La terre est fertile, mais sèche. Elle répond volontiers aux besoins primaires. 

L'eau est généreuse, mais se noie. Elle semble structurée, mais elle est confuse. 

Le feu est incandescent. Il brille mais se consume dans la passion. 

L'air est abondant, structuré et ne peut se consumer dans aucune passion. Il n'est prisonnier d'aucune passion car non-restreint dans l'espace, il unifie tout ce que celui-ci contient. L'air est partout. Son omniscience le fait souverain élément. 


La sagesse commence avec la terre. La terre est profonde, elle est la mère qui fournit ce qui est consistant, ce qui tient au corps. La matière est l'essence-même de la terre, elle est ce qui maintient le corps en vie par la consistance de sa présence. 

Seulement, la terre est sèche, et ne saurait contenir en elle de véritables émotions. Sa structure est carrée et elle ne donne pas dans la sophistication. La protection est assurée sans jamais que la tendresse n'interfère. La sagesse commence avec la terre car son point de départ est la protection matérielle, le plus primaire des besoin. 

Vient ensuite l'eau. C'est elle qui rend la terre plus tendre, moins aride. L'eau est ce qui atténue, ce qui polit et ce qui tempère. Elle est le symbole de la vie, car il ne saurait exister d'être au monde sans elle. Elle représente, dans sa géométrie, la sophistication de la terre qui la prend comme support pour la supplanter. La tendresse est tempérance, mais elle est aussi d'origine émotionnelle. L'eau s'apparente à l'émotion et en cela, la confusion peut la gagner. L'eau est aux émotions ce que la terre est au pragmatisme. Et dans ce rapport absolu et exclusif, la sagesse, elle aussi tient une place qui lui est attribuée, mais restreinte. Cette sagesse de l'eau ne saurait être que teintée d'émotions et d'attachement. 

Le feu est lui circonscrit. Il est associé à la volonté à la volonté qui se hisse du bas vers le haut dans une triangulation du mouvement. Le feu est désir, volonté de puissance qui se consume dans son propre élan. La volonté est supposée être réactualisée, réaffirmée et redéfinie par l'exigence à l'égard de ce qui relève tantôt du pouvoir, tantôt de l'amour. Le feu est volonté, et parce qu'il relève de l'intellect, il appartient à ce qu'il y a de plus évolué chez l'humain. Mais la sagesse ne saurait être qu'un élan de la volonté. Elle a donc besoin d'air pour que l'élan soit dirigé vers l'amour. Le feu sans l'air est amour du pouvoir. L'air couplé au feu est pouvoir de l'amour. 

Le feu naît dans la terre, et a besoin de l'eau pour être arrêté dans quelque élan criminel. Mais le feu, pour perdurer dans une entreprise, requiert le souffle sacré. 


C'est l'air, en quelque sorte, qui irrigue le feu. C'est l'air qui lui confère la sagesse, le faisant s'élever vers un au-delà de tout entendement. Quand le feu cherche à s'élever dans le ciel pour atteindre les plus hautes sphères du pouvoir -celui prétendument ultime du savoir- l'air ne recherche plus rien. L'air insuffle sa vitalité créatrice aux trois éléments. Il les imbibe, les imprègne de ce je-ne-sais-quoi de folie qui fait le sel des âmes élevées. 

C'est l'air qui vient oxygéner nos instincts, nos émotions et notre réflexion, les subliment par ce supplément d'imaginaire qui ouvre sur des possibles autres que purement humains et terrestres. 


L'air fait danser la terre pour la fertiliser. 

L'air fait danser l'eau, les émotions circuler. 

L'air fait danser le feu, et la création jaillit. 

L'air fait danser l'air, et l'amour se déployer.