Stricto sensu, ce que l'on désigne par le mot "matière" n'existe pas. Les noyaux des atomes ne se touchent pas, et même en considérant l'amas d'atomes qui forme une molécule, si celui-ci s'apparente bien à de l'énergie cristallisée, force est de constater qu'il recèle beaucoup plus de vide que de densité à proprement parler. Mieux, en plus d'être constituée en bonne partie de vide (informé néanmoins), une molécule est foncièrement instable ; sa composition est soumise à l'aléatoire quantique de la gravitation des électrons autour du noyau atomique et elle mute au grès des flux d'échange d'électrons entre les atomes que l'on appelle "réactions chimiques". Ainsi, les noyaux des atomes, qui recèlent presque toute leur densité, sont comme en apesanteur dans le champ du vide de Planck. Ils sont suspendus dans l'espace-temps quand autour d'eux se déchaîne l'instabilité des fluctuations quantiques.
La porosité et l'évanescence que l'on ressent au contact de certaines textures ne sont pas des sensations illusoires, fantasmées. Nous éprouvons la réalité de la frontière changeante entre les atomes. Et les liens entre les atomes, ces petits riens, ces îlots densifiés, en dépit d'une "matière" qui en impose, ont une solidité toute relative. 
Le contact de peau à peau que nous recherchons s'inscrit peut-être là dedans ; nous cherchons à éprouver, expérimenter la ligne ténue entre nos atomes, entre nos êtres. A échanger nos électrons comme autant de particules d'énergie qui nous informent sur l'autre. Cette attirance instinctive des corps témoigne d'un état de perpétuelle fusion avec l'environnement par delà son apparence hermétique, et questionne la nature purement animale du désir et l'évidence de la monogamie.