C'est lorsqu'elle ne fut pas au regret de perdre un énième amour qu'elle saisi : ça n'était pas lui qu'elle avait peur de perdre, pas plus que tout ceux qui lui avaient précédé. C'était ce qu'il distillait ; c'était la richesse de ces teintes différentes de couleurs que ses amants avaient tous, tour à tour, injecté dans sa vie, semblables à ces liquides toxiques que certains poissons expulsent en cas d'attaque. Ces liquides se propagent dans l'eau atmosphériquement ; grappes de fumée qui par le flou de leur dilution créent des zones tampon entre les phases de la vie. C'était ça sa vie et ce qui lui conférait sa substance : un perpétuel vagabondage entre différentes atmosphères de couleurs émotionnelles. Elles naissent de petites fécondations, rencontres avec des personnes, avec un espace, une situation. Et l'imagination, en se les réappropriant, les pare de teintes opacifiées par ses fantasmes. Oui, plus que des personnes, c'était des teintes existentielles que les rencontres offraient à vivre dont elle s'enivrait.