Il est tout simplement étonnant que l'homme, dans une sorte de marche en crabe, par tâtonnements maladroits, puisse, de proche en proche, s'acheminer en direction de la vérité. Il est incroyable que, d'approximation en approximation, d'erreur en erreur, ce biais ne l'entraîne pas définitivement dans le fossé des confins du non-sens. Toutes les pistes ne sont pas trouvées, mais le jeu, pourtant, tient toujours. Le pacte est tacite, certes, mais scellé.
C'est comme si tout l'univers conspirait à ce que nous puissions découvrir ses lois ; nous pardonnant pour ainsi dire nos écueils. Comme un professeur regarde trotter l'élève devant lui pour qu'il apprenne de ses erreurs jusque dans sa chair, l'univers nous regarde errer un temps, sans jamais nous perdre de vue pour autant. C'est que chacun de ses cul-de-sacs épistémologiques comporte une issue. Le labyrinthe se révèle être une spirale.
Peut-être dira t-on que cette remarque est une fable, de la poésie bien naïve pour parler de sciences en ces termes. Cette personnification de l'univers est sans doute poétique. Mais peut-être est-ce là la recherche : la poésie et son assurance frêle, une manière esthétique de claudiquer vers la lumière.