Fabuleux paradoxe que d'être comédien : les fêlures que chacun s'applique à maquiller au quotidien avec pudeur ou orgueil sont exhibées dans le clair-obscur de la trame d'une histoire. Tout ce qui peut susciter la moindre gène en temps habituel, il le crie pour nous, à gorge déployée. Les pensées inquisitrices sont aboyées, et les émotions hypnotiques, incarnées dans une tempétueuse catharsis. Etre comédien, c'est nous dire à nous autres sans ciller "Voici venu le temps du serment de vérité".

Fabuleux jeu de cache-cache avec l'égo que celui auquel se prête le comédien : il crève l'écran, ose imprimer l'espace temporel sacré qu'on veut bien lui consacrer du sceau de sa sensibilité la plus intime, celle qui flirte avec les névroses... Pour mieux avoir l'humilité d'incarner nos plus grands malaises, nos plus grandes détresses, même les plus pathétiques et les plus inavouables ; il nous livre l'inconscient sur un plateau d'argent.

Extrait d'une pièce de théâtre excellente vue à Toulouse récemment : Lucifer descend sur Terre pour secouer les humains et les extirper de la léthargie de la consommation. Ce que l'on nous présente comme le mal est le crime de subversion commis par l'ange déchu aux allures d'anarchiste. Dans cette oeuvre, rock et théâtre cohabitent pour donner à penser l'ère de la modernité avec un esprit critique de dandy désabusé ; un ton désabusé, mais non moins tendre pour autant...
Désolée pour la qualité de son médiocre. 

Voici la compagnie toulousaine en question: 
À suivre de près...