Moi je vis à reculons.
En vieillissant, je rajeunis.
Moi je vis à reculons.
Chaque jour qui passe me met plus en
joie que la veille.
Mes paupières s'ouvrent sur la beauté,
Je sors du sommeil des faits,
De leur pragmatique effectivité,
Pour bientôt y déceler avec le détachement que seule la joie peut offrir,
Par-delà la souffrance l'invisible du sens.
Il faut se baisser un peu pour le cueillir.
Mais jamais l'attraper, non, juste l'enlacer.
Il n'est pas question de prendre du recul, non.
Comme on le dirait avec l'air grave de celui qui prescrit, celui qui proscrit.
Cet invisible là est la fleur emmitouflée dans la touffe d'herbe.
Être assez humble pour savoir sur elle aussi regard poser.
Et avoir la chance d'entrapercevoir rien qu'une fois ce qui n'est pas le savoir, ce qui n'est pas l'expérience, ni l'intelligence, mais qui est partout dans l'air.
Certains l'appellent "amour".
Élixir de longue vie qui jamais ne rend sourd.