L es fleurs étaient disposées de part et d'autre de l'escalier de pierre comme pour vous acceuillir. Mais vous acceuillir sans fanfarre, comme l'on acceuille une âme que l'on n'aurait pas vue depuis longtemps, dans un silence complice où les mots seraient de trop, où les mots seraient trop faibles pour qualifier, pour labelliser quoi que ce soit.
Au milieu de la végétation humide et du lichen, elles ressortaient comme de petites gouttes de rosées irisées sur d'immenses lèvres ouvertes, feuilles tournées vers le ciel semblant elles aussi clamer votre venus dans un silence de fête. Disséminées entre les arbres et les arbustes, elles les paraient d'un peu de douceur, comme une trêve, un répit accordé à leur vert austère. Au dessus et en dessous, à gauche et à droite, l'anarchie de leurs pétales dansant sur leurs tiges rigides dans un ballet impressioniste.
Mais qu'y avait-il au bout de cet escalier ? On aurait dit apercevoir un monument de pierre, peut-être une relique grignotée par le temps... Et toute cette végétation qui y avait élue docmicile pour de bon.
L'endroit était abandonné, et peut-être n'y avait-il rien à voir au bout de cet escalier. Rien d'autre que des murs en ruine n'abritant aucun trésor, aucune esprit maudit ni aucun passé glorieux... Peut-être bien.
Mais cela seul suffisait à transmettre comme une espèce de quiétude, une espèce de calme qui n'avait pas besoin de narration pour avoir le droit d'exister, à quiconque aurait l'idée un peu folle de venir ici.
Et moi ? Moi, je l'ai eu, cette idée là. De me perdre, en pareil endroit.