C'est ce matin que le drame s'est produit. 

Je n'ai, non, je n'ai pas pu profiter de ta chaleur, 

Si familière, celle qui me réchauffait autrefois le coeur... 

Cette chaleur un peu ouatée, déposant ta vapeur délicate sur mes yeux encore endormis. (Je suis pas du matin)

Mais c'est le coeur lourd que je prends aujourd'hui la plume.


Ce matin, en effet, il manquait à l'appel ta texture, ta substance de miel. 

Ce matin, il n'y avait plus de laine qui tienne. 

Alors voilà quoi, j'ai fait sans, vaille que vaille ! 

Regrettant par ce froid de canard sa douce maille... 


Oh rage, oh désespoir ! Dieu sait que j'avais l'air hagard. 

Mais que dis-je là, mes mots ne seront jamais assez forts, 

Pour décrire ce profond sentiment de tristesse qui m'habitait ce matin,

Les oreilles à l'air, comme ça, déboulant dans le froid, 

C'était comme d'avoir le cul à l'air mais en un peu moins gênant, 


Alors me voici, me voici présentement, 

Plongé dans le noir, 

Sur mon lit à l'abri des regards. 

Je respire à fond, contracte mes muscles uns à uns pour tous les relâcher, 

Faire le vide en moi...

Un profond sentiment de bien-être m'habite désormais. 

Je suis to-ta-le-ment CALME !


Et je visualise les délicieux moments passés ensemble,

Et aussi de cette joie si joyeuse, ressentie à ton contact si laineux.

Je visualise en détail ce rituel, ce doux rituel du matin, quand j'enfilais ta capote sur ma gueule enfarrinée avant de partir au travail... 

Tu me protégeais du froid comme une louve couve ses petits. 

Et n'as même pas bronché lorsqu'une souris morte chassée par mes soins a entâché ta belle couleur rouille. 

Tu n'avais pas peur d'affronter le froid pour moi, et luttais contre les bourasques de toutes tes mailles !


J'ignorerais sans doute jusqu'à mon dernier souffle la raison de ta disparition, 

Aurais-je fais un mauvais pas, quelque chose ayant pu causer quelque contrition ? 

Ou peut-être t'es-tu enfuit ? 

Ne crois-tu pas, ne crois-tu pas que l'amour peut faire peur, parfois ? 


Toujours est-il qu'en posant ces mots sur le papier j'ai la gougoute à l'oeil, 

Alors je m'arrêterai aussi simplement que j'ai commencé cette humble prose, 

Oui, je m'arrêterai ici simplement,

Pour te dire, cher bonnet, 

Merci... et bon vent !