibrer tout son petit corps sourdement, onde de choc, onde d'UN choc émotionnel. Voici l'effet que lui procurait la déception pour la plonger désormais dans une espèce de paralysie hypnotique, état de perplexité qui continuait de la laisser démunie face à l'espèce humaine. Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait en ce soir de semaine, comme un balancier grippé au milieu des gens, incapable d'un oui ou d'un non à la vie. Le corps, se tenant assez raide sur le dossier de la ram de métro et les mains crispées sur son sac, ultime instinct de survie en cas d'attaque de pic-pockets aux aguets. Les mains crispées et le regard vide, presque ahuri. Regard désireux de s'emplir d'informations qu'elle allait cueillir dans ceux des autres. C'est ainsiq u'elle entrait dans cette contemplation des passagers de la rame pour y glaner peut-être un utltime indice sur le pourquoi de la méchanceté humaine.