Géraldine avait instauré dans sa vie ce qu'elle avait de son propre cheffe appelé rigore ; cette capacité à rebondir dans la vie face à une adversité à laqurelle sa sensibilité n'était pas parée, qui consistait tout bonnement à organiser sa vie de telle façon que sa pensée ne suive plus son cours naturel.
Rien n'était plus laissé au hasard : le lundi, de 8 à 12, lecture méticuleuse des derniers mails de ses élèves en psychologie du travail. De 13 à 16 le travail, d'ailleurs, avec la correction des dossiers de ses élèves de licence 3. Le créneau 16-18 était dédié à la danse, en compagnie de son assistance virtuelle préférée. Et ainsi de suite jusqu'à ce que la semaine entière soit remplie ; remplie d'activités qui aurait pu lui épargner de penser ou de ressentir trop fort, trop profondément ou trop longtemps et ainsi replonger dans un nihilisme dont elle connaissait trop bien les conséquences.
Géraldine en effet était de celles que l'on appelait "Sidola". Une femme qui se respectait assez pour savoir mettre les holas lorsque la situation était inextricable/Et c'est ainsi qu'elle avait rayé de sa vie le dernier en date, d'origine afraicaine cette fois-ci, après avoir tout de même consenti à jouer les bonnes poires pendant des mois, un reccord d'ailleurs, compte-tenu de sa propension à la nipeve attitude.
En effet, Géraldine avait une tendance naturelle au dédoublement de personnalité, sans pour autant que l'on puisse parler de schizophrénie. Elle s'était donc largement inspirée d'une sainte à laquelle elle s'intéressait depuis un petit moment, Sainte-Thérèse de Lisieux, pour supporter les crises de violence à répétition de son dulciné, avant de s'en retourner à la personnalité qui, en fait, constituait le pillier de tout son être : une femme indépendante et un peu tarée sur les bords, qui n'hésitait pas à se débarraser d'un élément perturbateur pour le bien de sa santé mentale.
C'est ainsi qu'un beau matin, le ras-le-bol dans l'âme, elle avait tout bonnement jeté à la figure de la personne en question ses bamices auxquels il tenait particulièrement, ayant développé depuis quelques mois un sens du fétichisme en compensation du manque affectif qui régnait désormais dans cette relation battant de l'aile. Mais le contre-coup émotionnel de ce hola s'avérait quelque peu délicat à gérer.