Chaque matin, c'est la même sérénade.
Maman m'appelle à la cantonnade.
" Il est l'heure de se lever ! "
Et ses mains comme deux louches dans mon lit plonger.
Pour extirper mon petit corps, chenille dans son cocon.
L'extirper à coups de " Viens, mon mignon ! "
Mon petit corps chaud et humide...
Mais moi, je suis vide.
Il n'est que 8h du matin.
Moi, je suis livide.
8h, c'est pas humain !
Et maman qui se penche sur ma face décrépite,
Je revois ses deux ballons,
Deux énormes seins sur mon lit se pencher.
" Il est l'heure ", répète-t-elle, ses deux grosses lèvres bariolées,
Apposant un big bisou bien baveux sur mon front.
Pour sûr que ça me réveille !
Me voilà, avec la gente féminine, familiarisé.
Avec la gente féminine, et la confiture aux groseilles.
Je suis maintenant devant mes tartines, en train de comater.
Maman pose ses grosses fesses à côté de moi, pour me les beurrer.
Maman beurre mes tartines, de ses gros doigts boudinets dans des bagues de pacotille.
Et moi je me laisse faire, je sirote mon chocolat vanille
C'est mon lot de consolation, ou devrais-je dire mon gros lot !
Maman a deux gros yeux globuleux maquillés comme des fards d'auto.
On se regarde, comme un vieux couple...
Nos regards se croisent, et avec ma cuillère, dans mon chocolat, je fais des boucles...