La mode est cyclique. Après l'expérimentation du surréalisme qui faisait
passer de la provocation (souvent politique) pour de l'art, nous
assistons à son come-back avec la "noize music" ou le cinéma destructuré
de Terrence Malick ; juxtaposition ma foi pas désagréable d'images de
cosmos et autres rêveries fantasmagoriques... Mais sans réel scénario.
L'expérimentation non plus comme outil de la provocation, pavé dans la
marre, clef pour ouvrir les portes d'autres champs du possible
; l'expérimentation comme fin en soi, qui contient en elle-même tout
son sens, sa légitimité. Le tâtonnement comme question et comme réponse.
Mais peut-être que lorsque la création se fait trop chaotique, et que
toutes ses interprétations deviennent interchangeables, est-il bon de
remettre l'expérimentation à sa place, comme on le ferait avec un enfant
: l'ingrédient d'une oeuvre parmi tant d'autres, qui lui confère
l'audace sans la faire dériver vers la névrose pour autant. L'art, s'il
peut se nourrir des obsessions, est profondément cathartique et se fait
l'écho de l'harmonie et de la beauté.