" La réalité sous-jacente du monde est géométrique, continue, et donc seulement en partie définissable dans les unités discrètes, discontinues, de l'arithmétique. "
Kepler, Le mystère de l'écriture du Cosmos
La musique nous révèle que la structure de l'univers n'est pas de nature discontinue et chiffrée, mais continue et géométrique.
Pythagore considérait que les chiffres, en tant que codes-source de la beauté et de l'intelligence de la configuration de l'univers, en constituaient les fondements. A chaque élément de la nature correspond un chiffre et c'est ce chiffre qui façonne la forme de toute chose.
Mais Kepler, en mettant en lumière la nature continue de la musique, a mis le doigt sur un enjeu fondamental de la structuration de la nature. La musique, qui puise son sens dans l'interaction qu'entretiennent des notes de musique entre elles à travers leur jeu, est quelque chose de profondément liquide, étirement du temps constellé par ces notes. Elle l'est d'autant plus que les notes en question sont des ondes, non des particules, et que lesdites ondes sont des pulsations se prolongeant à travers l'espace, et à travers le temps.
La musique serait ainsi à considérer comme un dessin dans le ciel du champ de Planck, dont l'harmonie découle précisément de son tracé. Et il en est de même pour chacun des arts : l'harmonie géométrique d'une figure de danse en un lieu et un temps d'une création donnée, reproduction holographique elle-même de la toile de l'espace-temps, etc.
Les chiffres ne sont là que pour rendre compte, pour ainsi dire en la codant, de la complexité de la grande structure de l'espace-temps et des lois qui en émanent pour nous la rendre commensurable. Mais cela ne sera toujours que partiel, car des codes ne sauraient être que des fragments de cette grande matrice. Et même lorsque ces codes se juxtaposent en équation, faudrait-il encore que cette équation ne connusse aucune limite. Au croisement des sciences et de l'art, nous avons donc la géométrie, la seule discipline capable de faire la jonction entre ce qui est pensé et ce qui est ressenti. La seule discipline capable de mettre de la signification dans la beauté et de la poésie dans la mécanique du monde. C'est par elle que nous remettrons de la continuité entre toutes disciplines et en fait toutes choses pour remonter plus loin que jusqu'à leur signification scientifique. Jusqu'à leur sens.