A propos de...


Ce constat sociologique de lutte des classes qui s'opère dans cette élection d'entre-deux tours est légitime, mais comme je le dis toujours, on ne peut pas analyser des enjeux que par son unique prisme. La réalité, elle, est complexe et n'a que faire du fétichisme idéologique.
Ainsi, on y trouve également le clivage modernité/souveraineté. Cela se traduit d'abord par l'idée d'adaptation au mondialisme ; alors certes, cela part d'une intention politique factuelle de se placer du côté des intérêts des plus riches, mais il s'agit au delà de cela d'une nouvelle philosophie qui consiste à inclure (Et non pas à exclure comme il en est question dans le marxisme) chacun dans cette nouvelle logique capitaliste qui s'approprie chacun des pans du monde. 

Il faut se pencher sur le portrait d'Axelle Tessandier, une des porte-parole d' "En marche !", pour le comprendre. Elle qui, dans cette vidéo vente une conception de la spiritualité et de l'écologie comme colocataires sympas et pratiques dans la vie quotidienne du capitalisme. Nous avons affaire à la hipsterisation de la jeunesse française. 

Une jeunesse qui s'imagine qu'elle n'a qu'à s'adapter au capitalisme et à ses lois culturelles ou économiques pour espérer avoir un avenir, ou du moins survivre. (Ubérisation) Voilà exactement pourquoi la banlieue n'a pas voté PS ce coup-ci : Cette jeunesse n'aspire plus à panser les plaies de l'exclusion sociale ou même à la venger avec de l'antiracisme bon-teint ou de l'investissement dans les centres culturels de quartier. Elle veut du fric.
Et c'est le cas pour cette sociologie de jeunes dans son ensemble, -quelle que soit sa classe sociale- qui n'aspire plus à réguler quoi que ce soit, mais à y trouver son compte de façon ouvertement individualiste. 

A partir de là, -et c'est la deuxième idée qui est à rajouter à la lecture marxiste- la réconciliation nationale qu'Emmanuel Macron propose veut donc remplacer un héritage culturel français par cette culture capitaliste qui serait censée fédérer tout le monde. On remplace la sagesse hellénistique par le leitmotiv d'entreprenariat. C'est ce renoncement nihiliste à défendre quoi que ce soit ne s'inscrivant pas dans la défense des intérêts particuliers (Libéralisation totale, mais aussi discrimination positive prônée, ect. Une américanisation de la politique encore plus marquée.) qui évoque le vide sidéral vis-à-vis de Macron.

En définitive, la lutte des classes est un fait économique puisque les vainqueurs de la mondialisation sauvage demeureront évidemment toujours les mêmes. Mais elle tend à être dépassée par la culture capitaliste, qui veut inclure en elle toutes les classes sociales pour réduire à néant leur volonté de lutte insurrectionnelle au nom du self-made man. Les "digérer", en quelque sorte. A ce titre, il faut bien distinguer capitalisme économique et capitalisme culturel : Les politiques font passer la pilule du premier par le second (Une inclusion heureuse dans le modèle ultra-libéral) et cela, qu'on le veuille ou non, a des répercussions civilisationnelles.