Ils n'étaient pas le genre de pirates les plus vicieux qui soient. 

Une famille de nomades-contrebandiers de père en fils, 

ils avaient peu à peu fait fortune dans le commerce de produits soit-disant miraculeux.

Crèmes, médicaments et autres élixirs aux vertus improbables, 

en provenance de contrées sur lesquelles ils restaient parfois silencieux. 

Ma foi, pourvu que la cale à victuailles soit toujours pleine et que le business aille bon train. 

Leurs petits mensonges faisaient toujours leurs effets, surtout sur les nécéssiteux. 

Mais aussi les personnes difformes ou dont les pustules ne se dissimulaient pas bien. 

Et chez ceux pour qui le baratin ne prenait pas, ils se métamorphosaient alors en saltimbanques. 

Le père jetait l'ancre dans un endroit reculé et ils partaient dans la ville. 

Chacun avait son rôle assigné : Pendant que la cadette à la crinière brune ondulait le corps devant les passants avec de faux airs d'Esmeralda, 

les plus petits s'occupaient d'achever de distraire la foule en feignant une attitude d'angelots. 

Les parents eux, traversaient la foule de part en part et procédaient à une razzia : on peut le dire, ils avaient touché le gros lot. 

Ils collectaient ni plus ni moins les bourses des passants qui parfois dépassaient de leurs poches de pardessus. 

Pirates, saltimbanques, vendeurs de rêves et autres combines, après tout tout était bon pour s'en sortir. 

Tout était bon lorsqu'on n'avait jamais eu accès la moindre instruction.