Si les religions tournent souvent au fondamentalisme, ça n'est pas que pour des questions d'instrumentalisation politique. C'est aussi parce qu'elles ont comme fondement l'intention de vouloir s'approprier la vérité -ce qui est déjà prométhéen et malsain en soi dans la mesure où celle-ci ne saurait être possédée mais seulement approchée- sur ce qui relève de l'enjeu le plus brûlant qui soit lorsqu'on commet l'erreur de l'appréhender uniquement sous un angle émotionnel : Le sens de la vie.
Les religions peuvent aussi mener à la spiritualité, à savoir ce que Kant appelait la vérité en elle-même (noumène), dépouillée des représentations rassurantes sur ce que soi ou le monde adviendrait. Mais uniquement lorsqu'elles s'inscrivent dans des pratiques de contemplation de cette vérité, et non d'adoration du doigt qui la désigne. Plus l'on ressasse cette question de la précipitation de l'univers dans le chaos de la finitude, plus la peur grandit et nous enferme dans un émotionnel à vif, à bout de souffle. 


Tout comme les religions peuvent être des projections de nos peurs, nous avons importé d'autres dimensions des symboles, des créatures, des histoires, des concepts et des fonctionnements politiques dont la précision de la représentation (bien que par bribes), la constance et la similarité par delà les cultures et les races seraient à mettre sur le compte de l'imaginaire ou de la raison athée qui elle-seule serait en mesure de rendre compte de l'universalité car provenant de la toute-puissance de l'homme.