
Les
arabesques aniconistes et autre géométrie sacrée non-figurative que
l'on trouve dans l'art musulman jettent le tabou sur la représentation
de Dieu et en conséquence sur sa manifestation dans la matière, la vie.
Cet art plaide le réductionnisme de l'image et la vanité de l'homme
qu'il y aurait à pénétrer la source du vivant. Cela rejoint l'approche
taoïste faisant du tao quelque chose d'ineffable, d'invisible non
seulement pour l'entendement humain, mais encore invisible
à lui-même. En effet, chez les taoïstes, la source, c'est le vide, ce
qui fait écho au champ d'énergie du vide décrit par la physique
quantique, champ d'énergie encore non densifiée que les grecs appelaient aussi "ether". S'il n'y a rien à
représenter, c'est peut-être parce que Dieu est matérialité en
puissance. Il n'y a rien à représenter car, même si à l'échelle
universelle, le temps est une illusion, l'échelle terrestre renfermant
notre vie d'êtres humains ne nous permet pas de présager de ce que cette
force sortira de son chapeau : c'est l'indétermination quantique, au
sein de laquelle l'électron n'est plus une particule facilement
identifiable qui gravite autour d'un noyau, mais un nuage de
probabilités.
Par delà
l’idolâtrie et l'anthropocentrisme dont veulent nous préserver ces
approches, l'une par le tabou, l'autre par le tao, peut-être nous
offrent-elles un cadeau plus grand encore : une porte entrebâillée sur
le mystère, donc l'infini.