Orange était la couleur des briques de ces ruelles du vieux Toulouse, désormais gorgées de Kebabs pour les oiseaux de nuits estudiantins, serpentant vers la Garonne. Immeubles au cachet qui ne restait plus à être évalué par un quelconque promoteur immobilier en costume-cravatte. Assurément, le charme des petites cours et des corniches surmontant les hauts murs de ces bâtisses de la Renaissance n'était plus à démontrer, même si Toulouse n'était pas Bordeaux, et que Bordeaux d'ailleurs, n'était pas non plus Paris ! Restons réalistes sur le prestige de cette grosse bourgade de province, qui, par chance, avait pu se développer sur le dos de l'aéronautique puis de l'oncologie.
Tout le monde parait Toulouse de ce nom surfait de "ville rose", mais rien pourtant, en fin de compte, de rose, à Toulouse, il n'y avait rien. Rien n'était rose dans ce gros village industriel, pas plus les visages de sa population métissée et cosmopolite que ses bâtisses, qui, quand elles n'étaient pas de ce gris sale fonctionnel vaguement corbuséen vous éclatait cet orange à la tronche, comme pour vous rappeler les origines profondes et moyennâgeuses de toute ville qui ne soit pas juste une ville-dortoir résidentielle. Comme pour vous rappeler que toute ville digne de ce nom s'est construite sur une histoire, qui, aussi douloureuse soit-elle lorsque l'on pense aux massacres cathares à Toulouse, fait sens.