Réquisitionner des logements vides ou se servir dans les rayons lorsqu'on n'a pas un rond n'est pas du vandalisme. C'est une remise en circulation de la richesse qui avait été emprisonnée dans les rouages monopolistiques du capitalisme que l'on appelle poliment "néolibéralisme". Au même titre que l'Etat n'invente jamais rien en accompagnant, en institutionnalisant des tendances déjà présentes dans la société civile avec le tissu associatif, il n'y a rien à attendre de lui non plus en matière de justice sociale. Car il arrive un moment où le déséquilibre au sein d'une population entre pauvreté et abondance est tel qu'il justifie de se passer d'une médiation jusqu'alors inefficace de l'Etat pour le désamorcer. Il ne s'agit pas d'un coup de force revanchard qui trahirait une frustration matérielle, mais d'un rétablissement de l'ordre qui va puiser sa légitimité dans la loi universelle de l'équilibre pour jaillir du peuple plutôt que d'une autorité qui n'a souvent de suprême que le nom. Puisse l'équilibre être retrouvé au sein de cette diversité de pouvoirs naturelle qu'il ferait bon d'accueillir.