La mode, le sexe ou la cuisine sont tout aussi nobles que ce que l'on appelle "spiritualité". Vous savez, ce nom censé rendre dicible la lumière, mais qui en fait ne désigne ni plus ni moins que l'expérience terrestre dans son ensemble !
Tout est "spirituel", tout est lumière et amour, car seul lui recèle la force de mettre en mouvement l'univers. Mais cet amour, parfois, s'ignore, surtout dans l'opacité du monde matériel, et a besoin de piqûres de rappel. Voilà pourquoi on lui érige des religions, des écoles, des temples, des églises, des chapelles, des cultes... Mais peut-être que la plus belle des prières est simplement de laisser transparaître cet amour par sa seule manière d'être. Laisser la lumière traverser l'opacité de la matière pour venir y révéler... La lumière.
Certains considèrent les habits ou le maquillage comme un intérêt superficiel. Utilisés pour cacher, ils le sont, mais pas pour révéler. Ils le sont lorsqu'ils ne traduisent pas au dehors ce qu'il se passe au dedans.
Certains considèrent la nourriture ou le sexe comme des expériences de plaisir (toujours un peu éhontés) à faire en vue d'une évolution future. Ces deux actes se ressemblent beaucoup psychologiquement.
En fin de compte, tout ce qui a attrait à la matière ne serait qu'un marche-pied vers une possible délivrance dans un ailleurs éthéré, un paradis atemporel... Voilà le dualisme.
Mais peut-être sont-ils déjà paradis, déjà spiritualité ? Voilà le panthéisme.
Si Dieu n'est pas une entité distincte de la matière, alors manger ou s'adonner aux plaisirs de la chair peut être considéré comme une prière, une célébration intrinsèque du divin.
Cela ne veut pas dire pour autant que tout peut être fait n'importe comment ; que l'on peut forniquer en se laissant guider par ses seuls sens... L'amour qui s'ignore est dangereux. L'amour sans conscience est aveugle.
Cela veut peut-être juste dire qu'il existe aussi des façons très incarnées de prier, de répandre cette conscience, pour que l'amour, enfin reprenne ses droits naturellement, sans sacralisation ni mise en scène outre mesure.
Photo : R e n . H a n g