Elle voyageait léger dans la vie. Pas d'enfants, pas de travail stable, pas de mari.
Elle voyageait léger dans la vie, une table, un canapé et un lit.
Son imaginaire occupait déjà tout l'espace.
Pour éviter qu'elle ne se tracasse,
Avec quelque pensée logistique,
Oui, elle voyageait léger, bohémienne excentrique.
Un jour qu'elle furetait dans une forêt,
Sac à dos, bouteille d'eau et duvet,
Elle perdit son chemin.
C'est dans la campagne italienne qu'elle perdit le nord.
Elle qui voyageait toujours sans boussole, et encore moins avec des machines,
Elle qui se guidait avec les étoiles,
Elle qui lisait la nature comme certains savent déchiffrer d'obscurs codes informatiques.
Elle... était perdue.
C'était un homme, qui l'avait troublée.
Un homme, qui lui avait brisé le coeur.
Un homme, qui l'avait laissée.
Et voici que pour la première fois, elle si indépendante, se retrouvait comme une fleur.
Prise dans les tenailles de ses pensées.
Elle était perdue à la vérité dans le brouillard d'un sentiment inconnu.
Quelqu'un avait, pour la première fois, touché à sa vulnérabilité.
Quelqu'un avait su, par sa désinvolture, la blesser.
Elle, animal sauvage et même carnassier,
Ne savait plus sur quel pied danser.
Elle se mit à pleurer très très fort.
Pour la première fois, comme l'on crie à la mort.
Et pleurant, pleurant de rage et de désespoir,
Elle fit germer des fleurs sur ses pas.
Des fleurs sombres, papillons noirs,
Jaillissant dans son sillage,
Elle continuait d'avancer en plaurant, vers une destination inconnue,
Jusqu'à ce qu'elle s'écroule de fatigue à la tombée du jour venue.
On la retrouva le lendemain matin.
Une poignée de randonneurs avaient remonté le sentier de ces mystérieuses fleurs.
Des fleurs qui entre-temps s'étaient parées de couleurs.