PARTIE 1
Ca y est, j’y étais presque ! Encore quelques marches et la liberté m’attendait. J’étais à bout de souffle. J’aurais presque pu trouver la scène belle, avec ce clair de lune, si la douleur n’avait pas été si vive… Mais comment est-ce que j’avais fait mon compte, au juste, pour me retrouver avec une aile dans un pareil état ?
Je me souviens être revenu de ce long périple, avec mes pairs, ce long périple vers le sud… Après un bref arrêt sur une berge en Italie, pour prendre une bouffée d’air, nous avons repris de plus belle ! Et c’est là que les choses ont commencé à dérailler… Je planais lorsqu’il fallait piquer, et volait parfois beaucoup trop bas, et un jour que je planais, pas seulement dans les airs, mais aussi dans ma tête, je me pris un arbre en pleine face. Oui, en pleine gueule ! Et j’ai perdu le Nord. Perdu la trace de mes congénères, de la nuée que nous formions tous ensemble…
Hébété et mon aile devenue si faible, je fus obligé de faire une halte quelque part pour la reposer un peu… Pour me réveiller le lendemain dans un nid de fortune, au beau milieu d’un jardin public… Encore un miracle que le buisson qui se trouvait là m’ait protégé de la vue des prédateurs ! J’apercevais les premières lueurs du soleil, à travers les feuilles du bosquet. D’un vert chatoyant, elles m’annonçaient la bonne nouvelle : Non, je n’étais pas mort. Mais je les avais définitivement perdus, mes camarades, c’était désormais certain. Il ne me restait plus qu’à descendre de cet arbre pour aller chercher de quoi remplir mon estomac. Je trouverais bien quelques miettes pour survivre, au bout de cet escalier, au moins le temps de me remettre… Il n’y avait jamais de vers à se mettre sous le bec sur les arbres des villes…