Il était une fois un clown un peu triste, qui s'appelait Marlot.
Il était une fois un clown que les gens trouvaient bizarre, le salaud.
Marlot était toujours montré du doigt.
Vous me direz, c'est un peu le rôle d'un clown, au demeurant.
Mais lui, ça n'était pas pareil, car il ne filait pas droit,
Il était différent...
Marlot était le genre de clown discret, introverti.
Il laissait ses yeux briller, plutôt que de jeter en pâture ses émotions,
Le coeur d'un poète, toujours un peu meurtri...
Non pas qu'il ne suivait pas ses camarades dans l'aventure,
Fidèle, il le restait, même sous leurs injures.
Marlot était pour ainsi dire le bouc-émissaire de la troupe, il en faut toujours un, mais c'est pour de rire !
Celui qui faisait glousser les autres, mais pas sur scène, si vous voyez ce que je veux dire.
Marlot qui pour des raisons d'argent, exécutait chaque soir son numéro,
Avant de repartir dans sa roulotte, se réfugier.
Caché derrière sa grosse moustache et son cigare, dans sa roulotte, où personne ne le battrait.
Sauf qu'une fois encore, après le triomphe de ce soir,
Il pouvait être sûr qu'il serait puni !
Ses camarades ivres lui feraient savoir,
Marcel à l'accordéon, Gilberte au trapèze, Gérard, le clown petit,
Qu'à leurs yeux il était Marlot le sot, la bête de foire,
Marlot l'idiot qui ne se délurait jamais assez,
Dans ce cirque qui n'avait plus rien d'humain et où la différence était humiliée.