La musique, paradoxalement, dans l'abstraction de ses notes, est beaucoup plus évocatrice que la littérature, si fine soit-elle. La juxtaposition des notes, narration de la vie, nous permet une identification optimale à ce qu'elle peut bien raconter et ceci s'explique de façon peut-être assez simple. La lecture procède d'un phénomène de décalage cognitif : le cortex auditif, celui qui attribue un sens à ce qui a pu être vu, ce qui a pu être lu, a une action postérieure à la lecture elle-même par le cortex visuel. Ce phénomène de décalage, ajouté à un certain isolement du reste du monde que conditionne la lecture, rompt le flux de la vie. La musique est peut-être ainsi à considérer comme une appréhension directe et spontanée d'une narration de la vie dans son process cognitif qui ne mobilise qu'un seul cortex et en ce sens entre en parfaite cohérence avec la nature de cette dernière.