Je
suis au contact de pas mal
d'artistes et me rends compte que leurs défaillances dans des domaines
qui
relèvent de l'entendement (synthèse des éléments d'une expérience
empirique) ou de la raison (deuxième synthèse subsumant la première par
rapport à des principes universels) ne portent
absolument pas atteinte à la dimension intéressante de leur art :
Intéressante
non seulement par la subtilité de l'emploi de la technique que cet art
requiert
(capacité d'adaptation en vue d'une esthétique), mais encore par leur
degré d'innovation et de prise de risque. (dimension expérimentale de
l'art)
Ces personnes me fascinent souvent, car sans avoir à passer par les
rouages de
la grosse machine entendement-raison elles arrivent à retranscrire des
choses
qui sont souvent de l'ordre de l’indicible, tant elles touchent au
particulier
d'un contexte, d'une émotion, etc. (idiosyncrasie) Ces personnes sont
parfois
aux prises avec la complexité de la réalité que nous percevons, mais
l'expriment autrement, pas à travers le filtre de la réflexivité. C'est
entre
autres l'existence de cet autre chemin qu'elles empruntent vers la
compréhension (celui de la créativité) qui me porte à penser qu'elles et
même
que nous canalisons des informations venues d'autres plans de conscience
: par l'expression féconde et créative d'idées venues d'ailleurs, nous
serions tous médiums.
Autres exemples, la mode ou le bon goût : des personnes, sans avoir à se poser
aucune question existentielle, seront touchées par une grâce qui les mènera à
trouver intuitivement ("au feeling) la bonne adéquation entre des éléments hétérogènes. Si
cette compétence relève de la fluidité d'un mécanisme d'association d'idées,
elle recèle également un rapport à l'esthétique harmonieux que l'on pourrait
appeler je pense "résonance avec la cohérence de l'univers", et qui
ne relève ni de l'inné (intelligence analytique), ni de l'acquis. (capital
culturel et environnement plus ou moins épanouissant)