Martin avait l'habitude depuis quelques années maintenant d'assister aux essais performatifs de cirque des étudiants du Lido, cette école de cirque assez spéciale en son genre, subventionnée par la mairie de Toulouse pour quelques obscures raisons politiques probablement. 

Les étudiants se livraient donc chacun leur tour à des performances, d'un goût qui aurait pu en interpeller plus d'un, élaborant des histoires plus ou moins poétiques ou grotesques autour d'un trapèze, d'un trampoline ou d'une simple assiette chinoise. Chaque mercredi soir, en entrant sous le chapiteau, il n'avait pas la moindre idée de ce que les étudiants allaient improviser, sur quelle musique saugrenue ils jongleraient ou à quel moment il se retrouverait nez à nez, le soufle court, la bouche au bord du coeur face aux murmures sensuels d'une trapéziste espagnole. 

Non, il n'avait pas la moindre idée de la beauté ou du degré d'ennui qui seraient au rendez-vous ce soir là. Et c'est précisément la raison pour laquelle, contrôle qualité pour Décathlon qu'il était à la vie des plus imprévisible, il s'efforçait de revenir chaque semaine, faisant de ce chapiteau une lucarne sur le monde.