Un coût de la vie élevé engendre la soumission : chacun est matériellement et socialement contraint de travailler toute la journée à raison de 5, 6 à 7 jours par semaine pour toucher une rémunération qui fondra comme neige au soleil sous le poids des taxes et des marges des multinationales. L'ubérisation est l'institutionnalisation de ce mécanisme pervers. Une rémunération qui semble calibrée pour faire entrer chacun dans le moule d'une vie qui laisse le moins de temps possible à la réflexion de fond, à la créativité ou tout simplement à l'exploration de nouveaux horizons. Le consumérisme et la culture des réseaux sociaux ont vocation à les remplacer, rapidement accessibles.
Les gilets jaunes s'opposent à la hausse des prix des carburants pour ralentir la fonte de leur maigre salaire. Ils revendiquent le droit de pouvoir perpétuer leur train-train travail/consommation sans être inquiétés de rien.
Sûrement obtiendront-ils gain de cause. Sûrement gagneront-ils un peu de temps sur l'accélération de la hausse du coût de la vie en France. Mais à long terme, chacun sait qu'elle est inexorable, car tout gouvernement a intérêt à faire en sorte que son peuple vive pour travailler en contrebalançant les aides sociales par la taxation et en maintenant les marges des multinationales. Car pendant qu'il est occupé à travailler, il ne pense pas à vivre. D'ailleurs, il ne pense pas du tout, réduit à la reproduction du système de production capitaliste à la manière d'une colonie d'insectes.