Le fado est viscéralement un chant résolu, Barbara, qui s'en est largement inspirée l'avait bien saisi.
Il respire un amour entier, celui qui ne fait pas les choses à moitié. Un amour puissant, mais aride, qui ne feint pas la dignité, cette fierté méditerranéenne inspirant respect, si ce n'est crainte. Autant dire qu'à côté des motrones vêtues de noir qui entonnent le menton volontaire et les yeux clos de passion, n'importe quelle citoyenne de l'ouest-centre de l'Europe au mieux fera pâle figure, au pire se fera passer pour une midinette impudique et américanisée.
Le fado se chante droit dans ses bottes, le buste redressé et la tête haute sinon rien ; une leçon aux féministes flasques et gémissantes de France et de navarre. Il relève d'ailleurs moins du chant que du théâtre, que ce soit dans la mise en scène de la musique en question ou dans la façon dont la voix elle-même est posée sur quelques accords de guitare ; cette voix non seulement est posée sans fioritures, mais plus encore elle se pose là et impose le ton aux musiciens. Peut-être en ce sens peut-on dire que le fado relève moins du chant que de la posture, sans toutefois être une imposture !