Un câble de téléphone, bon tout l'monde en a besoin. 

Quatre magnifiques et bariolés caleçons,  

Six chemises de gala, pourvu qu'il en prenne grand soin !

Trois chics pantalons, c'est-il pas mignon ? 

Un cadennas, pour les rats qui passeraient par là. 


C'est qu'il dormira dans un dortoir, 

La veille et l'avant-vielle du grand-soir ! 

Sans oublier son cahier de partitions, 

Qu'il traînait joyeusement depuis des mois aux répétitions. 

Après tout, dormir dans un dortoir n'est pas si grave, 

Lorsqu'on est en bonne compagnie.

Il ne faut pas être bien brave, 

Pour prendre part aux idioties, 

De ses collègues de chambrée. 

Ivres de bonheur et aussi, quand même, un peu d'alcool, 

Dans leurs costumes de fête, endimanchés, 

Chanteront, chanteront comme des casseroles, 

Chanteront à tue-tête des trucs vulgaires, 

Chanteront à tue-tête avant la mise-en-bière !


Un joyeux nauffrage sur le matelas,

Un sommeil comateux après la douce victoire, 

D'un concert réussi, non sans quelques déboires.

Les déboires habituels de tout travail de groupe. 

Mais un groupe plus que soudé, 

Après tant, tant d'années !

Un groupe que l'on pourrait maintenant nommer : "troupe"

Troupe, oui, et pas simplement orchestre, 

Troupe d'artistes, qui ne sont jamais en reste, 

Pour ne jamais, jamais se contenter, 

De reprendre des classiques avec dextérité. 

Non, ces petits génies ont décidé de créer, 

Les limites de l'académisme transcendées !


En cherchant son carnet de notes, c'est alors qu'il tomba, 

Sur une photo de sa génitrice,

Elle traînait, là... 

Balaya d'un regard las son visage rondouillet, son sourire lisse,

Nathanaël avait reçu l'héritage de parents, 

Qui ne s'étaient jamais intéressés véritablement,

A ce qu'il pouvait bien faire de sa vie, au demeurant... 

Alors, de cartons d'invitations, dans ce sac, il n'y en aurait pas. 

Il zippa son sac, saisi son violon et s'éclipsa.