Je ne pense pas que la violence psychologique soit plus traumatisante que la violence physique. Au contraire, cette dernière, dans la mesure où elle porte atteinte à l'intégralité de la valeur d'un être dans l'intention de l'amoindrir ou même de la nier, (Mise à mort) constitue une plus grande régression. Une régression qui, parce qu'elle suscite la honte pour qui ne s'enferme pas dans un dogme ou possède un minimum de conscience du monde, est d'autant plus violente. Là où l'on a échoué à faire entendre la colère ou à faire valoir son point de vue par la parole, ne serait-ce que par l'insulte, les coups prennent le relais, reléguant une personne au statut de monstre ; et non pas d'animal, puisque l'animal n'use jamais de ses griffes ou de ses dents que pour se nourrir ou pour répondre à son instinct de survie face à la peur. La dimension utilitaire et instinctive de la prédation ne doit pas être confondue avec celle éminemment psychologique de la mégalomanie suprême, qui consiste à asseoir sa supériorité sur autrui de la façon la plus directe qui soit.