Féminisme, droits de l'homme, accès au développement technologique...  Autant de notions revendiquées par nous-autres, occidentaux, à l'égard  des peuples pour les aider à devenir moins arriérés, vous comprenez.

La  liberté est prônée, parfois pour des raisons humanitaires, d'autres  fois pour des raisons purement géostratégiques. Dans tous les cas, cela  interroge sur la latitude de manœuvre culturelle qu'est censée octroyer une  culture à une autre. Ou placer le seuil de tolérance d'un peuple  vis-à-vis d'un autre ?

Peut-être bien nulle part.

Peut-être faudrait-il laisser cheminer un peuple vers sa propre destinée ; vers sa propre liberté. S'approprier lui-même ce qu'il tend à découvrir de la liberté par son propre prisme sensible, 'voyez. 

Le  danger se situe dans le fait, en sensibilisant un peuple à la notion  d'individualité, d'annihiler sa propre substance, ce que d'aucuns  appellent "identité". Occidentaliser un peuple pour le rendre plus libre  ? Dites plutôt tout de suite que vous voulez le coloniser une énième  fois.

Le progressisme érigé en étendard de ce qu'il serait de bon ton pour un peuple. 

Est-ce progressiste que d'imposer le progressisme ? Et surtout, comment au sein d'une culture donnée vivre sa libération individuelle autrement qu'au travers du prisme occidental ? 

L'acculturation,  en dépit des polémiques alimentées par les obsessionnels ou les paranos  s'opère par contamination d'atmosphère ; du côté des "accueillants"  comme des "accueillis". Mais la question est beaucoup plus délicate  lorsqu'il s'agit de relations personnelles, lorsqu'il s'agit de  cohabiter étroitement avec quelqu'un qui adhère, que ce soit revendiqué  ou non, à une autre panoplie de mode d'être au monde. Car, même avec tout  le libre-arbitre du monde, on ne reste jamais qu'enchaîné à certains  réflexes environnementaux.

Qu'en est-il de la tolérance lorsque  vous devez intégrer ou à défaut tolérer dans votre sphère intime des  principes qui outrepassent vos croyances ?

Richesse, oui, mais  aussi décalage nécessitant des réajustements dans l'écoute que peu de  couples auront la patience d'opérer au quotidien. Les codes demandent à  être traduits. Les sensibilités langagières, culturelles et même  raciales demandent à être appréhendées, à défaut d'être toujours  ressenties. Mais au fond, tout est affaire d'âme. Car l'enjeu, par delà  les affaires de barrières communicatives et d'égo est de retrouver cette  connexion d'âme à âme à l'origine de cette union ; lorsqu'elle fait  l'objet d'un choix et non d'une convention !

Quoi  qu'il en soit, l'accélération du métissage à l'oeuvre avec la  technologie n'est pas anodine ; invitation à rassembler tout ce qu'il  peut y avoir de plus lumineux dans la diversité des races et des culture  autour de la grande table de l’ascension de l'humanité.