Ce terme de "développement" que l'on voit fleurir un peu partout
-développement personnel, développement informatique, développement
durable, ect- est le produit de la logique de croissance économique qui
s'étend à l'ensemble des domaines de la vie pour en faire des domaines
de productivité ou de rentabilité exclusifs. L'infiltration de cet
utilitarisme a pour mot d'ordre les notions d'ajout et d'extension, dans
la mesure où ces dernières sont systématiquement considérées comme du progrès.
Oui, mais un ajout de quelle nature ? Là est toute la question. Mettre
des termes complexes sur un concept plutôt binaire et simple ne
restituera par exemple pas correctement son sens précis. Quand le
libéralisme prône une infinie extension des droits, qu'ils s'apparentent
au domaine sociétal ou économique, la logique de croissance applique le
principe d'extension à tous les autres pans de la société, de sorte que
libéralisme et logique de croissance soient intimement liés.
Ce
qui vient donner un sens à un objet, une chose, une personne ou à un
projet n'est pourtant pas forcément sa croissance. Il peut exister une
vieillesse épanouissante ou une stagnation salvatrice, qui peut par
exemple inciter à prendre du recul sur un projet sans le poursuivre pour
autant ensuite après réflexion. On a donc trop tendance à confondre
doctrine de croissance effrénée avec cette règle fondamentale de
changement lent, "naturel", que l'on observe dans l'univers. L'une tend
vers l'optimisation, l'autre vers l'évolution.