C'est notre condition terrestre que d'être dans le jugement. A partir du moment où il y a émotions, il y a appréciation, sentiment de plaisir ou de peine (Kant) et ainsi jugement. Or le prisme des émotions est propre à cette dimension, c'est lui qui ramène sans cesse à l'égo, à l'individualité pour appréhender une chose. Les émotions se rapportent systématiquement au soi pour le protéger, quand l'amour, lui, se ramène à l'harmonie de l'univers tout entier pour nous la donner à voir à travers la beauté qui se matérialise, de temps à autre sur Terre... Et qui se matérialisera de plus en plus comme reflet de sa propre harmonie dans le monde.

Non seulement s'empêcher de juger ou nier qu'il y a jugement sous prétexte qu'il soit négatif implique un jugement de son jugement (Incohérence), mais ne fera que remettre à plus tard ce travail d'harmonisation et le décupler : Tout ce qui aura été refoulé au nom de "l'amour universel" reviendra comme un boomerang sous la forme d'une explosion de haine trop longtemps contenue. Alors, avant de singer la sagesse en enfilant l'habit trop grand d'un amour présumé, commençons par y tendre. La première étape de cela est sans doute l'acceptation de ce qu'il y a de négatif en nous ; l'humilité de reconnaître sa faiblesse, et en cela, être capable de la dépasser.