Magalie était pressée car elle avait rendez-vous. Rendez-vous sur cette plage, où les pêcheurs s'activaient déjà, au petit matin. Elle se dépêchait, un pied devant l'autre dans le sable ocre, son talon s'écrasant dans la matière humide et fraîche. Un pied devant l'autre, vite, vite, pour rejoindre le capitaine du bâteau qui l'emmènerait à bon port, c'est certain. 

Quatre îles au compteur aujourd'hui, oui, quatre ! Une île après l'autre, oui, elle aurait le temps de toutes les faire, toutes, ces îles, de les enfiler, toutes ces perles. La Croatie n'attendait pas. 

Et voilà que son hôte était arrivé, le voici, avec sa chemise toute blanche, assortie à ses chaussures et à ses dents. Et un verre après l'autre ils discuteraient le bout de gras, sur ce yacht qui voguerait, oui, voguerait sur la mer azur. Un kilomètre après l'autre, dans le ronron du moteur puissant, pour atteindre la rive de l'île, puis de la seconde, puis de la suivante, et ainsi de suite. 

Sur ces îles ils achèteraient, oui, achèteraient glaces, paréos colorés et cartes postales de papier. Un paquet après l'autre, ils collectionneraient. 

Et la mer azur resterait, elle, resterait telle qu'elle était, se foutant de qui fait quoi. Se foutant du désarroi. La mer n'en n'avait que faire. Miroir magnétique reflétant chaque jour que Dieu fait le bon vieux ciel clair.